Le centre de Dallas demeurait vendredi une scène criminelle livrée aux démineurs et experts balistiques.
Cinq policiers ont été abattus et sept autres blessés à Dallas dans une attaque perpétrée par au moins un tireur, qui a déclaré vouloir tuer des Blancs avant de périr vendredi dans l'intervention d'une force d'élite.
Le président américain Barack Obama a ordonné vendredi que les drapeaux soient mis en berne aux Etats-Unis jusqu'au 12 juillet après la tuerie de Dallas dans laquelle cinq policiers ont trouvé la mort.
"Par respect pour les victimes de l'attaque (...) j'ordonne que le drapeau américain soit mis en berne à la Maison Blanche et sur tous les bâtiments publics, postes militaires et vaisseaux de la Marine" à travers les Etats-Unis, a annoncé le président dans une déclaration écrite.
Ce déferlement de violence, sur fond de tensions racistes avivées, a semé le chaos dans cette grande ville du sud des Etats-Unis, où se tenait jeudi soir une manifestation en hommage à deux Noirs tués par la police dans deux autres régions du pays.
S'exprimant à Varsovie, le président Barack Obama a dénoncé "des attaques haineuses, calculées et méprisables", pour lesquelles il n'existe "pas de justification".
Le centre de Dallas demeurait vendredi une scène criminelle livrée aux démineurs et experts balistiques.
On ignorait le nombre exact de suspects ayant participé à la fusillade, le principal tireur présumé s'étant retranché durant des heures dans un bâtiment où il a finalement été tué grâce à un robot policier télécommandé, porteur d'une bombe.
Toute autre option qu'une explosion pour neutraliser le tireur "aurait fait courir un grand danger aux policiers", a assuré David Brown, le chef de la
police de Dallas.
Le suspect, un Noir de 25 ans, s'appelait Micah Johnson et vivait à Mesquite, en banlieue de Dallas, ont rapporté des médias américains. Il n'avait pas de casier judiciaire et n'était affilié à aucun groupuscule radical.
"Le suspect a dit qu'il en voulait aux Blancs, qu'il voulait tuer des Blancs, en particulier des policiers blancs", a déclaré M. Brown. Il a précisé que le suspect avait soutenu avoir agi seul.
"Il n'y a pas de mots pour décrire l'atrocité qui a touché notre ville. Cette fracture entre notre police et nos citoyens doit cesser", a plaidé le chef policier au terme de cette nuit blanche.
Chaos total
Les témoins sur place, et notamment les manifestants rassemblés pour dénoncer les abus policiers, ont relaté des scènes de panique, des tirs nourris, des habitants s'enfuyant dans toutes les directions.
"Il y avait des Noirs, des Blancs, des latinos, tout le monde. Et il y a eu (les coups de feu) sortis de nulle part", a relaté un témoin. "C'était le chaos total, c'est complètement fou".
Plusieurs autres suspects ont été placés en garde à vue, a par ailleurs indiqué le maire de Dallas, Mike Rawlings, en refusant d'indiquer le nombre exact. L'attaque a selon lui également fait deux blessés parmi les civils.
Ce bilan de 12 victimes dont cinq morts est le pire enregistré par les forces de l'ordre aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001.
Les deux candidats à l'élection présidentielle américaine, Hillary Clinton et Donald Trump, ont annulé vendredi matin leurs meetings de campagne après la tragédie de Dallas.
C'est "une attaque contre notre pays", a jugé M. Trump dans un communiqué, dénonçant "l'horrible attaque, à la manière d'une exécution".
"Je pleure pour les policiers tués en faisant leur devoir sacré pour protéger des manifestants pacifiques, pour leur famille et tous ceux qui servent avec eux", a écrit pour sa part Mme Clinton.
Les médias américains ont diffusé une vidéo montrant le principal tireur, que l'on voit épauler un fusil d'assaut et faire feu sur des cibles non identifiées.
"C'est lui, là, à côté de la colonne blanche, regardez, il tire vers la gauche, tire vers la droite, tire de l'autre côté, on voit qu'il vise quelqu'un", commente un témoin, Ismael DeJesus, qui filmait depuis un hôtel proche.
Racisme latent, armes visibles
"Ensuite il s'est retourné, pour vérifier que personne n'arrivait derrière lui, mais il y avait un policier qui arrivait et qui a essayé de l'avoir, mais ça s'est mal terminé (pour l'agent). C'était une exécution, franchement. Alors qu'il était déjà à terre, l'homme a encore tiré sur lui trois ou quatre fois", dit-il.
Les armes à feu sont très répandues au Texas, Etat où il possible de sortir armé de façon visible sur la voie publique. Comme après chaque tuerie sur le sol américain, les critiques ont fusé pour dénoncer la facilité qu'ont les tireurs à s'équiper en engins de mort.
Mais la National Rifle Association (NRA), premier lobby des armes aux Etats-Unis, a esquivé ces reproches. "Je tiens à exprimer la profonde sympathie que nous ressentons pour les policiers héroïques de Dallas tués ou blessés", a déclaré Wayne LaPierre, responsable de la NRA.
Le rassemblement à Dallas s'inscrivait dans le cadre de plusieurs manifestations organisées à travers les Etats-Unis pour protester contre la mort de deux hommes noirs abattus par la police cette semaine, l'un en Louisiane (sud), l'autre dans le Minnesota (nord).
En pointe de ces protestations, le mouvement Black Lives Matter ("les vies noires comptent") s'est défendu d'avoir jeté de l'huile sur le feu.
"Black Lives Matter combat pour la dignité, la justice et la liberté. Pas le meurtre", a fait savoir l'organisation.