Le gouvernement de Turquie commence à rédiger une nouvelle Constitution
Recep Tayyip Erdogan juge "malhonnête" l'arriéré de paiement de 3 milliards d'euros destiné à l'entretien des migrants.
Le président turc reproche aux dirigeants de l'Union européenne de ne pas honorer leurs engagements concernant les réfugiés. Selon lui, l'UE ne paie pas les 3 milliards d'euros prévus par l'accord.
"Les gouvernements européens se conduisent d'une façon malhonnête", a-t-il confié à la chaîne publique allemande ARD.
Le président turc a noté que pour l'heure, l'Europe n'a débloqué que environ 2 millions de dollars, tandis que l'entretien des migrants coûtait aux autorités turques 12 milliards de dollars.
"Trois millions de Syriens ou d'Irakiens se trouvent à l'heure actuelle sur le territoire de la Turquie. L'UE ne remplit pas ses engagements à leur égard", a expliqué M.Erdogan.
En mars dernier, Ankara et Bruxelles sont convenus que la Turquie accueillerait des migrants illégaux venant du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord. En échange, l'UE s'est engagée à débourser à la Turquie 3 milliards d'euros, à supprimer les visas pour les citoyens turcs effectuant des visites de courte durée dans les pays européens, ainsi qu'à examiner l'adhésion de la Turquie à l'Union.
Les négociations sur l'adhésion de la Turquie piétinent actuellement en raison des mesures introduites par ce pays au lendemain de la tentative de coup d'Etat militaire, notamment le rétablissement éventuel de la peine de mort. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a déclaré hier qu'un "pays qui dispose dans son arsenal législatif de la peine de mort n'a pas sa place au sein de l'Union européenne".
Les mesures appliquées par les autorités turques après la tentative de coup d'Etat suscitent le mécontentement et la critique de la part de dirigeants européens exhortant Erdogan à respecter les normes démocratiques et constitutionnelles.
Le gouvernement de Turquie commence à rédiger une nouvelle Constitution
Le premier ministre turc Binali Yildirim, cité par le journal Sabah, a annoncé le début de sa rédaction.
"Nous avons entamé la mise au point du projet d'une nouvelle Constitution", a-t-il déclaré.
Selon le premier ministre, le Parti de la justice et du développement est tombé d'accord avec deux partis de l'opposition, le Parti républicain du peuple et le Parti d'action nationaliste, pour apporter des amendements restrictifs à la Constitution.
Il estime que la mise au point d'une nouvelle loi fondamentale est "le but et le devoir" de tous les partis politiques du pays.
Le premier ministre a précisé qu'un amendement concernerait le transfert, sous le commandement du ministère de l'Intérieur, de la gendarmerie et des garde-côtes, faisant actuellement partie des forces armées.
Précédemment, le gouvernement de Turquie avait concerté quelque 60 articles d'une nouvelle Constitution, mais ce processus n'avait pas été finalisé.
Selon certains experts, après la tentative de coup d'Etat avortée, le président turc peut suivre deux scénarios possibles. Conservateur et orienté vers l'islam, Erdogan pourrait profiter de l'esprit religieux qui règne après le putsch, négliger la constitution turque et déclencher une révolution islamique.
Le scénario numéro deux semble plus probable. Le dirigeant turc utiliserait le large appui dont il jouit après la tentative de coup d'Etat afin de promouvoir des amendements à la constitution. Ces amendements auraient pour but de remplacer le régime parlementaire de gouvernance par un régime présidentiel. Et ceci, évidemment, avec M. Erdogan comme chef d'Etat.
Cette approche est plus dans le style du leader turc, pragmatique et orienté vers une ligne progressive d'actions. Avant le putsch, il a réussi à obtenir un pouvoir immense, après avoir accompli pendant 13 ans un parcours extraordinaire dans le but d'atteindre cet objectif.