Des militants ont averti qu’ils perturberaient le rendez-vous majeur du cyclisme si l’équipe du prince Nasser, Bahrain Cycling Team, était autorisée à concourir.
Des militants pour la défense des droits de l’homme pourraient bloquer le Tour de France si une équipe cycliste à financement bahreïni est autorisée à concourir à l’occasion de la plus célèbre course cycliste au monde.
La mise en garde des militants survient après qu’un prince bahreïni accusé d’avoir été impliqué dans la torture de prisonniers lors du soulèvement du pays en 2011 a annoncé son intention de créer une équipe cycliste professionnelle.
Le prince Nasser ben Hamed al-Khalifa a lancé Bahrain Cycling Team le mois dernier, alors que les spéculations dans le monde du cyclisme vont bon train quant à sa participation à l’UCI World Tour en 2017 avec environ 16,5 millions de dollars de financement.
Les militants projettent désormais de perturber le Tour de France l’an prochain si Bahrain Cycling Team se voit accorder une licence World Tour par l’UCI, l’organe dirigeant du cyclisme, et des protestations pourraient ainsi bloquer la course.
L’équipe bahreïnie devrait être présentée officiellement dès le mois prochain lors d’un événement en marge du Tour de France et pourrait faire signer en tant que leader Vincenzo Nibali, vainqueur du Giro d’Italia, selon Cycling Weekly.
Des militants bahreïnis en exil en Europe ont cependant indiqué à MEE qu’ils organiseraient une protestation lors de cet événement à moins que l’UCI ne refuse d’autoriser Bahrain Cycling Team à concourir.
Marc Owen Jones, universitaire et militant du groupe de plaidoyer Bahrain Watch, a expliqué qu’il existait une « possibilité réelle » de voir des activistes chercher à bloquer le Tour de France ainsi que d’autres compétitions cyclistes majeures de l’UCI World Tour si l’équipe du prince Nasser se voyait accorder une licence par l’UCI.
D’autres activistes ont annoncé qu’ils prépareraient « des stocks d’œufs et de farine » en vue de l’événement.
« Il y a de plus en plus de colère et d’inquiétude à propos de la course, non seulement des Bahreïnis, mais [aussi] de la communauté du cyclisme, a déclaré Jones. En outre, puisqu’il s’agit d’un événement médiatique important diffusé dans un certain nombre de pays, celui-ci est susceptible de donner lieu à une coopération transnationale entre les activistes. »
Le Tour de France, dont le parcours couvre plus de 3 000 kilomètres, offre d’innombrables possibilités pour les manifestants de viser le cyclisme ou les véhicules de soutien des équipes.
Ces projets de protestation font suite à l’envoi ce lundi par des militants des droits de l’homme d’une lettre conjointe au président de l’UCI, Brian Cookson, soulevant de « graves préoccupations » au sujet de Nasser.
La lettre a indiqué que de nombreuses allégations de violations des droits de l’homme ont été formulées contre Nasser et fait valoir qu’accorder à son équipe l’accès à l’élite du cyclisme représenterait une violation du code d’éthique de l’UCI pour les nouvelles équipes, qui doivent prendre en compte des dimensions « éthiques », notamment l’« image du cyclisme » et les « principes de transparence et de bonne foi ».
Sayed al-Wadaei, directeur du plaidoyer de l’Institut de Bahreïn pour les droits de l’homme et la démocratie (BIRD), l’un des groupes à l’origine de la lettre, a déclaré à MEE que « La nature du Tour de France nous donne certainement plus de possibilités pour protester. Nous sommes déterminés à faire entendre les voix des victimes. Nous allons faire en sorte qu’on ne les oublie pas. »
Al-Wadaei a estimé qu’il était « trop tôt » pour discuter des détails des protestations planifiées, mais a déclaré que Nasser avait annoncé la formation de l’équipe bahreïnie dans le but de « blanchir son passé ». « Il y aura des conséquences », a-t-il ajouté.
Nasser est accusé d’avoir torturé en 2011 des militants bahreinis ayant réclamé des réformes politiques et une monarchie constitutionnelle dans ce petit royaume du Golfe.
Avec Middleeasteye
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation