La modernisation des forces navales russes se déroule à un rythme accéléré: les escadres reçoivent de nouveaux armements et bâtiments de guerre qui suscitent l’inquiétude de nos "partenaires stratégiques" d’hier.
Suite à la chute de l'Union soviétique, la Marine russe a longtemps été privée des fonds nécessaires à sa modernisation, et ses effectifs se sont considérablement réduits. Cette sombre période semble aujourd'hui révolue…
La modernisation des forces navales russes se déroule à un rythme accéléré: les escadres reçoivent de nouveaux armements et bâtiments de guerre qui suscitent l'inquiétude de nos "partenaires stratégiques" d'hier.
Frégates-chasseurs de porte-avions
Deux événements mémorables sont récemment survenus dans la vie de la Marine russe: la deuxième frégate du projet 11356, Admiral Essen, est entrée au service actif, tandis que la première — l'Admiral Grigorovitch — est arrivée dans son port d'attache, Sébastopol. Les six frégates de ce projet, dont quatre sont encore en chantier, viendront compléter la Flotte de la mer Noire.
Ces bâtiments de guerre illustrent on ne peut mieux le principe de la "suffisance raisonnable" mis à la base de la modernisation des forces navales russes. Il s'agit de navires compacts, pas trop chers, dotés d'armes sophistiquées et possédant de remarquables qualités nautiques.
Les frégates du projet 11356 sont équipées d'un système de combat comprenant huit rampes de lancement de missiles Kalibr conçus pour neutraliser les cibles de surface, sous-marines et terrestres. Un missile de ce type garantit la destruction d'un croiseur et une salve de tous les missiles n'aura aucun mal à venir à bout d'un porte-avions. De la sorte, une frégate de cette classe est en mesure de faire face à un groupe naval adverse.
Très manœuvrable, une telle frégate n'est pas une proie facile pour l'ennemi, car elle dispose d'un système puissant de contre-mesures électroniques capable de la protéger contre les armes de haute précision.
Les armements antiaériens de la frégate comprennent le système surface-air Chtil et deux lance-missiles Kortik ou Palach qui garantissent la destruction en vol de tout engin s'approchant du navire.
Ces armements sont complétés par une pièce d'artillerie A-190 de 100 millimètres qui a la plus grande vitesse de tir parmi les canons de ce calibre. Cette pièce est capable de tirer 80 coups par minute à une distance allant jusqu'à 20 kilomètres. Le navire est également doté de tubes lance-torpilles de 533 millimètres. Enfin, il peut porter un hélicoptère de lutte anti-sous-marine Ka-27PL ou un hélicoptère d'alerte avancée Ka-31. La vitesse maximale de la frégate est de 30 nœuds et son autonomie, de 30 jours. Son équipage comprend 180 membres permanents et 20 commandos capables de monter à l'abordage lors des opérations anti-piraterie.
Bateaux lance-missiles: petits, mais efficaces
Les tirs de missiles Kalibr sur les positions des terroristes en Syrie ont provoqué un choc chez les spécialistes étrangers, surpris non seulement par la portée de ces missiles (1.500 kilomètres), mais aussi par la classe des navires qui les ont tirés.
Les bateaux lance-missiles qui ont participé à cette opération sont des bâtiments du projet 21631 Bouïan-M. De classe "fleuve-mer", ils sont équipés de huit missiles de croisière Kalibr capables de remplir des missions tactiques.
Les bâtiments de classe Bouïan sont dotés de pièces d'artillerie A-190 de 100 millimètres mentionnées ci-dessus, de deux mitrailleuses de 14,5 millimètres et trois mitrailleuses de 7,62 millimètres. Pour se protéger contre les attaques aériennes, ils disposent de lance-missiles Douet et Guibka, ainsi que de systèmes de contre-mesures électroniques.
La vitesse maximale des bateaux lance-missiles est de 25 nœuds et leur autonomie, de 10 jours. L'équipage compte 29 à 36 personnes. Outre les bâtiments de la flottille de la mer Caspienne, la Marine russe compte deux autres navires de cette classe: le Zeleny Dol et le Serpoukhov qui ont récemment intégré la Flotte de la mer Noire. Quatre autres navires entreront en service d'ici 2019.
Le défi arctique
Le 10 juin dernier, la Russie a mis à l'eau à Saint-Pétersbourg le brise-glace militaire Ilia Mouromets.
Il s'agit du premier brise-glace russe capable de se déplacer en avant, en arrière et de côté grâce à ses colonnes de direction placées en saillie hors de la coque et pouvant tourner à 360 degrés. La coque de l'Ilia Mouromets peut résister à la pression des glaces d'un mètre d'épaisseur. Sa vitesse est de 15 nœuds et son autonomie — 12.000 miles nautiques ou 22.244 kilomètres — est quatre fois supérieure à la longueur totale de la Voie maritime du Nord.
Outre les locaux pour les membres d'équipage, le brise-glace possède des chambres pour 50 personnes: gardes-frontières, fusiliers marins ou explorateurs polaires. Le bâtiment peut également recevoir des systèmes d'artillerie Ak-230, Ak-630 ou Ak-306, ce qui lui permettrait de remplir des missions de combat.
Des sous-marins de nouvelle génération
Parmi les projets dont la réalisation touche à sa fin, il convient de citer un sous-marin doté d'une propulsion anaérobie qui permet d'augmenter sensiblement la durée de la navigation en immersion.
Les essais en mer du moteur de propulsion anaérobie (AIP) sont prévus en 2016. Le sous-marin capable de ne pas émerger à la surface pendant trois semaines doit être développé en 2017.
Les forces navales russes ont également commencé à établir un cahier des charges pour un sous-marin de cinquième génération qui sera baptisé Husky. Le nouveau submersible sera polyvalent et portera des missiles antinavires hypersoniques.
Des missions au long cours
Afin de remplir des missions bien au-delà de ses frontières, la Russie mettra en service les destroyers du projet 23560 Leader dont la construction est prévue par le programme national d'armement pour 2018-2025. Ces bâtiments de guerre seront dotés de missiles Kalibr, de systèmes antiaériens et antimissile S-500, de pièces d'artillerie de 130 millimètres et de tubes lance-torpilles Paket-NK. Les nouveaux destroyers seront à propulsion nucléaire.