Le ministère russe de la Défense a confirmé que le Sukhoi T-50 – le chasseur de cinquième génération de la Russie – entrera en service l’année prochaine.
Comme c’est souvent le cas avec les développements militaires russes, divers médias occidentaux ont à plusieurs reprises cherché à jeter le doute sur la viabilité du programme Sukhoï T-50. Il a été diversement suggéré que l’ensemble du programme avait été revu à la baisse en raison de contraintes budgétaires – avec les Russes qui auraient décidé d’acheter plus de SU35s à la place – et que le Sukhoï T-50 n’était de toute façon pas un avion particulièrement avancé ou efficace.
Un rapport indien qui a dénigré la qualité de leur futur chasseur de cinquième génération sur une base de Sukhoï T-50 que les Russes proposaient aux Indiens, a notamment reçu une large publicité, avec ses diverses réclamations acceptées comme des faits.
La réalité est que le programme Sukhoï T-50 semble avoir été finalisé globalement sans problème, ce qui reflète la façon prudente et conservatrice avec laquelle l’ensemble du programme a été réalisé. Mais c’est encore une réalisation majeure, étant donné que le Sukhoï T-50 est le premier chasseur russe entièrement nouveau produit depuis plus de 30 ans.
Le Sukhoï T-50 est néanmoins clairement un chasseur typiquement russe, avec de nombreuses caractéristiques, traditionnelles pour de tels jets, et qui les distinguent de ceux des autres pays. Ainsi, le Sukhoï T-50 est plus orienté vers la haute performance que furtif. Il est capable de vitesse de croisière supersonique sans utilisation de la postcombustion du moteur. Il est très maniable, transporte une charge d’armes lourdes et est principalement axé sur le combat aérien.
Avec tout cela, le Sukhoï T-50 contraste fortement avec le chasseur américain F35 multi-mission, beaucoup plus complexe, qui sacrifie la performance pour mener à bien une variété de rôles différents et qui, dans un environnement de combat aérien, repose davantage sur ses systèmes d’armes électroniques que sur ses performances.
Cela ne veut pas dire que les systèmes d’armes électroniques du Sukhoï T-50 sont primitifs ou dépassés. Au contraire, nos informations suggèrent qu’ils sont très avancés, à la fois avec le Sukhoï T-50 et pour le F-35, en utilisant des radars actifs (Electronically Scanned Array – AESA). Toutefois, c’est un avion qui ne dépend pas autant de ses systèmes que le F-35.
En ce qui concerne le rapport indien, la seule plainte de fond concerne les moteurs du Sukhoï T-50, qui ne sont pas suffisamment fiables. Elle n’est pas fondée, puisque les Russes ont toujours prévu d’équiper le Sukhoï T-50 avec un moteur plus avancé et fiable quand il sera disponible.
Le nouveau moteur est en fait actuellement en développement et devrait remplacer le moteur actuel après 2020. Dans l’intervalle, jusqu’à ce que le nouveau moteur soit prêt, le Sukhoï T-50 utilise une version fortement modifiée du moteur AL31, précédemment utilisé par la famille des SU-27. Loin d’être un signe de retard technique, c’est une étape logique pour amener autrement un aéronef complet en service. Il n’y a pas de sens de développer au ralenti pendant plusieurs années ce qui est à tous les autres égards un avion très puissant, jusqu’à ce qu’un nouveau moteur soit prêt, alors qu’il existe déjà un moteur parfaitement capable de l’alimenter.
La critique indienne reflète en réalité une philosophie qui a flétri les programmes d’armement indiens depuis les années 1970, et qui consiste à insister sur la technologie concevable la plus avancée, plutôt que d’accepter toute la technologie déjà disponible. C’est cette philosophie qui explique pourquoi les programmes d’armement indiens prennent généralement autant de temps. À titre d’exemple, on pense au jet léger indien Tejas, dont les premières esquisses datent de 1969 et le premier vol de 2001, mais qui n’est pas entré en service avant 2015, date à laquelle l’ensemble de son concept était depuis longtemps devenu obsolète. De même, le développement du char de combat indien Arjun a commencé en 1972; mais il n’est pas entré en service avant 2004.
En fait, il y a tout lieu de penser que le chasseur Sukhoï T-50 sera un ajout puissant pour les forces aérospatiales russes, en laissant la Russie à l’avant-garde des puissances militaires aériennes mondiales.
Par Alexander Mercouris
Source: Traduit par Le Saker francophone