Le guide suprême de la révolution iranienne s’adressait aux revolutionnaires arabes. Selon lui, l’éveil islamique est désormais une réalité. Toutefois, sa scène demeure fragile.
Le Grand ayatollah Sayed Ali Khamenei a mis en garde contre les dangers qui menacent l’éveil islamique dans la région en appelant à bien les diagnostiquer pour pouvoir les éviter.
S’exprimant samedi lors de l’ouverture du premier congrès de l’éveil islamique, organisé à Téhéran, il a rappelé que la république islamique qui a accompli sa révolution contre la dictature le siècle dernier, a bien connu ces dangers qui ont été également répertoriés dans les documents découvert au sein de l’ambassade américaine, lors de sa prise.
« Le premier danger qui menace l’éveil islamique est d’appréhender la suprématie apparente des arrogants et le fait d’avoir peur des États-Unis et des autres puissances avides », a-t-il mentionné. Et d’ajouter aussi comme dangers : « la confiance que peut mettre l’élite politique en l’ennemi et le fait d’être trompé par ses leurres ». Et d’avertir : «la dépendance économique et politique à l’égard de l’Occident signifie le retour de la suprématie des étrangers dans les pays qui ont renversé les dictatures ».
Son éminence a également mis en garde les révolutionnaires contre la tendance à être pris de vanité, en croyant que l’ennemi est révolu. « Le fait de susciter les divergences et les conflits entre les révolutionnaires, dans l’arrière du front de lutte, fait aussi partie des lacunes qu’il faut éviter à tout prix », a-t-il défini.
Le guide suprême a signalé qu’il faut être vigilent contre les tentatives des occidentaux de confisquer les objectifs des révolutions en gardant intacts les assises des régimes renversés, et en se contentant de leur changer leur tête ...
Selon lui, les alternatives qu’ils peuvent offrir dans ce cas sont des exemples de pouvoir et de constitution qui poussent les pays islamiques une fois de plus vers le piège de la dépendance culturelle, économique et politique.
« Ils peuvent par exemple pénétrer les rangs de la révolution et offrir une aide financière ou médiatique à un courant suspect, pour isoler les véritables courants de la révolution », a-t-il mentionné.
« A la lumière de l’expérience en Iran, les occidentaux peuvent avoir recours à d’autres méthodes, en l’occurrence en semant le chaos, en perpétrant des assassinats, et en déclenchant des guerres intestines entre les adeptes des différentes religions, des différentes ethnies, tribus ou partis, voire entre les peuples et leur voisinage. Sans compter l’embargo économique, le boycott, le gel des comptes bancaires et les campagnes de guerre médiatique », ajoute-t-il.
Le but étant selon lui de « fatiguer les peuples, de les désespérer et de plonger les révolutionnaires dans l’hésitation ».
Sayed Khamenei a également évoqué comme procédés recourus par les forces occidentales qui se vantent d’être civilisées et morales les liquidations des élites honnêtes et actives, et les atteintes à la réputation d’autres, tout en enrôlant les faibles d’esprit.
Saluant « la popularité des révolutions arabes, élément crucial dans leur identité », son éminence a rappelé que les puissances voraces ont déployé des efforts intenses pour préserver les dirigeants despotes, corrompus et dépendants d’elles (au pouvoir), et n’ont cessé de les soutenir que lorsqu’elles ont perdu tout espoir à l’issue d’une révolution populaire.
Mettant l’accent sur le cas libyen, il précise : « dans un pays comme la Libye, une ingérence américaine ou de l’Otan ne peut troubler cette réalité » et de déplorer : « En Libye, l’Otan a causé des pertes considérables et qui irréparables. Sans cette ingérence, la victoire du peuple libyen aurait seulement– un retard, et il n’y aurait pas eu toutes ces destructions dans les infrastructures ».
