03-05-2024 08:06 PM Jerusalem Timing

L’opération de Tel-Aviv : quels messages politiques et sécuritaires?

L’opération de Tel-Aviv : quels messages politiques et sécuritaires?

La réussite de l’opération de Tel-Aviv avant-hier, ne consiste pas seulement dans le fait que ses exécutants ont réussi à franchir tous les barrages de sécurité israéliens, mais.."

Certes il ne s’agit pas de la première opération menée par les résistants palestiniens à l'intérieur des territoires palestiniens de 1948 et aussi pronfondément, et ce ne sera pas la dernière, mais les contextes et les circonstances qui l’entourent ont durci l’impact de ses conséquences sur les responsables israéliens.

En effet, faut-il rappeler que cette opération  intervient à peine « au lendemain » de la nomination d’ Avigdor Lieberman au poste de ministre de la guerre, sans oublier qu’elle a eu lieu quelque jours après la suspension d’une série de mesures israéliennes.

La réussite de  l'opération de Tel-Aviv avant-hier, ne réside pas seulement dans le fait que ses exécutants ont réussi à franchir tous les barrages de sécurité israéliens et déjouer toutes les mesures sécuritaires mises en œuvre pour empêcher de telles opérations, mais  surtout  dans les messages de l'opération qui dépassent le cadre local et s’adressent tout autant au plan régional qu’international.

D’abord  au niveau local, cette opération a eu lieu au cœur de l’entité sioniste, dans sa capitale Tel Aviv, et plus précisément près du siège du ministère de la sécurité et de celui de l'état-major de l'armée où les mesures de sécurité sont censées être exceptionnelles, sachant  que les deux jeunes hommes sont venus d’une région soumise au  contrôle de l’ Autorité palestinienne (la ville de Khalil ou Hébron).

Selon le quotidien libanais alAkhbar, citant des rapports de médias israéliens, les Palestiniens qui ont exécuté ladite opération, n’appartiennent  à aucune organisation ou  faction de la résistance. Un constat qui a renforcé les craintes de l’administration  sécuritaire et politique israélienne concernant  les répercussions d’une telle opération et  les choix limités de riposte.

Ainsi, le fait que  les exécutants de cette opération n’appartiennent pas à la résistance prouve une fois de plus que l'Intifada ne concerne pas uniquement les factions de la résistance palestinienne, mais elle comprend toutes les catégories de la population palestinienne car la cause palestinienne appartient au peuple.

De plus, l’opération de Tel-Aviv a renforcé l’idée que  malgré les tentatives de certains pays régionaux d’enterrer la cause palestinienne et d’imposer des priorités différentes à la région, les Palestiniens jouissent d’assez de maturité et de bon sens pour préserver leur cause et la maintenir en tant que priorité qui s’ impose à la réalité israélienne, régionale et même internationale. Mais encore,  cette maturité ne s’exprime pas en des mots ou des positions, mais elle se traduit par le sang et le sacrifice.

Or, jusqu’à ce jour, ce constat forme la soupape de sécurité de l'Intifada, lui assurant sa pérennité car elle  a privé le renseignement israélien de sa capacité de mise en garde , une mise en garde assurée du fait d'une coopération sécuritaire entre l’Autorité et les services israéliens.

Sur le plan opérationnel, le caractère non-partisan de l’opération réduit la marge de manœuvre de la direction politique et militaire pour riposter. Car,  quelque soient  les mesures que l’entité sioniste pourrait prendre contre l'une des factions de la résistance, cela n’aura aucun sens, puisqu’elles n’ont pas revendiqué leur responsabilité dans l’opération de Tel-Aviv .   Sans compter que de telles mesures n’auront qu’ un impact limité pour dissuader les jeunes Palestiniens de répéter ce genre d’opérations. Et ce parce que la partie qui  exécute, n'est pas celle qui  donne les ordres ni celle qui fournit les moyens pour exécuter l'opération. de même ni la prise de décision de l'opération n’est liée  à aucune faction de la résistance palestinienne.

Au niveau politique, il faut dire que l’opération de Tel-Aviv intervient à un moment où  l’on assiste à une multiplication d'initiatives pour faire avancer le processus de règlement de la question palestinienne. Tant au niveau international avec l'initiative française et la Conférence de Paris, ou au niveau régional avec l’initiative arabe et la Conférence régionale (Egypte).

Or, l’opération de Tel-Aviv est une réponse cinglante à ces initiatives  qui , en fin de compte, remplissent les conditions de l'ennemi et visent à légitimer l'occupation de la Palestine et à intégrer l'entité sioniste de manière officielle dans le système régional, le tout au détriment du peuple palestinien.

Mais ce qu’il faut retenir des messages que porte l’opération, c’est surtout qu’elle a fait comprendre à l'ennemi que la décision de la poursuite de la résistance n’a rien avoir  avec les priorités et les intérêts et  les orientations de certains régimes arabes qui voient en de telles initiatives une occasion pour s’allier avec l’ennemi.  

Donc , l’opération s’adresse tout autant à ces régimes pour leur dire que le peuple palestinien a pris sa décision , a défini son choix: un choix qui repose sur la résistance, malgré les tentatives de l'étrangler de diverses manières.