Des voix se sont élevées pour demander aux autorités libanaises de le sanctionner pour avoir bafoué la loi libanaise
L’entretien accordé par l’écrivain et académicien franco-libanais Amine Maalouf à la télévision israélienne i24 fait toujours parler de lui dans son pays natal.
Dans les médias et les différentes instances culturelles, cette initiative est assimilée à une normalisation avec l’ennemi sioniste contre lequel le Liban est toujours en état de guerre. Maalouf est accusé d’avoir bafoué la loi libanaise qui interdit tout contact avec des Israéliens.
« Léon l’Israélien », titrait mercredi l’éditorial du quotidien libanais Al-Akhbar, en allusion à son livre « Léon l’Africain » et qui qualifie cette démarche de « reconnaissance symbolique d’Israël». Alors que le quotidien as-safir désignait son acte de « trahison d’un intellectuel».
« Nous devons demander des comptes à Amine Maalouf » est le slogan de la campagne lancée contre cet académicien auteur de nombreux ouvrages célèbres et prix Goncourt en 1993. Elle demande aux autorités libanaises d’exécuter la loi qui interdit tout contact avec l’ennemi sioniste, en le destituant de sa nationalité libanaise, voire en l’interdisant d’entrer au Liban.
« Un homme cultivé comme Maalouf ne peut ignorer l’objectif affiché de cette chaine lequel est d’ailleurs inscrit dans ses archives : blanchir l’image d’Israël », lit-on dans le communiqué publié par la campagne.
Maalouf est accusé d’avoir offert son image de marque, son nom et son histoire à un media manipulateur dont la fonction n’est autre que de faire la propagande d’une entité fondée sur la discrimination, les massacres, les expulsions et l’usurpation des droits légitimes du peuple palestinien.
Il est accusé d’avoir dénigré les souffrances de son peuple et des autres peuples qui en ont bavé d’Israël.
« N’est-il pas venu à son esprit de cracher en face de son interlocutrice les souffrances des familles des martyrs et des gens qui ont été blessés durant l’offensive de juillet 2006 , ou les afflictions causées par les massacres et les guerres commis par les bandes sionistes depuis Kafar Qassem et Der Yassine, ou bien les calamités infligées à notre peuple qui vit à l’heure actuelle dans une confrontation directe contre cette entité usurpatrice, ses collaborateurs et ses parrains ? », peut-ont lire dans le texte.
Le communiqué reproche aussi à Maalouf d’avoir commis « une erreur morale retentissante en humanisant l’ennemi, et lui accordant un faux témoignage devant l’opinion publique et en dénigrant nos droits nationaux et patriotiques».
Ce texte a été rendu public au terme d’une rencontre organisée dans la capitale libanaise au théâtre al-Madina, avec la participation du quotidien libanais as-safir et la campagne « boycott ».
Selon la célèbre réalisatrice de théâtre Nidal Achkar, « le boycott doit être le plafond de tous les gens de culture qui non seulement devraient boycotter mais en appeler aussi au boycott ».
Le rédacteur en chef du journal as-safir, Talal Salmane a quant à lui qualifié l’incitative de Maalouf d’erreur grave qui s’apparente à un péché : « Tu dois t’excuser de ton peuple sinon tu serais sorti de lui et contre lui », lui a-t-il adressé.
Quant au directeur de la campagne « boycotter les partisans d'Israël », Samah Idriss, il a rappelé les termes d’une normalisation inacceptable : « c’est accepter toute activité qui réunit des Arabes et des Israéliens ».
Elle n’inclut toutefois pas le boycott de la production littéraire, politique, intellectuel ou cinématographique israélienne, « indispensable pour mieux connaitre notre ennemi », conclut Idriss …