...Pour "ne pas contrarier" Washington
Les responsables occidentaux se trouvent dans une position étrange où ils négocient en secret des aspects sécuritaires avec Damas, au risque de subir le courroux de Washington, a déclaré le président Assad à un média australien.
Ils nous attaquent politiquement mais envoient des diplomates négocier avec nous sous la table, surtout concernant la sécurité, y compris votre gouvernement [australien] a déclaré Bachar el-Assad au reporter de SBS News Luke Waters.
«Ils ne veulent pas contrarier les Etats-Unis» a affirmé le président syrien. «En fait, la plupart des représentants occidentaux ne font que répéter ce que les Etats-Unis veulent qu'ils disent. Voilà la réalité», a précisé Bachar el-Assad durant l'entretien.
Avant la diffusion de l'interview, SBS a aussi interrogé l'ancien ambassadeur australien en Syrie, Bob Bowker, qui a démenti les affirmations du président syrien, en affirmant que «la réalité est qu'Assad est vu par l'Occident comme un dirigeant avec qui on ne peut pas négocier», ajoutant que Bachar el-Assad avait «perdu sa crédibilité [dans] le reste du monde arabe».
«Si vous qualifiez le combat contre le terrorisme de boucherie, c'est un autre problème»
Au cours de l'entretien, le journaliste de SBS cite le Premier ministre australien Malcolm Turnbull, qui a qualifié le président syrien de «tyran meurtrier», ainsi que le leader de l'opposition Bill Shorten qui, lui, l'a qualifié de «boucher».
«Ces déclarations, je peux simplement dire qu'elles sont déconnectées de notre réalité, car je combats les terroristes», a répondu Bachar el-Assad à ces accusations. «Notre armée combat les terroristes, notre gouvernement est contre les terroristes, toutes nos institutions sont contre les terroristes. Si vous qualifiez le combat contre le terrorisme de boucherie, c'est un autre problème», a-t-il poursuivi
Le président syrien a aussi réitéré sa condamnation de la présence «illégale» de combattants étrangers en Syrie : «S'il y a des étrangers venant sans la permission du gouvernement, alors ils sont hors-la-loi, qu'ils veulent combattre les terroristes ou mener un autre combat. […] C'est la même chose. Nous pouvons dire que c'est illégal.»
A la question de savoir s’il classifie tous les groupes opposants comme terroristes, le président al-Assad a dit : ” Bien sûr que non. Le groupe opposant qui adopte des moyens politiques n’est pas terroriste. Le terroriste c’est celui qui porte une mitrailleuse ou n’importe quelle arme, terrorise les gens et attaque les civils et les propriétés publiques et privées. L’opposition doit être syrienne et ne doit pas œuvrer par procuration pour d’autres pays, tels que l’Arabie Saoudite ou tout autre pays”.
Interrogé sur le règlement de la crise syrienne, il a réitéré qu’il réside dans le dialogue inter-syrien sur un processus politique, tout en luttant contre le terrorisme.
«En cas de l’arrêt de tout soutien logistique apporté aux terroristes par des pays occidentaux ou régionaux, tels que la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, de la participation des Syriens au dialogue et de la tenue d’un débat sur la constitution et sur l’avenir de la Syrie et du régime politique, le règlement sera très proche et ne sera point inaccessible », a-t-il martelé.
Interrogé sur la durée de la récupération de Raqqa des mains des terroristes de la milice wahhabite Daesh, il a fait savoir que cette ville est aussi importante qu’Alep, que Damas et toute autre ville: « Le danger des groupes terroristes ne réside pas dans le territoire qu’ils occupent, car cette guerre n’est pas conventionnelle. La question dépend de leur capacité à semer leur idéologique dans la population de la zone où ils se trouvent. L’accès à Raqqa n’est pas très difficile du côté militaire, c’est une question de temps ».
Il a toutefois mis l’accent sur le soutien néfaste de la Turquie au terrorisme : « Si on parle de la Syrie en tant que terrain militaire isolé, on pourra accéder à toute zone dans quelques semaines ou mois, mais sans prendre en compte les efforts turcs dans le soutien aux terroristes ».
A propos de l’accord de cessez-le-feu, le président syrien a indiqué que cet accord est mis toujours en vigueur dans la majorité des zones, mais ne l’est pas dans d’autres, faisant savoir qu’il ne faut pas oublier que les groupuscules terroristes violent quotidiennement l’accord et que les forces gouvernementales ont le droit, en vertu de l’accord, de leur riposter quand ils les attaquent.
Questionné sur son point de vue sur la raison du début de la crise en Syrie, le président Assad a fait noter : « Certains ont manifesté pour la réclamer des réformes et on ne peut pas dire que tous étaient terroristes ou mercenaires, mais la majorité des manifestants recevaient de fonds du Qatar pour manifester puis pour passer aux actes armés”.
Sources : RT, Sana