Comment Mme Elisabeth Richard confisque la démocratie libanaise.
L’interventionnisme étatsunien devient de plus en plus insolent. Au Moyen-Orient comme partout dans le monde, les diplomates américains ne font même plus l’effort de le camoufler. Les procédés et le langage utilisés laissent croire à un prédestinantion à laquelle les Etats ne sauraient déroger. C'est l'arrogance impérialiste.
Au Liban, les objectifs tracés par Elizabeth Richard, la nouvelle ambassadrice américaine l'illustrent fortement.
« Paralyser le Hezbollah et rien d’autre », a-t-elle fixé obstinément comme objectif principal lors de son intervention devant le Congrès américain, une semaine avant de prendre ses fonctions à Beyrouth. Rien de nouveau en soi. Les efforts de Richard s’inscrivent dans la continuité de tous ses prédécesseurs.
Aussi bien le contenu de sa déclaration, dans le cadre de l’exposé de sa stratégie d’action, que son lieu (la chambre de représentants us) confirment un interventionnisme américain qui infeste la politique étrangère américaine, sans aucune vergogne. Et pour plus de précision : « Notre but est de démanteler le réseau financier international du Hezbollah », a-t-elle affirmé devant les élus américains.
L’hypocrisie de sa démarche soigneusement rédigée ne peut tromper personne: « Vouloir aider les institutions libanaises et le peuple libanais, dans le but de contribuer à la prospérité économique du Liban »… « Empêcher le Hezbollah d’infiltrer le secteur financier libanais,.., car il y va de l’intérêt du Liban et des Etats-Unis ».
Des intentions saines attribuées à une stratégie malsaine, pour mieux couvrir l’illégitimité de l’immixtion.
Mais elle ne constitue pas mois que l’illustration de la confiscation par la diplomatie américaine de l’opinion de larges pans du peuple libanais, des chrétiens et des musulmans, totalement acquis à la participation du Hezbollah dans les combats en Syrie. Une entorse à la démocratie qui a toujours marqué la politique de l'empire américain.
Comble de l’insolence, la diplomate américaine attribue à son pays les efforts de l’armée libanaise convertis à ceux de la résistance pour protéger le Liban des deux milices du wahhabisme takfiriste Daesh (État islamique) et front al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda). Elle s’est ainsi dite convaincue que «le partenariat entre les USA et les forces de sécurité libanaise, grâce à l’aide généreuse du Congrès a joué un rôle définitif pour préserver la sécurité du Liban face à ces menaces ».
Un effort qui laisse entrevoir une volonté d’occulter les exploits du Hezbollah.
Il précède celui qui cache une autre volonté : celle de supprimer « sa libanité». Lorsque, après avoir tranché que les deux milices takfiristes ne constituent plus de menace pour le Liban, elle s'est permis de déclarer le Hezbollah, ce parti libanais qui a des membres dans le parlement et dans le cabinet libanais comme « la principale menace du Liban ». En raison de ses activités en Syrie lesquelles d’après elle « créent des dangers sécuritaires pour le Liban ».
Peut-être est-il de son droit de déclarer que son pays veut aider l’armée libanaise, au motif qu’elle est « l’unique défenseur légitime au Liban ». Si ce n’est que les faits ont toujours montré que l’aide us accordée à l’armée libanaise n’a jamais été suffisante, et quelle vise surtout à empêcher les Libanais de s’enquérir l’aide d’une partie tierce. Entre autre.
Mais le comble du comble de l’insolence aura été le moment où l’interventionnisme s’est mélangé à son déni : toujours en s’érigeant au nom du peuple libanais, la diplomate américaine qui se veut définir ce qu’elle considère être « le troisième problème » du Liban avance: « La vacance politique et la confiscation de sa souveraineté et de son indépendance ».
Et dans la méthode d’action qu’elle propose aussi, en évoquant le ralliement «les voix qui en appellent à la modération et au progrès contre le Hezbollah qui s’ingère en Syrie, sans la permission des Libanais ».
A l’écouter, on croirait que Mme Elisabeth Richard est plus libanaise que les Libanais. Seul est Libanais pour elle, celui qui est prêt à servir le diktat américain. Faute de quoi, il sera banni non seulement de "sa libanité", mais aussi des valeurs humaines de la modération et du progrès.
L’arrogance américaine est telle -au Liban comme partout - qu’elle se permet de s’arroger les normes de l’éthique et de l’évaluation de l’humain. A ce stade, elle se prend pour Dieu. C’est Satan.