05-05-2024 12:58 AM Jerusalem Timing

Premier sommet européen des 27+1 pour tirer les leçons du Brexit

Premier sommet européen des 27+1 pour tirer les leçons du Brexit

La tourmente politique dans laquelle est plongé le Royaume-Uni est d’autant plus grande que revient au premier plan la menace d’une sécession de l’Ecosse.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne vont presser ce mardi le Royaume-Uni de déclencher la procédure de divorce sans perdre de temps, en raison des risques sur les marchés, tout en s'efforçant de tirer les leçons du Brexit pour l'Europe et éviter une contagion à d'autres pays.

Alors que le Royaume-Uni a essayé lundi de rassurer les marchés sur sa
capacité à surmonter la crise née du vote pour un Brexit et a vu la note de sa
dette abaissée, l'Allemagne, la France et l'Italie ont annoncé leur volonté de
donner une "nouvelle impulsion" au projet européen.

Dans le même temps, ces pays --les trois économies les plus importantes de
la zone euro-- ont exclu toute négociation avec Londres, tant que la demande de
sortie de l'UE n'aurait pas été formalisée.

"Nous sommes d'accord là-dessus, il n'y aura pas de discussions formelles
ou informelles sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE tant qu'il n'y aura
pas de demande de sortie de l'UE au niveau du Conseil européen", a averti lundi
la chancelière allemande Angela Merkel pendant une conférence de presse à
Berlin au côté du président français François Hollande et du Premier ministre
italien Matteo Renzi, à la veille d'un sommet européen, mardi et mercredi, à
Bruxelles.

Parallèlement, en vue d'éviter que les "forces centrifuges" ne gagnent du
terrain en Europe et que le vote britannique ne donne des idées à d'autres
pays, "nous allons présenter une proposition à nos collègues", chefs d'Etat ou
de gouvernement des autres pays de l'UE, pour "donner une nouvelle impulsion"
au projet européen "au cours des prochains mois", a annoncé Angela Merkel.

Elle a notamment souligné que des avancées étaient envisagées dans les
domaines de "la défense, la croissance, l'emploi et la compétitivité".
   
"Pas de précipitation"

   
Le dîner du mardi sera dédié au Brexit avec les "explications" du Premier
ministre britannique David Cameron. "Quelques principes devraient ressortir de
cette discussion: prendre acte du résultat du référendum, insister sur le fait
que dans cette situation le Traité de Lisbonne définit un cadre juridique
ordonné", à savoir la "clause de retrait" (article 50), a souligné un diplomate
de haut rang.

Le lendemain, au petit-déjeuner, le président du Conseil Donald Tusk
réunira de façon "informelle" les 27 autres dirigeants, sans David Cameron,
afin de discuter des conséquences de la séparation britannique et de l'avenir
des relations avec le Royaume-Uni.

"Je regrette personnellement que le Royaume-Uni ne soit plus à la table des
discussions quand il y aura un dialogue Etats-Unis/UE", a pour sa part déclaré
le chef de la diplomatie américaine John Kerry, en visite à Londres. Il avait
plus tôt appelé les Européens à "ne pas perdre la tête".

Quant au chef de file des partisans du Brexit, Boris Johnson, qui
ambitionne de succéder à David Cameron, il a opté pour un ton inhabituellement
conciliant vis-à-vis de ses adversaires d'hier, martelant que le Royaume-Uni
fait "partie de l'Europe" et que la coopération avec ses voisins allait
"s'intensifier".

Il a réaffirmé que la sortie de l'UE n'interviendrait "pas dans la
précipitation", tandis que la presse britannique assurait que, face à
l'ex-maire de Londres, la ministre de l'Intérieur Theresa May devrait incarner
la candidature "anti-Boris" au sein du parti conservateur pour le poste de
Premier ministre.

Le ministre des Finances George Osborne a pour sa part indiqué dans le
Times de jeudi qu'il n'était pas le bon candidat pour diriger le parti
puisqu'il avait fait campagne pour le maintien dans l'UE.   

Signe d'un Brexit qui a du mal à passer chez une partie des Britanniques,
en particulier les jeunes, une pétition réclamant l'organisation d'un deuxième
référendum dépassait lundi soir les 3,8 millions de signatures. Et une
manifestation est prévue pour mardi en fin de journée à Trafalgar Square afin
de protester contre le résultat du référendum.
   
Retombées économiques et politiques
  
   Outre l'impatience de ses partenaires européens, le Royaume-Uni doit gérer
les retombées économiques.

L'agence de notation Standard & Poor's a ainsi retiré lundi au Royaume-Uni
sa précieuse note "AAA" (la plus haute), qu'elle lui attribuait depuis un
demi-siècle et lui permettait d'emprunter à des taux avantageux sur les
marchés. Réaction similaire de sa concurrente Fitch, qui a fait passer sa note
d'AA+ à AA avec perspective négative (elle pourrait donc être encore abaissée
dans les prochains mois).

Le Premier ministre David Cameron, qui a appelé à ne pas tourner le dos à
l'Europe, a pourtant tenté d'apaiser les inquiétudes, affirmant devant le
parlement que les fondamentaux économiques de son pays étaient bons et lui
permettraient de faire face aux incertitudes résultant du référendum.

La tourmente politique dans laquelle est plongé le Royaume-Uni est d'autant
plus grande que revient au premier plan la menace d'une sécession de l'Ecosse,
qui a voté à 62% en faveur d'un maintien dans l'UE.

Du côté des travaillistes, leur chef Jeremy Corbyn, accusé en interne de ne
pas avoir assez milité pour un maintien dans l'UE, a annoncé qu'il ne
démissionnerait pas, même si plus de la moitié de son cabinet fantôme a déjà
déserté en signe de protestation. 

Et comme si tout cela ne suffisait pas, l'Angleterre est sortie lundi
soir... de l'Euro-2016, battue par l'Islande (2-1) en huitièmes de finale.