Israël emprisonne fréquemment des membres des familles des dirigeants politiques palestiniens dans le cadre d’une politique que les groupes de défense des droits de l’homme qualifient de « punition collective".
Après son maintien pendant trois mois en prison, les autorités israéliennes d’occupation ont libéré ce mardi la jeune palestinienne Nuran Mahmoud al-Balboul, âgée de 14 ans, à la suite d’un appel présenté devant un tribunal israélien pour sa libération anticipée.
La mère et la famille de Nuran l’ont accueillie à un barrage militaire près du village de Beit Sira à l’ouest de Ramallah, ainsi que le responsable du Comité palestinien des Affaires des prisonniers, Issa Qaraqe, avant que tous ne se dirigent vers le siège du comité à al-Bireh.
La famille est ensuite retournée à sa maison dans le village d’al-Khader près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie occupée.
Nuran a été kidnappée le 13 avril dernier au barrage militaire à l’entrée nord de Bethléem, pour avoir prétendument porté un couteau dans son cartable.
L’avocat Abeer Bakr a déclaré mardi que la libération est intervenue après que la Cour israélienne a accepté un appel présenté par le comité pour une libération anticipée de Nuran.
Le comité a dit dans une déclaration que Nuran a été agressée par des soldats quand ils l’ont détenue, et il a également catégoriquement réfuté l’affirmation selon laquelle elle avait un couteau en sa possession, en disant qu’elle était en fait détenue pour avoir vertement répliqué à une femme soldat alors qu’elle voulait entrer dans Jérusalem avec sa tante.
Sa tante a également nié que Nuran avait un couteau à ce moment-là.
Les parents ont décrit Nuran comme une enfant brillante avec une forte personnalité et une tendance à avoir « la langue acérée » avec les forces israéliennes d’occupation.
Juste deux mois après la détention de Nuran, ses frères Mohammed et Mahmoud ont aussi été arrêtés et sont toujours détenus par Israël, laissant leur mère seule pendant tout le mois sacré du Ramadan.
Les trois jeunes sont les enfants d’Ahmad al-Balboul, un leader de premier plan des Brigades des martyrs Al-Aqsa, du Fatah, qui a été assassiné avec trois autres Palestiniens par les forces israéliennes d’occupation en mars 2008.
Selon les Palestiniens, Israël emprisonne fréquemment des membres des familles des dirigeants politiques palestiniens dans le cadre d’une politique que les groupes de défense des droits de l’homme qualifient de « punition collective » visant à perturber la vie de famille pour les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Les deux frères Balboul se sont depuis mis en grève de la faim pour protester contre leur détention administrative, une politique israélienne d’internement sans inculpation ni jugement sur la base de preuves non divulguées.
La libération très attendue de Nuran est intervenue un peu plus de deux mois après que les autorités israéliennes d’occupation aient libéré Dima al-Wawi, âgée de 12 ans, qui avait passé deux mois et demi dans une prison israélienne pour une prétendue tentative d’homicide devant une colonie israélienne illégale.
Elle est la plus jeune femme palestinienne à avoir jamais être incarcérée par Israël.
Les violations du droit contre les enfants palestiniens dans le système judiciaire militaire d’Israël sont largement documentées.
Selon les données obtenus par le journal Haaretz auprès du Service pénitentiaire israélien, le nombre de mineurs palestiniens emprisonnés pour des infractions liées à la sécurité de l’occupant est passé de 170 à 438 entre septembre 2015 et février 2016, à la suite d’une vague de révoltes qui se sont propagés depuis octobre à travers le territoire palestinien occupé.
Dima al-Wawi avait été parmi les cinq enfants palestiniens et la seule fille de moins de 14 ans détenus dans les prisons israéliennes au cours de cette période, alors qu’il n’y avait pas de Palestiniens de moins de 14 ans emprisonnés en Israël avant septembre dernier, ajoute le rapport.
Une seule jeune fille palestinienne était maintenue en détention en Israël avant septembre 2015, tandis qu’elles sont au moins 12 a avoir été emprisonnées depuis.
Selon le groupe Addameer de défense des droits des prisonniers, il y avait en mai 7000 Palestiniens détenus par Israël, dont 715 qui sont sous le coup e la détention administrative.
Parmi le total des prisonniers, 70 étaient des femmes et 414 étaient des enfants, dont 104 âgés de moins de seize ans.
Source: Info-Palestine