La preuve..
Si le Brexit a lieu et que le Royaume-Uni se retire effectivement de l'UE, le contrôle américain sur l'Europe reviendra à l'Otan, estime un ancien de la diplomatie yougoslave.
Il n'est pas sûr que le Brexit ait lieu finalement, vu les tentatives actuelles d'organiser un nouveau référendum, ce qui est évidemment dans l'intérêt des Etats-Unis et de l'Otan, a supposé dans une interview à Sputnik Vladislav Jovanovic, par le passé ambassadeur de Yougoslavie en Turquie.
"Mais si le Royaume-Uni se retire tout de même de l'Union européenne, l'Otan reprendra le rôle dont ce bloc a été chargé lors de sa fondation il y a 50 ans, à savoir tenir l'Allemagne en Europe et l'Union soviétique, aujourd'hui la Russie, le plus loin possible de l'Europe et assurer en permanence aux Etats-Unis leur statut de force militaire la plus puissante dans le vieux monde", a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter qu'en plus de sa fonction militaire, l'Otan devrait assumer le contrôle sur le niveau d'influence américaine au sein de l'Union européenne.
"Auparavant, les Américains exerçaient leur autorité sur l'Europe par le biais de l'Otan et du Royaume-Uni, mais avec le départ des Britanniques, il faudra renforcer l'Alliance", a conclu le diplomate.
L'Otan envoie quatre bataillons en Europe de l'Est
Dance ce contexte d'idées, on comprend mieux pourquoi l'Otan a décidé d'envoyer quatre bataillons multinationaux en Pologne et dans les pays baltes, commandés par les Etats-Unis, le Canada, l'Allemagne et la Grande-Bretagne.
Il s'agit d'un déploiement destiné à rassurer l'Europe de l'Est, inquiète des ambitions russes. L'annonce en a été faite par le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg au soir du premier jour d'un sommet de l'Otan à Varsovie.
Le président Barack Obama avait annoncé auparavant l'envoi d'un millier de soldats américains pour un de ces bataillons. Les Américains serviront "côte à côte" avec leurs camarades polonais, a dit M. Obama.
Ils devraient mener fréquemment des missions d'entraînement et seront "mécanisés", autrement dit apporteront avec eux des équipements pouvant comprendre des transports de troupes blindés.
La Grande-Bretagne s'est engagée à envoyer 650 hommes, dont 500 en Estonie et 150 en Pologne. L'Allemagne et le Canada doivent assurer le commandement d'un bataillon multinational chacune, en Lituanie et en Lettonie.
Le Canada avait annoncé il y a quelques jours l'envoi de mille hommes, tandis que la Belgique et la France doivent dépêcher 150 soldats chacune.
Les unités, présentes sous forme de rotations, doivent servir de "fil déclencheur" pour dissuader la Russie de tenter une incursion.
Elles seront appuyées par la force "fer de lance", une force de réaction très rapide, comptant quelque cinq mille hommes et capable d'arriver sur zone en quelques jours.
L'objectif de l'Otan est de prévenir la répétition du scénario ukrainien et une hypothétique annexion par la Russie d'une partie du territoire de l'une des
anciennes républiques baltes soviétiques.
L'Otan a multiplié les exercices dans l'est de l'Europe pour vérifier le niveau de préparation de ses troupes et rassurer des alliés. L'Alliance a aussi envoyé des avions supplémentaires pour assurer la police des airs, surtout le long des côtes des pays baltes.
Dans le Sud de l'Europe, l'Otan s'occupe de plus en plus de la sécurité de la Roumanie et de la Bulgarie, qui voient avec inquiétude le renforcement du
militaire russe en mer Noire. L'Alliance prévoit d'envoyer en Roumanie une force destinée à rassurer aussi ce pays. "Nous percevons dans la zone de la mer Noire des signes d'intimidation", a dit un haut responsable américain.
Bouclier antimissile
En plus de leur effort au sein de l'Otan, les Etats-Unis comptent dépenser cette année 3,4 milliards de dollars pour des "mesures de réassurance".
Le Pentagone doit déployer par ailleurs une brigade blindée de 4.200 hommes en 2017 en Europe de l'Est. M. Obama a annoncé vendredi que son quartier général serait situé en Pologne. "Autrement dit, la Pologne verra une présence accrue du personnel de l'Otan et des Etats-Unis, avec des équipements militaires les plus modernes", a souligné le président américain.
Mais il n'a pas donné de détails sur l'endroit d'où viendront les troupes américaines, y compris celles faisant partie du bataillon de l'Otan, ni où elles seront stationnées.
Les Etats-Unis sont également en train de déployer un système antimissile en Europe, qui devrait relever à l'avenir de la compétence de l'Otan. Ces installations, basées en Turquie, en Roumanie et en Espagne, "sont maintenant en mesure de fonctionner sous un commandement de l'Otan et un contrôle de l'Otan", a annoncé Jens Stoltenberg.
La France, inquiète pour sa propre dissuasion nucléaire, demande toutefois que des conditions très strictes soient définies pour la mise en oeuvre de ce système au nom de l'Otan.
Ce dispositif est destiné à intercepter des missiles à longue portée qui pourraient venir "d'au-delà de la zone euro-atlantique" autrement dit d'Iran ou du Proche-Orient, mais non de Russie. Mais Moscou considère que, lorsqu'il sera opérationnel, ce système, jadis appelé "bouclier antimissile", modifiera l'équilibre de dissuasion en faveur de l'Occident.
A l'ordre du jour des dirigeants de l'OTAN figurait aussi l'application de leur décision d'il y a deux ans de renverser la tendance à réduire les dépenses militaires et à porter celles-ci au niveau de 2% du PIB des pays membres.
Seuls cinq des 28 Etats membres ont atteint cet objectif. "Nous avons encore un long chemin à parcourir mais nous avons franchi un tournant", a estimé M. Stoltenberg.
Avec Sputnik et AFP