Une telle volte-face de l’ONU sous la pression d’un gouvernement "rend dérisoires les efforts de l’ONU pour protéger les enfants".
Vingt organisations de défense des droits de l'homme ont appelé mercredi l'ONU à remettre la coalition militaire menée par l'Arabie saoudite sur sa liste noire des pays violant les droits des enfants, pour sa responsabilité dans la mort de centaines d'enfants au Yémen.
L'ONU a cédé lundi à la pression de Ryad en retirant la coalition d'une liste noire annuelle de pays et organisations accusés notamment d'être responsables de la mort d'enfants dans des conflits armés.
Pour Jo Becker, responsable de la protection des enfants à Human Rights Watch, cette décision "va à l'encontre des preuves flagrantes qui montrent que les violations commises par la coalition menée par l'Arabie saoudite ont tué et blessé des centaines d'enfants au Yémen".
Une telle volte-face de l'ONU sous la pression d'un gouvernement "rend dérisoires les efforts de l'ONU pour protéger les enfants", estime HRW.
Parmi les signataires, qui ont envoyé une lettre à Ban Ki-moon, figurent Amnesty International, Oxfam et Terre des Hommes.
Selon des diplomates, l'Arabie saoudite a exercé de très fortes pressions pour obtenir son retrait de la liste. Ryad a ainsi menacé de couper des financements saoudiens aux agences de l'ONU, notamment l'UNRWA qui aide les réfugiés palestiniens et qui connait de graves difficultés financières.
Les Saoudiens ont aussi clairement dit que les négociations de paix au Yémen en cours entre le gouvernement démissionnaire soutenu par la coalition et les représentants de l’armée et d’Ansarullah risquaient d'en pâtir.
Ryad a mobilisé en sa faveur l'Organisation de la coopération islamique et la Ligue arabe.
Les Saoudiens "ont activé beaucoup de soutiens et certains d'entre eux ont fait monter la pression sur le secrétaire général et l'ONU", a expliqué un diplomate du Conseil de sécurité.
"L'Arabie saoudite et d'autres se sont exprimés de manière parfaitement claire au cours de plusieurs conversations", a reconnu le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.