Un projet irrite la Russie comme la Chine, lesquels reprochent à Washington de vouloir montrer ses muscles dans la région.
Washington et Séoul ont annoncé vendredi un accord sur le déploiement d'un bouclier antimissile américain en Corée du Sud, au moment où Pyongyang qualifiait les sanctions américaines contre son dirigeant de "déclaration de guerre".
L'annonce de ces sanctions sans précédent contre Kim Jong-Un, "leader suprême" de la Corée du Nord, survient au moment où celle-ci commémore la mort de son grand-père, Kim Il-Sung, père fondateur du régime décédé il y a 22 ans.
Les deux alliés avaient commencé à discuter du déploiement du système avancé THAAD en février, juste après le tir par la Corée du Nord d'une fusée à longue portée, qui suivait son quatrième essai nucléaire du 6 janvier.
"Sur la base de ces consultations, le (Sud) et les Etats-Unis ont décidé en alliés de déployer THAAD (...) comme mesure de défense pour assurer la sécurité de (la Corée du Sud) et de son peuple", selon un communiqué conjoint des deux ministères de la Défense.
Le communiqué n'apporte pas de précision sur la date du déploiement du système antimissiles et ajoute que les deux pays en sont au stade final pour le choix du site.
Le système THAAD tire des missiles conçus pour intercepter et détruire des missiles balistiques alors qu'ils sont encore juste à l'extérieur de l'atmosphère ou bien qu'ils viennent d'y entrer, durant leur dernière phase de vol.
Ce projet irrite la Russie comme la Chine, lesquels reprochent à Washington de vouloir montrer ses muscles dans la région.
La Chine a d'ores et déjà condamné ce déploiement, disant qu'il allait "nuire gravement" à la sécurité régionale.
Le communiqué conjoint tente de désamorcer les tensions régionales. Une fois déployé, le système THAAD ne visera que des attaques potentielles venues de Corée du Nord, prend soin de souligner le texte.
"Lorsque le système THAAD sera déployé sur la péninsule coréenne, il concernera uniquement les menaces nucléaires et balistiques émanant de la Corée du Nord, et ne sera pas dirigé contre un pays tiers".
'L'acte le plus hostile'
Depuis le dernier essai nucléaire nord-coréen, qui a valu à Pyongyang les sanctions les plus dures qui lui ont jamais été infligées par le Conseil de sécurité de l'ONU, les tensions redoublent sur la péninsule.
Washington a placé Kim Jong-Un sur sa liste noire des sanctions contre les individus, citant de grave violations des droits de l'Homme.
Si de telles sanctions risquent d'avoir une portée plus symbolique que substantielle, la Corée du Nord a réagi vendredi avec virulence.
La déclaration du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, publiée par l'agence officielle KCNA, traduit l'hyper sensibilité de la Corée du Nord à toute attaque personnelle contre la dynastie régnante.
Ces sanctions constituent "l'acte le plus hostile" des Etats-Unis et "une déclaration de guerre ouverte", a dit le ministère.
Pyongyang a appelé les Etats-Unis à revenir immédiatement sur ces sanctions, prévenant que le pays romprait immédiatement tous les canaux diplomatiques si Washington ne le faisait pas.
Pyongyang prendra des "contre-mesures extrêmement fortes" en représailles, ajoute-t-il, sans autre précision sur la nature de ces éventuelles mesures.
"Les Etats-Unis ont osé défier la dignité de notre autorité suprême, un acte qui évoque celui d'un chiot nouveau-né qui ne craint pas le tigre", selon le ministère.
"Maintenant que les Etats-Unis ont déclaré la guerre à la Corée du Nord, tout problème venu des relations avec les Etats-Unis sera traité aux termes du droit en temps de guerre".
Pyongyang est coutumier des déclarations belliqueuses et a déjà qualifié les actions américaines ou sud-coréennes de déclaration de guerre. Mais la référence au "droit en temps de guerre" est rare, et suggère que le Nord pourrait traiter Washington comme s'ils étaient déjà engagés dans un conflit.