Plus de sept Français sur dix (73%) ne souhaitent "en aucun cas" que François Hollande soit réélu et 66% ne veulent pas voir son prédécesseur Nicolas Sarkozy revenir au pouvoir.
Près d'une semaine après l'attentat de Nice, l'état d'urgence a été prolongé de six mois en France, où l'exécutif socialiste appelle à la mobilisation des citoyens pour participer à la lutte antiterroriste et préserver l'unité du pays.
"J'appelle les Français à prendre contact avec les associations de protection civile (...), à suivre des formations aux premiers secours et aux gestes qui sauvent", car "nous devons être des concitoyens capables d'intervenir et de sauver", a déclaré mercredi le président français François Hollande.
Lors d'une visite dans un centre de formation de la gendarmerie, il a appelé les Français à rejoindre les différentes réserves des forces de sécurité. Avec tous ces réservistes "une garde nationale se constitue" en France, a-t-il jugé.
Quinze mille réservistes opérationnels de gendarmerie et de police seront disponibles "d'ici la fin du mois", contre 12.000 actuellement, pour "assurer la sécurité des différents événements de l'été". La Défense va "mobiliser les 28.000 titulaires d'un contrat d'engagement pour qu'ils se tiennent prêts pour les prochaines semaines", a-t-il précisé.
Dans la nuit, dans un climat politique envenimé par les accusations de laxisme adressées au gouvernement par l'opposition, l'Assemblée nationale a adopté une prolongation de six mois de l'état d'urgence, jusqu'à janvier, qui facilite les perquisitions et les assignations à résidence.
La loi, soumise mercredi au Sénat, prévoit aussi la saisie et l'exploitation des données informatiques et des téléphones portables.
Le régime d'état d'urgence est en vigueur depuis les attaques jihadistes du 13 novembre 2015 à Paris.
Colère, haine et suspicion
Tout en soulignant que la France devait s'attendre à d'"autres attentats" et d'"autres innocents tués", le gouvernement s'est cependant refusé à adopter des mesures sécuritaires supplémentaires voulues par l'opposition de droite.
Celle-ci a notamment réclamé la création de centres de rétention à titre préventif pour les personnes soupçonnées de radicalisation islamiste.
Pas question d'instaurer en France "une "législation d'exception" car le pays doit rester un Etat de droit, a rétorqué le Premier ministre, Manuel Valls.
"Le risque serait de céder sur nos libertés sans rien gagner sur notre sécurité. Jamais jusqu'au terme de mon mandat je ne considérerai l'Etat de droit comme un obstacle, car ce serait la fin de l'Etat", a insisté mercredi François Hollande.
Les débats à l'Assemblée nationale ont été marqués par des échanges acrimonieux, illustration d'un climat politique qui s'est fortement tendu depuis l'attentat de Nice (84 morts, plus de 350 blessés), la troisième tuerie de masse en France depuis janvier 2015.
M. Hollande a précisé mercredi que "15 personnes sont encore entre la vie et la mort".
Les échanges ont aussi pour toile de fond la perspective de l'élection présidentielle d'avril 2017 qui pousse à la surenchère.
Lundi, le Premier ministre avait été hué au cours d'une cérémonie à la mémoire des victimes sur les lieux du carnage, la célèbre Promenade des Anglais en bordure de Méditerranée.
"La colère est légitime" mais celle-ci "ne peut dégénérer dans la haine et la suspicion", a estimé mercredi François Hollande.
Un sondage publié mardi met en exergue le rejet massif par les Français des principaux candidats potentiels pour le scrutin présidentiel. Plus de sept Français sur dix (73%) ne souhaitent "en aucun cas" que François Hollande soit réélu et 66% ne veulent pas voir son prédécesseur Nicolas Sarkozy revenir au pouvoir.
En fauchant avec son camion la foule présente pour célébrer la fête nationale, Mohamed Lahouaiej Boulhel, un Tunisien de 31 ans, a mis la France en état de choc. Ce massacre a été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI).
En début de semaine, les enquêteurs ont confirmé "le caractère prémédité" de l'attentat, "pensé et préparé" par Mohamed Lahouaiej Boulhel. Cinq personnes sont toujours en garde à vue.
Malgré la revendication de l'EI, "aucun élément de l'enquête ne démontre à ce stade une allégeance de Mohamed Lahouaiej Bouhlel à l'organisation terroriste", a déclaré lundi le procureur de Paris, François Molins.