La façon dont le gouvernement d’Erdogan a pris cette décision rappelle les beaux jours des liens entre Ankara et Washington. Tout pour faire passer des accords secrets sans soulever des questions !
Le feu vert accordé au déploiement du bouclier anti missile américain en Turquie fait couler beaucoup d’encre dans ce pays.
Il y a certes unanimité que cette décision a été prise en catimini, « pendant une nuit noire, en pleine tension avec Israël, et la veille de la tournée arabe du Premier ministre Recep Tayyeb Erdogan.
Des observateurs ont constaté que les journaux qui soutiennent le parti de la justice et du développement ont sciemment ignoré de soulever cette affaire comme si de rien n’était.
Alors que les critiques fusaient de la part des partis de l’opposition et d’intellectuels de gauche qui s’opposent au ralliement de la Turquie aux politiques occidentales dans la région.
Le sujet du bouclier devrait allumer la discussion prévue dans l’enceinte du parlement au début du mois d’octobre prochain, à la demande d’un interrogatoire proposé par le député du parti du Peuple républicain. Lors de la prise de cette décision, le parlement était en congé.
Selon le chroniqueur du journal Melliat, Diria Sazak, cette décision avait été qualifiée par le New York Times comme étant « l’entente militaire la plus importante entre la Turquie et les États-Unis » et qui ramène les liens entre les deux pays à la période qui précède mars 2003. Date à laquelle Ankara se démarqua de Washington, refusant de se rallier à sa guerre en Irak.
L’auteur souligne que la manière avec laquelle cette décision fut prise, en catimini rappelle les accords conclus en secret dans les années 60 et 70 du siècle dernier.
Interrogé sur ces transactions sur l’installation de bases militaires, l’ex-président turc Suleimane Dimiril répondait qu’il ne s’agissait que d’appareils, rappelle-t-il. « Il s’est avère par la suite que des têtes nucléaires avaient été déposées dans la base d’Angerlick. Elles furent dévoilées pour la première fois par l’organisation Green Peace », déplore Sazzak.
Emettant des craintes que la Turquie ne devienne la poubelle de l’Otan, il exige des explications détaillées sur cet accord.
Pour sa part, le député du parti du « Peuple Républicain » Ali-Riza Özturk est en train de préparer son interrogatoire au parlement. Parmi les questions qu’il compte poser au gouvernement actuel figurent les suivantes :
- Qui a pris la décision d’installer le bouclier anti missile en Turquie alors qu’il constitue une menace à la Turquie ?
- Quelles sont les obligations qui ont justifient son installation, après le refus de la Tchéquie et de la Pologne de le déployer sur leurs territoires ? Ne fallait-il pas le déployer dans un pays atlantiste qui soit hors de portée des missiles iranien ?
- Le déploiement de ce bouclier ne menace-t-il pas nos liens avec l’Iran ?
- Y-a-t-il des garanties que ces radars ne feront pas partie d’une guerre israélo-iranienne qui pourrait être déclenchée dans le futur ? Y a-t-il des garanties que les informations fournies par ces radars ne seront pas transmises par les États-Unis ou un autre pays à Israël ?
- ne serait-ce pas Israël qui profite de ce système de protection qui permet de détruire les missiles lancés par l’Iran avant même de déterminer leur direction, que ce soit vers un pays atlantiste ou Israël ?
- De qui sont formées les équipes de ce bouclier anti missile, et quelle est la partie chargée d’appuyer sur le bouton pour détruire les missiles ?
- Le conseil de l’Otan aura-t-il le temps de se réunir avant de prendre la décision d’intercepter les missiles ? Ou alors ces prérogatives sont accordées à d’autres, et qui sont-ils ? Est-ce que la présence d’officiers turcs au siège de commandement accorde à Ankara le droit de s’opposer à l’interception ?
- Est-ce un processus démocratique qu’une telle décision soit prise puis lue dans un communiqué par un employé avant même de l’avoir discutée au Parlement ?
Samedi dernier, des centaines de turcs ont manifesté dans la région Korageik, ou devrait être déployé le boulier anti missile, pour protester contre cette décision.
Selon des sources médiatiques, les manifestants protestaient contre ce déploiement, au motif qu’il ne sert en rien les intérêts de la Turquie, mais ceux des États-Unis et d’Israël, et est dirigé en premier lieu contre l’Iran.
Les habitants de cette région ont déclaré avoir une expérience pénible avec les radars.
Durant la guerre froide contre l’Union soviétique, les États-Unis en avaient installé des systèmes qui ne furent démantelés qu’à la fin de cette guerre. Les effets néfastes sur l’environnement et la santé des habitants furent fatidiques.