Pour Kerry, une extradition de M. Gülen n’est pas envisageable en l’absence de preuves.
Le prédicateur Fethullah Gülen, adversaire du président turc Recep Tayyip Erdogan, a appelé mardi les Etats-Unis où il réside à rejeter les demandes d'extradition d'Ankara, qui le considère comme l'instigateur du coup d'Etat manqué en Turquie.
Dans un communiqué, M. Gülen, qui vit en exil volontaire aux Etats-Unis depuis 1999, a qualifié de "ridicules" les déclarations de M. Erdogan et du Premier ministre turc Binali Yildirim faisant de lui l'organisateur de la tentative de coup d'Etat menée par des militaires turcs.
M. Erdogan "a montré encore une fois aujourd'hui qu'il est prêt à tout pour consolider son pouvoir et persécuter ceux qui le critiquent", a déclaré le prédicateur, qui réside à Saylorsburg, en Pennsylvanie, dans le nord-est des Etats-Unis.
Le pouvoir de M. Erdogan a étendu mardi à l'enseignement et à l'audiovisuel les purges déjà lancées dans l'armée, la police et la justice contre les milieux supposés proches de M. Gülen.
"J'appelle le gouvernement américain à rejeter tous les efforts visant à abuser de la procédure d'extradition pour mener à bien des vendettas politiques", a-t-il dit.
"Il est ridicule, irresponsable et faux de suggérer que j'aurais quoi que ce soit à voir avec cet horrible coup d'Etat manqué", a répété dans son communiqué M. Gülen, qui avait déjà nié toute implication dès les premières heures du putsch.
Fethullah Gülen est le chef spirituel du mouvement Hizmet considéré comme un mouvement terroriste par les autorités d'Ankara.
Le Premier ministre turc a annoncé mardi au Parlement que son gouvernement avait envoyé aux Etats-Unis quatre dossiers pour réclamer l'extradition de M. Gülen.
"Ne protégez pas davantage ce traître, ce terroriste en chef", a lancé M. Yildirim devant le Parlement turc.
La Maison Blanche a indiqué que le président Barack Obama avait discuté mardi de la demande d'extradition turque au cours d'une conversation téléphonique avec M. Erdogan, pendant laquelle le chef de l'exécutif américain a proposé une assistance de Washington dans l'enquête sur le coup d'Etat manqué.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a déclaré que les documents transmis par Ankara étaient examinés à la lumière du traité d'extradition existant depuis trois décennies entre la Turquie et les Etats-Unis.
Le porte-parole a souligné que M. Gülen bénéficiait des protections prévues par la loi.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré lundi qu'une extradition de M. Gülen n'était pas envisageable en l'absence de preuves et qu'il appartenait aux autorités turques d'en fournir.