Selon lui, « ces ennemis ne devraient nullement se vanter qu’ils ont le droit de s’immiscer dans ce pays opprimé et détruit, alors que durant de longues années, ils étaient main dans la main avec Kadhafi ». Et de conclure dans ce dossier que « seuls les peuples et les élites populaires sont les garants des révolutions et peuvent dessiner son avenir ! »
Dans la dernière partie de son allocution, Sayed Khamenei a mis à la disposition des participants ses recommandations puisées de l’expérience iranienne et d’une lecture subtile des conjonctures des autres pays. Signalant toutefois que ces circonstances ne sont pas les mêmes pour tous, il dit que quelques clarifications peuvent être valables pour tous.
« On peut surmonter ces difficultés en se rendant à Dieu, en ayant foi de ses promesses de victoires dictées dans son Livre » a-t-il conseillé.
« Et de vous caractériser par la raison, la volonté et le courage » poursuit-il.
Son éminence conseille aux révolutionnaires de « relire sans cesse les principes de leur révolution : les slogans et les principes, de les rectifier ou de les ramener aux sources islamiques et aux principes de la liberté, l’indépendance et de la justice, de refuser de se soumettre au despotisme et au colonialisme et de refuser toute ségrégation sur des critères ethnique, racial, ou confessionnel, et de refuser haut et fort le sionisme ».
« Ecrivez vos principes, et préserver avec attachement vos racines, ne laissez pas vos ennemis rédiger votre avenir, ne permettez pas que vos fondements islamiques soient sacrifiés dans le sanctuaire des intérêts éphémères ».
S’adressant aux révolutionnaires, le guide de la révolution iranienne ne manque de les mettre en garde « d’accorder leur confiance en les États-Unis et en l’Otan, ou en les régimes criminels en Grande Bretagne, en France et en Italie qui ont pendant longtemps écrasé vos volontés, se sont partagés vos pays, et se sont accaparés vos richesses.
« N’ayez jamais confiance en eux, ne croyez pas en leur sourire. Derrière ces sourires, il y a les trahisons et les complots », avertit-il.
Son éminence en a appelé à être vigilants face aux désaccords confessionnels, nationalistes, ethniques, tribaux et frontaliers. Conseillant de reconnaitre les différences, il a lancé : « L’entente entre les confessions et la clé du salut ».
Et d’affirmer : « Ceux qui allument le feu de la zizanie et se plaisent à apostasier les autres sont les agents de Satan et ses soldats, même s’ils ne le savent pas ».
Il a également suggéré qu’il ne faut se laisser imposer les exemples laïcs et libéraux occidentaux, ou ceux nationalistes extrémistes ou ceux des tendances gauchistes extrémistes.
« Le camp de l’Est s’est effondré, et le camp de l’occident s’impose par la violence, la guerre et la perfidie », condamne-t-il.
Sans omettre de rappeler que « la libération de la Palestine des griffes du monstre sioniste est aussi un objectif crucial ».
Sayed Khamenei a tenu aussi à signaler deux remarques : il a mis en garde entre la confusion entre un régime qui prône la souveraineté du peuple, ou le scrutin populaire décide des gouverneurs, tout en défendant les valeurs et les principes de la connaissance et de la Sharia islamique, et entre d’autre part un régime qui prône la démocratie libérale à l’occidentale.
Selon lui, la démocratie occidentale laïque et hostile à la religion parfois, n’a rien à avoir avec la souveraineté du peuple musulman engagé en faveur des valeurs islamiques et attaché aux fondements originels islamiques.
S’agissant du deuxième constat, son éminence a mis en garde contre l’extrémisme, le fanatisme ignorant et les mentalités rudimentaires.
« L’extrémisme religieux qui s’accompagne généralement d’une violence aveugle, est un facteur de retardement et d’écart des objectifs nobles. Il provoque de surcroit le dénigrement des peuples et donc il est un facteur d’échec »
Selon son éminence, l’éveil islamique est une réalité et n’est plus un concept ambigu, mais, constate-t-il toutefois « la scène est encore fragile, et a besoin de cristallisation, pour réaliser les objectifs finaux ».