28-03-2024 07:30 PM Jerusalem Timing

Rifaat al-Assad, oncle pro saoudien du président syrien, inculpé à Paris

Rifaat al-Assad, oncle pro saoudien du président syrien, inculpé à Paris

Pour des "biens mal acquis"

Un château, un haras, des hôtels particuliers... La fortune immobilière de Rifaat al-Assad, oncle du président syrien Bachar al-Assad, mais très proche de la monarchie saoudienne , lui vaut d'être inculpé en France, où la justice le soupçonne d'avoir utilisé des fonds détournés pour acquérir ces biens.
   
Ancien vice-président de Syrie, Rifaat al-Assad, aujourd'hui âgé de 78 ans, est le frère de l'ancien président Hafez al-Assad, qui l'avait écarté du pouvoir dans les années 80. Il vit depuis en exil, partageant sa vie entre la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne.
   
Le 9 juin, il a été inculpé à Paris pour recel de détournement de fonds publics, blanchiment, ainsi que travail dissimulé pour des salaires d'employés non déclarés et payés en liquide, selon une source proche de l'enquête. Il fait depuis l'objet d'un mandat d'amener.
   
L'enquête avait débuté après les plaintes déposées en 2013 et 2014 par l'ONG Sherpa, spécialisée dans la défense des victimes de crimes économiques et à l'origine de plusieurs enquêtes sur des "biens mal acquis" en France par des responsables étrangers.
   
Rifaat al-Assad est soupçonné de s'être bâti une fortune considérable grâce à l'argent issu de la corruption et de détournements de fonds en Syrie.
Dans un rapport de 2014 dont l'AFP a eu connaissance, les enquêteurs des douanes estimaient à environ 90 millions d'euros la valeur globale du patrimoine immobilier détenu en France par Rifaat al-Assad et sa famille, au travers notamment de sociétés luxembourgeoises. Ils avaient identifié quatre épouses officielles et une dizaine d'enfants.
   
L'inventaire comprenait un château et un haras dans la banlieue parisienne et plusieurs biens immobiliers dans les quartiers les plus riches de Paris, dont deux immeubles et un hôtel particulier dans la célèbre avenue Foch, ou encore des bureaux à Lyon (centre-est). Des biens acquis entre 1984, année de son arrivée en France avec sa suite, et 1988, selon les enquêteurs.
   
 'Important train de vie'
   
   
   Entendu une première fois en 2015, Rifaat al-Assad avait répondu que les fonds venaient du prince héritier et futur roi Abdallah d'Arabie saoudite dans les années 80, tout en assurant n'avoir pas géré lui-même ces acquisitions.
   
Il avait assuré ne rien connaître aux affaires financières. "On m'apporte des papiers pour signer et je signe". "Je ne sais pas payer, même le restaurant", avait-il dit selon des propos rapportés à l'époque à l'AFP par une source proche du dossier.
   
Mais aux yeux du juge, Rifaat al-Assad ne fournit qu'un justificatif pour un don de dix millions de dollars en 1984, "sans rapport avec sa fortune actuelle et son important train de vie", qui ne peuvent "s'expliquer que par des ressources occultes très importantes", a affirmé à l'AFP une source proche de l'enquête.
   
Rifaat al-Assad a longtemps été le bras droit de son frère aîné Hafez (père du dirigeant actuel Bachar). Accusé d'avoir mené la sanglante répression contre les Frères musulmans et notamment l'assaut sur la ville syrienne de Hama en 1982, il était tombé en disgrâce et avait été contraint à l'exil deux ans plus tard.

Proche de l'Arabie saoudite, il entretenait des relations étroites avec le défunt roi saoudien Abdallah.  
   
Avec AFP