"Une éventuelle baisse de l’impôt sur les sociétés pourrait aider le Royaume-Uni à corriger l’impression négative laissée par le Brexit dans le monde des affaires".
Le ministre britannique des Finances George Osborne veut réduire drastiquement l'impôt sur les sociétés pour encaisser le choc du Brexit qui fait planer le risque d'un coup de frein à l'économie voire d'une récession.
Pour affronter les courants difficiles du Brexit, le Royaume-Uni a besoin d'une "économie super-compétitive", a prévenu le chancelier de l'Echiquier dans une interview au Financial Times. Et pour ça, rien de mieux que baisser l'impôt sur les sociétés selon lui.
Le quotidien des milieux d'affaires assure que le ministre voudrait le réduire sous la barre des 15%, une information confirmée à l'AFP par le Trésor.
Actuellement à 20%, cette taxe doit d'ores et déjà passer à 17% d'ici à 2020, mais Osborne voudrait aller encore plus loin pour prouver que son pays reste "ouvert aux entreprises".
Fervent partisan du maintien britannique dans l'UE, le ministre des Finances a semblé sonné dans un premier temps par la victoire des partisans de la sortie au référendum du 23 juin. Mais après avoir brillé par son absence des écrans radars pendant trois jours, il multiplie les déclarations depuis lundi dernier, alors que son parti conservateur est agité par la course à la succession du Premier ministre David Cameron, démissionnaire.
Avant le référendum, il avait dramatisé l'impact négatif attendu du Brexit pour l'économie britannique qui connaît une croissance confortable depuis deux ans et évoqué une possible récession. La semaine dernière, il a prévenu que le prochain gouvernement serait contraint d'accroître la politique d'austérité puis que les finances britanniques ne pourraient dégager l'excédent budgétaire promis pour 2020.
Dans ce contexte, sa sortie dans le Financial Times pourrait signifier une volonté de montrer qu'il reste sur le pont d'un navire britannique en pleine tempête, mais aussi de brosser les contours de ce que pourrait devenir une économie britannique post-Brexit.
Osborne débarqué à la rentrée ?
Scott Corfe, directeur du Centre for Economics and Business Research, a jugé qu'une éventuelle baisse de l'impôt sur les sociétés pourrait aider le Royaume-Uni à corriger l'impression négative laissée par le Brexit dans le monde des affaires.
"Avec des signes indiquant que l'économie risque de ralentir drastiquement, c'est le moment opportun de lancer des mesures de soutien budgétaire pour rassurer les entreprises sur le fait que le Royaume-Uni reste un endroit attractif pour faire des affaires", a-t-il expliqué.
Il a ajouté que la baisse de l'impôt sur les sociétés réduirait certes les recettes fiscales du gouvernement dans un premier temps, mais qu'à moyen terme elle pourrait favoriser un surcroît d'activité et donc une hausse des rentrées d'impôts.
Un tel changement fournirait en tous cas une prime d'attractivité au pays, dont l'impôt sur les sociétés, qui atteignait encore 28% en 2010, plongerait à des profondeurs éloignées des taux pratiqués chez ses voisins: l'Allemagne impose les entreprises aux alentours de 30%, tandis que la France les taxe à 33% bien que des exemptions permettent à certaines sociétés de réduire leur dû.
Mais Londres risquerait aussi d'être fustigée pour dumping fiscal et clémence exagérée envers les multinationales qui jouent de la concurrence entre les Etats pour réduire leurs factures. Le taux britannique s'approcherait même de celui du champion européen en la matière, l'Irlande (12,5%), souvent accusée de concurrence déloyale par ses partenaires.
Le ministre irlandais des Finances, Michael Noonan, a toutefois minimisé la portée des propos de M. Osborne, soulignant qu'un taux britannique à 15% ne serait "pas à des années lumières" des 17% déjà prévus au Royaume-Uni pour 2020.
Rien n'est certain de sucroît, car Osborne pourrait très bien ne pas être à la tête du Trésor à la rentrée, une fois désigné le nouveau chef du parti conservateur qui conduira le nouveau gouvernement pour négocier l'avenir des relations du Royaume-Uni avec l'UE.
Cinq candidats se sont déclarés pour la succession de David Cameron et son ambitieux ministre des Finances, dont le capital politique a lui aussi été endommagé par le Brexit, ne s'est pas mis sur les rangs.