L’essentiel de ce rendez-vous des investisseurs s’annonce dominé par les relations commerciales avec l’Union européenne, mises à mal par plus de deux ans d’échange de sanctions respectives causées par l’annexion de la Crimée..
Lutte antiterroriste, échanges commerciaux: le président russe Vladimir Poutine devrait se poser jeudi en partenaire incontournable des Occidentaux en dépit des sanctions qu'ils lui imposent, devant des investisseurs étrangers réunis à Saint-Pétersbourg dont la Russie a besoin pour sortir de la crise.
Avec pour invités le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le Premier ministre italien Matteo Renzi et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, le Forum économique international de Saint-Pétersbourg, voulu par le Kremlin comme un "Davos russe", constitue cette année pour la Russie un moyen de s'afficher moins isolée au moment où la récession la frappant semble toucher à sa fin.
Une ombre sportive, inhabituelle pour cet événement, plane cependant entre les violences des hooligans russes à l'Euro de foot et la possible suspension vendredi des athlètes russes des JO de Rio.
Mais après deux ans de crise ukrainienne, un certain dialogue a été renoué avec les pays européens et les Etats-Unis dans le domaine de la lutte anti-terroriste. Moins d'une semaine après le carnage dans un club gay d'Orlando (49 morts), Vladimir Poutine doit s'entretenir jeudi de la lutte contre les "djihadistes" de l'Etat islamique et du conflit syrien avec Ban Ki Moon, accompagné de l'émissaire des Nations Unies en Syrie Staffan de Mistura.
L'essentiel de ce rendez-vous des investisseurs s'annonce dominé par les relations commerciales avec l'Union européenne, mises à mal par plus de deux ans d'échange de sanctions respectives causées par l'annexion de la Crimée puis la rébellion prorusse dans l'Est ukrainien.
La venue de M. Juncker, la première depuis sa prise de fonction, a été très commentée à Moscou au moment où les pays européens se préparent à des discussions houleuses concernant une prolongation des mesures de rétorsion visant Moscou avant leur expiration fin juillet.
Le Premier ministre italien Matteo Renzi, qui a émis des réserves contre les sanctions, sera vendredi l'invité du forum, à la tête d'une importante délégation.
L'ancien président français Nicolas Sarkozy, chef de file du parti de droite Les Républicains, doit s'exprimer jeudi devant les investisseurs après
avoir rencontré la veille M. Poutine. Avant de s'envoler pour Saint-Pétersbourg, M. Sarkozy a prôné mercredi une "levée progressive des
sanctions" et a estimé que nul n'avait besoin d'une "nouvelle Guerre froide".
M. Juncker a déjà prévenu que sa visite ne marquait pas de "changement d'attitude" de l'UE et les responsables européens ont fait savoir qu'une prorogation pour six mois de l'ensemble des mesures punitives en vigueur était à prévoir.
Bruxelles continue de lier toute levée des sanctions à l'application des accords de paix de Minsk pour l'Est de l'Ukraine, qui se heurte notamment à l'organisation d'élections locales en zone séparatiste.
De son côté, la Russie a imposé un embargo sur la plupart des produits alimentaires occidentaux qui pénalise lourdement les agriculteurs européens et qu'elle a déjà menacé de prolonger jusque fin 2017.
Contrat gazier
La visite de M. Juncker vise à établir "des ponts" avec Moscou, a expliqué sur Twitter une porte-parole de la Commission, Mina Andreeva.
Le conseiller du Kremlin Iouri Ouchakov a jugé cette rencontre "très importante", assurant que les difficultés actuelles seraient discutées "franchement".
Les sanctions, qui visent aussi bien la finance que la production d'hydrocarbures ou la défense, constituent un frein considérable pour l'économie russe au moment où elle semble approcher de la fin de la récession actuelle, la plus longue depuis l'arrivée au Kremlin de Vladimir Poutine en 2000.
Affaiblie par la chute des prix du pétrole, la Russie craint désormais de s'engluer dans une stagnation et multiplie les promesses de réformes structurelles pour attirer les investisseurs et dynamiser son économie.
Les chefs d'entreprises européens, très critiques des sanctions contre une Russie où ils ont considérablement investi, ne cachent pas leur volonté de reprendre les affaires de manière plus active.
Si les Américains restent peu nombreux, les patrons de plusieurs groupes de premier plan sont attendus, comme les français Total, Société Générale, JCDecaux et Schneider Electric.
Avant de recevoir M. Juncker, M. Poutine doit signer un important contrat pour la construction d'une usine de liquéfaction du gaz en Russie avec le directeur général de la compagnie énergétique anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell, Ben van Beurden.
Selon un sondage publié mardi par l'Association of European Business (AEB), qui regroupe un grand nombre d'entreprises étrangères présentes en Russie, et l'institut Gfk, 70% des entreprises interrogées prévoient une hausse de leur chiffre d'affaires cette année, mais 87% citent les sanctions comme affectant leur activité.