16-11-2024 02:28 AM Jerusalem Timing

Navires iraniens en Méditerranée : passeront, ne passeront pas??

Navires iraniens en Méditerranée : passeront,  ne passeront pas??

Rien n’est encore décidé ce jeudi soir sur le sort des deux navires militaires iraniens qui comptent traverser le Suez, pour la première fois depuis 1979. Les contacts irano-égyptiens sont en cours. Alors que les Israéliens se tro

Des responsables iraniens "sont en contact" avec les autorités égyptiennes pour obtenir l'autorisation de faire transiter deux navires de guerre iraniens par le canal de Suez, a annoncé jeudi la chaîne de télévision iranienne Press-TV citant un responsable de la marine.
  

Selon la chaîne anglophone Press-TV, ce responsable non identifié a confirmé que "deux navires de guerre iraniens sont en route vers le canal de Suez, qu'ils doivent traverser".
   "Il a indiqué que les responsables iraniens étaient en contact avec des responsables au Caire pour obtenir la passage des navires, en ajoutant que les autorités égyptiennes estimaient qu'il n'y avait aucun problème à ce passage", toujours selon Press-TV.
  

Une certaine confusion régnait jeudi autour du passage éventuel par le canal de Suez des deux bâtiments, une petite frégate Alvand de 1.500 tonnes comptant un équipage de 135 hommes et armé de torpilles et de missiles antinavires, ainsi qu'un pétrolier ravitailleur Kharg de 33.000 tonnes.

Selon l’AFP, ils ont été construits et vendus par la Grande-Bretagne il y a une vingtaine d'années.

Leur arrivée avait été annoncée mercredi par Israël mais démenti par un responsable de l'Autorité du canal de Suez qui a affirmé jeudi n'avoir reçu aucune demande en ce sens des autorités iraniennes.
  
"Tout bâtiment militaire a besoin d'une autorisation du ministère de la Défense et du ministère des Affaires étrangères. Nous n'avons pas vu de telles autorisations. J'ai besoin de les avoir en main avant toute permission de passer", a affirmé à l'AFP Ahmed al-Manakhly, chef des opérations de l'Autorité du canal de Suez, qui relie la mer Rouge à la Méditerranée.
   Mais sous le couvert de l'anonymat, un autre responsable du canal a affirmé que les navires iraniens avaient obtenu une permission de transit avant que celle-ci ne soit annulée.
  

Les autorités iraniennes n'ont jusqu'à présent pas apporté d'informations ni fait de commentaire officiel sur cette affaire.
« Une mission d'entraînement d'élèves officiers, …, et la volonté de maintenir une présence permanente et puissante en haute mer", s’est contenté de préciser le commandant de la marine iranienne, le vice-amiral Habibollah Sayyari, cité par l'agence iranienne Fars,.


Du côté israélien, les réactions officielles semblent mitigées.
Alors que le ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman opte pour l’alarmisme,  qualifiant « de provocation » le passage de ces deux navires iraniens, le ministre de la guerre Ehud Barak affiche un sang-froid, sans omettre toutefois d’en informer les alliés de l’entité sioniste.

Même départage des points de vue chez les experts israéliens. Entre ceux qui prennent cette information avec sang-froid.
   "A l'évidence, ils ne constituent pas une menace militaire en Méditerranée, où croisent les plus gros porte-avions du monde" de la Sixième Flotte américaine, a affirmé à la radio publique israélienne le général de réserve Yaakov Amidror, ex-chef du département analyse des Renseignements militaires.
     

Interrogé par l'AFP, Ephraïm Inbar, professeur de science politique à l'Université Bar Ilan de Tel-Aviv, partage ce point de vue, estimant improbable une confrontation immédiate.
   "L'Iran adresse un message politique pour affirmer sa présence et sa puissance en Méditerranée orientale, où il dispose d'alliés, la Syrie, le Liban et le Hezbollah", souligne-t-il.
Il y a aussi ceux qui sont un peu plus soucieux.


A l’instar de Ménashé Amir, expert de l'Iran et de l'islam fondamentaliste, qui s'inquiète des projets à long terme "planifiés par Téhéran, indépendamment de l'effervescence qui agite actuellement le monde arabo-islamique".
  "Les Iraniens ont eux-mêmes indiqué que la mission des deux navires pourrait se prolonger jusqu'à un an, impliquant ainsi une présence permanente et extrêmement dangereuse en Méditerranée", a-t-il dit à l'AFP.
  

Rappelant que "la mainmise de l'Iran sur le Liban a commencé par un petit pas en 1982 quand il y a dépêché 500 Pasdarans (Gardiens de la révolution)". Et d'assurer que l'Iran veut s'installer durablement en Méditerranée "pour faire planer sur Israël et l'Europe la menace de ses missiles balistiques, d'une portée de 2.000 km".
  
Egalement très alarmiste, Alex Fishman, l'expert militaire du quotidien Yédiot Aharonot, estime que "les Iraniens font monter les enchères dans leur jeu de poker contre l'Occident et accroissent les risques d'une confrontation directe entre la marine israélienne et leurs navires".
  

Selon lui Téhéran brave ainsi les sanctions occidentales en "affichant une présence symbolique mais forte et en renforçant l'assurance des organisations islamistes extrémistes en Egypte, au Liban, en Syrie, au Maroc et en Tunisie".