Plusieurs responsables de droite accusent les autorités de ne pas avoir pris de mesures de sécurité suffisantes alors que ce pays est en état d’urgence depuis novembre 2015 en raison du risque terroriste.
Le groupe terroriste Daech (EI) a revendiqué ce samedi l'attentat de Nice sur la Côte d'Azur, un carnage dont l'ampleur, le mode opératoire et le profil de son auteur placent la France face à "un attentat de type nouveau" selon les autorités.
Encore sous le choc de cette tuerie de masse perpétrée à l'aide d'un camion - une première en France -, hantés par des images atroces d'enfants écrasés, des rescapés ou des proches des victimes cherchaient samedi des informations ou du soutien psychologique dans plusieurs hôpitaux de cette ville du sud-est.
84 personnes, dont 10 enfants et adolescents, ont été tuées jeudi soir sur la célèbre Promenade des Anglais de Nice à l'issue du feu d'artifice de la fête nationale du 14 juillet, par le camion conduit par un Tunisien de 31 ans, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel.
Cinq enfants étaient toujours samedi entre la vie et la mort, dont un garçon de huit ans non identifié. 16 corps étaient n'étaient toujours pas identifiés.
L'auteur de l'attaque, que le groupe EI a présenté dans sa
revendication comme "un soldat de l'Etat islamique", semblait jusque-là avoir
davantage un profil de déséquilibré, était inconnu des services de
renseignement et n'avait pas de liens avérés avec le radicalisme religieux.
"Il semble qu'il se soit radicalisé très rapidement, ce sont des premiers
éléments qui apparaissent à travers les témoignages de son entourage", a
déclaré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à l'issue d'une réunion de
crise du gouvernement à l'Elysée.
"Nous sommes désormais confrontés aux individus qui sensibles au message de
Daech s'engagent dans des actions extrêmement violentes sans nécessairement avoir participé aux combats, sans nécessairement avoir été entraînés et sans disposer d'armes destinées aux attentats de masse", a ajouté Cazeneuve.
"Nous sommes face à un attentat de type nouveau", qui illustre "l'extrême complexité de la lutte antiterroriste".
Failles dans la sécurité ?
Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était seulement connu de la justice pour des
"faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016".
Selon son père, il avait fait une dépression au début des années 2000 et
n'avait pas de pratique religieuse affichée.
Quatre hommes de l'entourage du Tunisien ont été placés en garde en vue.
L'ex-épouse du tueur, abattu par la police après avoir écrasé familles et
touristes sur la célèbre Promenade des Anglais, était toujours en garde à vue
samedi matin.
L'attentat de Nice constitue la troisième attaque de masse ayant visé la
France, après les attentats de janvier 2015 contre le journal Charlie-Hebdo,
des policiers et des juifs (17 morts) et les tueries de novembre 2015 (130
morts à Paris).
Elle a replongé la population dans l'effroi mais cette fois la cohésion
nationale, invoquée après les précédentes attaques, a volé en éclats, plusieurs
responsables de droite et d'extrême droite ayant accusé les autorités de ne pas
avoir pris de mesures de sécurité suffisantes alors que ce pays est en état
d'urgence depuis novembre 2015 en raison du risque terroriste.
Pendant la réunion de crise samedi, le président français François Hollande
a lancé un appel à la "cohésion" et à "l'unité" en France et dénoncé les
"tentations de diviser un pays", selon le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.
"L'idée qu'il (le président) se fait de la France, c'est que ça doit rester
un grand pays du vivre ensemble, l'idée qu'il se fait de la France, c'est un
pays qui respecte ses valeurs et ses principes et ses valeurs républicaines",
a-t-il ajouté.
Nombre de quotidiens s'interrogeaient aussi samedi sur la façon dont le
camion frigorifique de 19 tonnes avait pu pénétrer jeudi soir en pleine fête
nationale dans une enceinte réservée aux piétons et sécurisée par les forces de
l'ordre en période d'état d'urgence.
Le ministre de l'Intérieur a balayé ces critiques, répétant que la police
était "présente, très présente, sur la Promenade des Anglais" jeudi soir. Le
camion a forcé le passage en montant sur le trottoir, a-t-il rappelé.
Au moins 17 étrangers ont trouvé la mort dans l'attaque, dont trois
Allemands, deux Américains, trois Tunisiens et trois Algériens.
Une minute de silence sera observée lundi à 12H00 (10H00 GMT) en hommage
aux victimes.
Le président français a annoncé la prolongation pour trois mois
supplémentaires de l'état d'urgence. Ce régime d'exception, décrété après les
attentats du 13 novembre, facilite notamment les perquisitions et l'assignation
à résidence de suspects.