Selon l’AFP, le Premier ministre turc a réiteré la position traditionnelle de son pays, selon laquelle il n’y aura pas de solution en Syrie sans le départ du président syrien
Via des canaux secrets, la Turquie s’emploie pour rentrer en lien avec le président syrien Bachar al-Assad, a révélé le magazine américain Foreign Policy.
Depuis la nomination du nouveau Premier ministre Binali Yildirim, la politique étrangère turque connait un réajustement important. Pas seulement a destination d’Israël et de la Russie mais également de la Syrie.
C’est ce qu’assure en tout cas deux responsables du parti turc Vatan, son président DOgu Perincek et son adjoint Hakki Pekin, lesquels révèlent avoir rencontré l’an dernier des membres des gouvernements russe, chinois, iranien et syrien, pour leur transmettre des messages envoyés par de hauts responsables de l‘institution militaire turc et du ministère des affaires étrangères.
Perincek et Pekin assurent aussi avoir même rencontré le président syrien en février 2015 pour la première fois « et les deux protagonistes se sont entendus durant cette rencontre sur la nécessité que la Turquie et la Syrie œuvrent de concert pour combattre les groupes séparatistes et terroristes », rapporte le périodique américain.
La Turquie est secouée depuis des décennies par un mouvement séparatiste kurde menée par le parti PKK et connait actuellement une escalade de ses attentats.
Selon la revue américaine, Pekin et d’autres responsables de ce parti turc ont visité trois fois Damas, en décembre, avril et mai et ont rencontré des responsables sécuritaires hauts-placés ainsi que des responsables politiques et diplomatiques du gouvernement syrien. Dont Mohammad Dib Zeitoune, le chef du service des renseignements généraux, Ali Mamlouk, le président du Bureau de sécurité nationale, ainsi que le ministre des AE Walid al-Mouallem et le vice-ministre Fayçal al-Mokdad.
Le sujet essentiel qui a été soulevé a été « la préparation du terrain pour une reprise des relations diplomatiques et la collaboration entre la Turquie et la Syrie ».
Pekin qui en informait le contenu et les résultats aux responsables turcs du ministère des AE et à l’armée assure avoir perçu un changement progressif dans le comportement des responsables turcs durant les 18 derniers mois. «En janvier 2015, la Turquie n’était pas encore prête pour opérer un changement dans sa politique… Mais durant ma dernière visite j’ai constaté que les responsables du ministère des AE étaient plus ouverts et plus souples face à cette question », indique Pekin.
Interrogé par Foreign Policy, un haut responsable du ministre turc a nié que la Turquie soit en train de négocier avec la Syrie assurant avoir écouté le récit de Pekin sans échanger avec lui les points de vue sur ses rencontres.
Mercredi, le Premier ministre turc a déclaré que son pays voulait normaliser ses relations avec Damas et Bagdad, estimant qu’il est nécessaire de rétablir la stabilité en Syrie et en Irak.
Selon l'AFP, il a toutefois affirmé qu'il ne peut y avoir de solution politique au conflit chez le voisin syrien et à la menace wahhabite takfiriste tant que le président Bachar al-Assad restera au pouvoir.
"D'une part il y a Assad et de l'autre Daech. Si vous nous demandez si l'on préfère Assad ou Daech, nous ne pouvons choisir ni l'un ni l'autre", a-t-il dit, interrogé par la BBC.
Le président Recep Tayyip Erdogan a longtemps joué un rôle trouble en Syrie, en soutenant notamment les milices armées opposées au gouvernement de Damas, mais aussi en faisant preuve de laxisme concernant les mouvements et les déplacements des milices wahhabites takfiristes de Daesh et du front al-Nosra à la frontière turco-syrienne. Des indices irréfutables accusent aussi Ankara de collaboration commerciale avec Daesh (Etat islamique).