Le chauffeur du camion a tiré avec un pistolet avant d’être abattu. L’état d’urgence prolongé.
La France frappée par un attentat en pleine fête nationale: au moins 84 personnes ont été tuées jeudi soir, lorsqu'un camion a foncé sur la foule qui assistait à un feu d'artifice à Nice (sud-est).
Huit mois après les attaques takfiristes de novembre à Paris, qui avaient fait 130 morts, la France a replongé dans l'horreur avec des scènes effroyables sur la Promenade des Anglais, haut-lieu touristique près de la Méditerranée.
Alors que le feu d'artifice touchait à sa fin, un camion blanc a foncé à pleine vitesse dans la foule, qui rassemblait des milliers de personnes dont de nombreux étrangers, et renversé tous ceux qui se trouvaient sur son chemin sur près de deux kilomètres.
Au moins 84 personnes, dont des enfants, ont été tuées et des dizaines blessées, dont 18 se trouvaient "en état d'urgence absolue", selon un bilan provisoire des autorités.
Le chauffeur du camion a tiré avec un pistolet avant d'être abattu
Selon des sources concordantes, le chauffeur du camion aurait tiré plusieurs fois avec un pistolet avant d'être abattu.
"Au moment où il a été abattu par les policiers, il avait fait feu plusieurs fois", a souligné vendredi l'ex-maire de Nice et actuel président de la région de la ville, Christian Estrosi.
Selon une autre source proche des enquêteurs, le conducteur du camion a fait feu "avec un pistolet".
En outre, une "grenade inopérante" a été retrouvée dans le camion ainsi que "des armes longues factices".
Des papiers d'identité au nom d'un Franco-Tunisien âgé de 31 ans ont été retrouvés dans son véhicule.
"Des armes lourdes" s'y trouvaient également, selon Estrosi.
Hollande prolonge l’état d’urgence
Le "caractère terroriste" de l'attaque, qui n'a pas été revendiquée, "ne peut être nié", a déclaré dans une allocution télévisée le président François Hollande.
"La France a été frappée le jour de sa fête nationale, le 14 juillet, symbole de la liberté", a-t-il souligné, en dénonçant une "monstruosité".
Hollande a en outre annoncé une prolongation pour trois mois supplémentaires de l'état d'urgence, qui devait prendre fin dans quinze jours.
Ce régime d'exception, décrété dans la foulée des attentats du 13 novembre, autorise les perquisitions sans le contrôle d'un juge et l'assignation à résidence de suspects.
Il a également annoncé le recours à des citoyens réservistes pour seconder les policiers et les gendarmes, notamment dans le "contrôle aux frontières".
"Rien ne nous fera céder dans notre volonté de lutter contre le terrorisme et nous allons encore renforcer nos actions en Syrie comme en Irak", a en outre assuré le président Hollande.
Une cellule d'aide aux victimes a été ouverte au ministère des Affaires étrangères avec un numéro d'urgence pour les proches (+33.1.43.17.56.46).
Condamnations de par le monde
L'attaque a suscité une vague d'indignation.
En France, les différentes instances représentatives de la communauté musulmane ont unanimement condamné l'attentat.
A l'étranger, l'autorité musulmane d'Al-Azhar a appelé à l'unité contre le "terrorisme". "Al-Azhar affirme la nécessité d'unir les efforts pour vaincre le terrorisme et débarrasser le monde de ce mal".
"La Russie est solidaire avec le peuple français en ce jour difficile", a de son côté réagi le président russe, qui a qualifié l'attentat de "particulièrement cruel" et "cynique".
"La victoire contre ce +mal monstrueux+ nécessite l'union des forces de l'humanité civilisée", a affirmé Vladimir Poutine, ajoutant que "la Russie est prête à une coopération étroite avec la France" pour "lutter contre le terrorisme".
L'ONU a pour sa part condamné un acte "barbare et lâche" et le président américain Barack Obama "une horrible attaque terroriste".
Frappée deux fois l'an dernier par des attentats takfiristes sans précédent (17 morts les 7, 8 et 9 janvier et 130 morts le 13 novembre), la France vivait depuis dans la crainte de nouvelles attaques en dépit d'un dispositif sécuritaire drastiquement renforcé.
Le groupe takfiro-wahhabite (EI), qui perd du terrain en Irak et en Syrie, a menacé régulièrement la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale dans ces deux pays.
Depuis plus d'un an, plusieurs projets d'attentat ont été déjoués en France mais de nouvelles attaques étaient notamment craintes à l'occasion de l'Euro de football, qui s'est terminé dimanche sans incident.