Le leader d’Ansarullah accuse de malhonnêteté les négociateurs saoudiens. HRW accuse Ban d’avoir capitulé sous la pression de Ryad.
Le quotidien britannique Telegraph a fait état de pressions diplomatiques sur les Nations Unies pour qu’elles ôtent la coalition dirigée par l’Arabie de sa liste noire de pays et organisations qui tuent des enfants dans les conflits.
Plusieurs militants des droits de l’Homme se sont indignés vu que l’ONU s’est soumise et s’est pliée aux pressions internationales, rapporte Telegraph.
Citant des diplomates, l’agence yéménite Khabar a révélé que l’Arabie et plusieurs pays occidentaux ont menacé de suspendre leur contribution financière aux programmes de l'organisation internationale et d’entraver le cours du processus de paix à Koweït.
L'ONU a cédé lundi à la pression de l'Arabie saoudite en retirant la coalition militaire menée par Ryad contre le Yémen de sa liste noire.
Selon le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, l'ONU et Ryad vont "revoir conjointement" le contenu du rapport qui accuse la coalition.
"En attendant les conclusions de cette révision conjointe, le secrétaire général de l'ONU (Ban Ki-moon) retire la coalition de la liste annexée au rapport", a précisé le porte-parole.
L'ambassadeur saoudien Abdallah al-Mouallimi s'est immédiatement réjoui devant la presse de cette décision qui "donne clairement raison à l'Arabie saoudite et à la coalition".
Il a déclaré que malgré le processus de révision annoncé, le retrait de la liste "est irréversible et sans conditions".
M. Dujarric avait cependant affirmé peu avant que si l'ONU était prête à "changer le format" du rapport, pour éviter de mettre sur le même plan des Etats membres comme l'Arabie saoudite et des "groupes terroristes" coupables d'exactions contre des enfants, elle n'entendait pas modifier le contenu du rapport.
Dans ce rapport annuel qui détaille le sort des enfants victimes de conflits armés en 2015 dans 14 pays, l'ONU avait accusé la coalition d'être responsable à 60% du bilan de 785 enfants tués et 1.168 mineurs blessés l'an dernier au Yémen.
L’ambassadeur saoudien avait exigé lundi que le rapport "soit rectifié immédiatement" et expurgé de toute accusation contre Ryad.
Il avait surtout brandi la menace d'un échec des négociations de paix en cours au Koweït, sous l'égide de l'ONU, entre le gouvernement démissionnaire pro-saoudien et les représentants de l’armée yéménite et des forces populaires d’Ansarullah.
Le rapport doit être présenté formellement au Conseil de sécurité au mois d'août.
HRW accuse Ban d’avoir capitulé sous la pression de Ryad
L'association de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a accusé Ban Ki-moon d'avoir capitulé sous la pression de l'Arabie saoudite en acceptant de retirer la coalition menée par Ryad de la liste noire. HRW a souligné que l'ONU elle-même avait abondamment documenté les frappes aériennes contre des écoles et des hôpitaux au Yémen.
"Comme cette liste fait place à la manipulation politique, elle perd sa crédibilité et ternit le bilan du secrétaire général dans le domaine des droits de l'homme", a déclaré le directeur adjoint de HRW, Philippe Bolopion.
Depuis le début de l'intervention de la coalition, la guerre saoudo-US contre le Yémen a fait plus de 6.400 morts, selon l'ONU.
Le leader d’Ansarullah accuse de malhonnêteté les négociateurs saoudiens
Entre-temps, le chef du mouvement yéménite Ansarullah a accusé les négociateurs saoudiens de malhonnêteté dans les pourparlers de paix à Koweït. Abdelmalek al-Houthi a rappelé que l'Arabie saoudite continue ses raids aériens meurtriers contre les civils yéménites au moment où les négociations à Koweït se poursuivent.
M.al-Houthi a aussi affirmé que la position de l'envoyé spécial de l'ONU dans les négociations est biaisée.
Il a en outre salué les efforts déployés par les combattants d’Ansarullah et de l’armée qui resteront ferme face à l'agression saoudienne. Il a également appelé à un renforcement de l'unité entre les Yéménites.