Le président Erdogan a plusieurs fois menacé de ne plus appliquer l’accord migratoire conclu le 18 mars avec l’UE, s’il n’obtient pas l’exemption de visas.
La Turquie a fait des "progrès" ces dernières semaines, mais elle ne respecte toujours pas tous les critères nécessaires pour obtenir une exemption de visas dans l'espace Schengen, selon un rapport publié mercredi par la Commission européenne.
"Les progrès ont continué" depuis un précédent rapport publié début mai, a
estimé l'exécutif européen. Mais "la Turquie doit encore respecter les critères
restants, fixés dans la feuille de route", a souligné le commissaire Dimitris
Avramopoulos, chargé du dossier migratoire.
Plus d'un mois après un précédent rapport, la Commission cite de fait la
même liste de critères restant à remplir (soit sept sur une liste de 72),
incluant une modification de la législation anti-terroriste turque, jugée trop
large et menaçante pour la liberté d'expression selon les standards européens.
La Turquie s'est refusé jusqu'à présent à modifier cette législation, dans
un contexte de reprise violente du conflit kurde depuis l'été 2015, couplée à
une série d'attentats meurtriers attribués aux rebelles kurdes et au groupe
Daech (EI).
Le président Erdogan a plusieurs fois menacé de ne plus appliquer l'accord
migratoire conclu le 18 mars avec l'UE, s'il n'obtient pas l'exemption de visas
qui concerne les courts séjours de ressortissants turcs dans l'espace Schengen.
Le pacte migratoire avec Ankara prévoit le renvoi en Turquie de tous les
nouveaux migrants arrivant sur les îles grecques, y compris les demandeurs
d'asile.
En dépit des controverses qu'il suscite au regard du respect des droits de
l'homme, il a permis une chute spectaculaire du nombre des arrivées de migrants
sur les côtes grecques.
Bruxelles et Ankara avaient fait d'une accélération du processus d'exemption l'une des contreparties politiques pour récompenser la Turquie de ses efforts pour freiner l'afflux migratoire vers l'UE.
L'objectif d'aboutir d'ici "la fin juin" avait été fixé, mais les deux parties semblent désormais convenir qu'il est devenu intenable.
"Le calendrier final dépendra à la fois de quand la Turquie aura rempli les
critères restants et de quand les co-législateurs (c'est-à dire les Etats
membres de l'UE et le Parlement européen, ndlr) auront pris leur décision",
s'est contenté de déclarer Avramopoulos mercredi.