Une base hostile aux Etats-Unis a eu lieu près de la base d’Incirlik
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi un général américain de "prendre le parti des putschistes" pour avoir dit craindre que les purges en cours en Turquie n'aient des conséquences sur les relations bilatérales avec les Etats-Unis.
"Vous prenez le parti des putschistes au lieu de défendre un pays qui a mis en échec la tentative de coup d'Etat", a déclaré M. Erdogan après une cérémonie dans un centre d'entraînement de l'armée bombardé par les putschistes dans la nuit du 15 au 16 juillet. Quarante-sept personnes y avaient été tuées, une des attaques les plus meurtrières commises par les mutins.
"Celui qui a ourdi le coup d'Etat est déjà dans votre pays et vous le nourrissez", a-t-il ajouté, évoquant le prédicateur Fethullah Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis dont Ankara demande l'extradition.
Le général américain Joseph Votel, commandant des opérations du Pentagone au Moyen-Orient, a déclaré jeudi soir, selon des médias américains, pendant un colloque organisé par le centre de réflexion Aspen, "craindre l'impact que pourraient avoir" les purges en cours dans l'armée turque sur les relations que Washington entretient avec des membres de la hiérarchie militaire turque.
Interrogé pour savoir si certains des interlocuteurs de Washington au sein de l'armée turque étaient détenus, il a répondu : "oui, je pense que certains sont en prison".
Le général a souligné que la Turquie était un partenaire très important de son pays dans la lutte contre Daesh (EI), entre autres en termes de partage de renseignements.
La Turquie qui a mis à disposition de la coalition internationale menée par Washington la base aérienne d'Incirlik pour procéder à ses frappes aériennes en Irak et en Syrie, "est plus qu'un endroit où nous entreposons nos équipements", avait ajouté le général américain.
Une manifestation contre les USA
Justement, une action de protestation s'est déroulée ce vendredi près de la base d'Incirlik au cours de laquelle les participants ont accusé les Etats-Unis d'avoir pris part à la tentative avortée de coup d'Etat.
Elle a été organisée par des militants de l'association des jeunes d'Anatolie, indique le journal turc Sabah.
Selon le quotidien, les militants scandaient des slogans anti-américains et appelaient les Turcs à organiser des actions similaires partout dans le pays.
Auparavant, le journal turc Yeni Safak a affirmé, se référant à une source, que l'ancien chef des forces armées américaines et otaniennes en Afghanistan, le général John Campbell, aurait soutenu les mutins et mené des pourparlers secrets avec eux.
Le 15 juillet, des militaires turcs ont tenté de perpétrer un coup d'Etat dans le pays. Après l'échec du putsch, les forces de l'ordre ont interpellé plus de 6.000 personnes, y compris des officiers généraux et des officiers supérieurs.
Selon Ankara, la rébellion avortée a fait 290 morts, dont 190 civils et 100 putschistes, ainsi que plus de 1.400 blessés. Les autorités soupçonnent Fethullah Gülen, prêcheur islamique et opposant, résidant actuellement à Saylorsburg (Pennsylvanie, Etats-Unis), d'avoir organisé la tentative de coup d'Etat et exigent son extradition.
Sources : AFP, Sputnik