Jo Cox, élue du Parti travailliste au Parlement du Royaume-Uni, a été tuée jeudi dans ce que la police dit être un acte meurtrier isolé.
Elle a été mortellement blessée alors qu’elle quittait une réunion avec ses électeurs locaux. Certains témoins ont rapporté que le tueur la guettait à la sortie.
Peu de temps après l’attaque, un suspect a été arrêté et des armes ont été saisies, a indiqué la police lors d’une conférence de presse.
« Comme cette enquête est à un stade précoce, et que nous avons un individu en état d’arrestation, nous ne sommes pas encore en mesure d’établir un motif », a déclaré Dee Collins, le chef constable intérimaire de la police du West Yorkshire.
Collins dit que la police ne cherchait pas d’autres suspects. Les médias britanniques ont nommé le suspect : Tommy Mair, âgé de 52 ans.
Au moins deux témoins directs ont dit que le tueur a crié « la Grande-Bretagne d’abord » alors qu’il poignardait puis tirait des coups de feu sur Jo Cox, juste à l’extérieur d’une bibliothèque où elle s’était réunie avec ses électeurs.
Selon des témoins, le suspect a fait des déclarations similaires au moment de son interpellation. Lors de la conférence de presse, le chef constable Collins a refusé de confirmer ces rapports : « nous ne sommes pas en mesure de dire quoi que ce soit à l’heure actuelle. »
Amie de la Palestine
Jo Cox avait été élue en 2015. En tant que députée, elle s’était impliquée dans le groupe des Députés travaillistes amis de la Palestine et elle a écrit une partie d’un rapport édité en 2015 par le groupe, demandant la levée du blocus israélien sur Gaza.
Elle avait déclaré en février que les initiatives du gouvernement conservateur d’utiliser des menaces juridiques pour limiter le boycott d’Israël étaient « une attaque brute sur les libertés démocratiques. Il est de notre droit de boycotter les entreprises qui agissent de façon contraire à l’éthique ».
Bien que nouvellement députée, Cox avait déjà gagné une large audience en tant que militante pour que les réfugiés puissent trouver refuge au Royaume-Uni, en particulier ceux qui fuient la guerre en Syrie.
Le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a déclaré que « l’ensemble du Parti Travailliste et la famille Travailliste - et en fait tout le pays - est en état de choc après l’horrible assassinat de Jo Cox aujourd’hui. »
Cox avait déjà travaillé avec l’organisme de bienfaisance et de développement international Oxfam. « Jo était une fusée miniature venue du nord. Elle était comme une boule d’énergie, toujours souriante, plein de nouvelles idées, d’idéalisme, de passion », a déclaré son ancien collègue Max Lawson dans une déclaration au nom de l’organisation.
Arjan El Fassed, un co-fondateur de The Electronic Intifada, était un collègue de Jo Cox alors qu’il travaillait à la filiale néerlandaise d’Oxfam.
« Jo était une vraie humanitaire. Elle était une puissance bienveillante, donnant aux sans voix une voix forte et puissante. Elle a été en mesure de rappeler les gouvernements à leurs obligations humanitaires », a déclaré El Fassed. « Je l’admirais pour son énergie sans limite dans l’action et pour tirer les puissants dans une autre direction, plus humaine. »
David Cronin de The Electronic Intifada connaissait Jo Cox quand elle était à la tête du bureau d’Oxfam à Bruxelle, il y a plus d’une décennie.
Elle avait « un caractère très pétillant, sympathique. C’était une personne très amicale », a déclaré Cronin. « Je ne suis pas surpris que des gens disaient qu’elle était très brillante et irait un jour à Westminster. »
Suprématiste et raciste blanc ?
Bien que l’enquête de police est à un son premier stade, l’utilisation par le suspect du slogan « la Grande-Bretagne d’abord » pourrait indiquer un motif politique.
Grande-Bretagne d’abord est un groupe d’extrême droite connu pour la diffusion des thèmes islamophobes sur Facebook, ainsi que pour ses manifestations devant des mosquées en portant des croix.
Ce groupe a également récemment organisé un « camp d’entraînement militant » au Pays de Galles au cours duquel une formation à « la défense au couteau » a été donnée.
Dans un communiqué, le groupe a pris ses distances de l’attaque.
Aucun lien direct n’a pour l’instant été établi entre le suspect et le groupe, et le tueur aurait pu utiliser « Grande-Bretagne d’abord » comme un slogan ultra-nationaliste plutôt que comme une référence à une organisation précise.
Le meurtre survient alors que la campagne pour le référendum de la semaine prochaine sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union Européenne, est devenu de plus en plus vif.
Les militants pour un vote de « départ » ont utilisé des tactiques alarmistes en ciblant les immigrants et les réfugiés. Jo Cox défendait ardemment les réfugiés, ce qui en faisait une cible potentielle des ultra-nationalistes.
Anders Behring Breivik, le Norvégien emprisonné pour l’assassinat de 77 personnes en 2011, visait les officiels gouvernementaux et les jeunes militants du Parti Travailliste homologue, les accusant d’accueillir les musulmans dans le pays.
Un bulletin d’information archivé en ligne et datant de 2006, a identifié un Thomas Mair de Batley, dans le Yorkshire comme l’un des premiers abonnés à une publication intitulée S.A.Patriot.
Le bulletin d’information des suprématistes blancs exprime un dégoût de « sportifs blancs » qui sont prêts à porter les emblèmes des États non-raciaux, post-coloniaux en Afrique, qu’il qualifie de « régimes terroristes. » Le bulletin exhorte les Blancs à émigrer dans les pays africains où ils contrôlent plus les gouvernements.
Le bulletin demandait des informations sur ses motivations à Thomas Mair, et indiquait sa dernière adresse connue dans le Fieldhead.
L’adresse officielle du suspect arrêté pour le meurtre de Jo Cox est Fieldhead Estate à Birstall.
Batley est adjacent à Birstall, où Jo Cox a été tuée. Les deux villes sont dans sa circonscription parlementaire.
Outre la défense des réfugiés, Jo Cox était engagée dans la campagne de son parti pour que le Royaume-Uni reste dans l’Union Européenne.
Source: Info-Palestine