Les autorités syriennes ont achevé les préoaratifs pour accueillir les habitants des quarteirs est d’Alep.
Le gouverneur de la ville d’Alep Mohammad Marwan Olabi a accusé les miliciens retranchés dans ses quartiers est, désormais assiégés par l’armée syrienne et ses alliés, d’empêcher ses habitants de les quitter en passant par les trois couloirs qui leur ont été aménagés avec l’aide de la Russie.
Selon l’agence syrienne Sana, les autorités syriennes ont achevé tous les préparatifs nécessaires pour accueillir ces habitants dont le nombre s’élèverait à quelque 250 mille.
« Ont été aménagés pour les familles des lieux provisoires d’hébergement, où leur seront procurés tous les services nécessaires comme l’eau, les vivres, et autres », a précisé l’agence Sana.
Les photographies montrent des bâtiments entiers qui sont établis pour cette mission. (photo en tête de l'article).
Des dispensaires et des hôpitaux ambulants ont également été mis àleur disposition pour leur offrir des services médicaux.
Selon Sputnik, après avoir ouvert ces couloirs, des citoyens se sont empressés de venir chercher des biens de première nécessité qui leur ont été distribués.
Selon les images, l’affluence des habitants semble plutôt timide.
«L’opération d’Alep est exclusivement humanitaire et nous sommes prêts à faire tout ce qui est possible pour aider les civils pacifiques qui sont otages des terroristes, et même les militants qui désirent déposer les armes», a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Selon RT, des hélicoptères syriens ont survolé les zones sensibles en distribuant des fascicules pour indiquer aux résidents où exactement ils pouvaient trouver de l’aide, sous forme de nourriture, de produits d’hygiène basiques et de biens de première nécessité.
Selon les estimations de Kirill Savin, du Centre russe pour la réconciliation, plus de 250 000 civils pourraient utiliser les couloirs humanitaires, autour desquels les forces russes distribuent de grandes quantités de farine, de céréales et de sucre aux Aleppins.
«Ce couloir ne fonctionnera que durant les heures où il fait jour», a indiqué Kirill Savin, ajoutant que des bus et d’autres moyens seront mis en place afin que les gens puissent se réfugier dans des infrastructures temporaires, en sécurité.
L'ONU veut gérer les couloirs
L’ONU propose à la Russie de lui transférer la responsabilité des couloirs
L’envoyé spécial des Nations unies en Syrie, Staffan de Mistura, s’est réjoui de l’initiative de la Russie, l’invitant à laisser à l’organisation internationale le soin de gérer les couloirs humanitaires.
«D’après ma compréhension, les Russes sont ouverts à des améliorations majeures. Les Nations unies et les partenaires humanitaires […] ont de l’expérience. C’est notre métier. Assurer l’assistance humanitaire et le ravitaillement des civils, où qu’ils se trouvent, est exactement ce pour quoi les Nations unies sont là», a-t-il déclaré lors d'une conférence à Genève, le 29 juillet.
L’ambassadeur de la Russie auprès de la représentation des Nations unies à Genève, Alexeï Borodavkin, a répondu par le biais de l’agence de presse russe RIA Novosti, que son pays étudierait minutieusement et prendrait en compte sa suggestion.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s’est lui aussi montré positif envers l’initiative, appelant Moscou à «coopérer avec les Nations unies et les groupes d’aide internationale pour améliorer l’accès humanitaire aux citoyens d’Alep».
Réticence française
Du côté de la France, on est en revanche moins enthousiaste. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal, a en effet estimé dans un communiqué de presse que la solution humanitaire consistant à «demander aux habitants d'Alep de quitter la ville» n'apportait pas de réponse «crédible» à la situation des civils syriens.
L’agence France press véhiculait ce vendredi la version de l’OSDH, instance des rebelles siégeant à Londres et selon laquelle les habitants des quartiers rebelles d'Alep étaient terrés chez eux à cause de soi-disant raids. Reprenant à son compte le lexique de cette ONG, l’AFP qualifiait ces couloirs de "couloirs de la mort" et relayé les mises en garde des miliciens de les utiliser.
Selon l'OSDH, seule "une douzaine de personnes sont sortis depuis jeudi via l'un des corridors à partir du quartier Boustane al-Qasr".
"Mais les rebelles ont ensuite empêché les habitants de s'approcher de ces corridors ", a-t-il ajouté. Concrètement, les couloirs sont fermés du côté rebelle mais ouverts de l'autre côté, c'est-à-dire dans les régions sous contrôle du régime.
"Il n'y a pas de couloirs humanitaires à Alep. Les couloirs dont parlent les Russes, les habitants d'Alep les appellent les couloirs de mort", a déclaré à l'AFP Ahmad Ramadan, membre de la Coalition de l'opposition en exil et originaire d'Alep.
"Ce qui se passe est une destruction totale et systématique de la ville, une tentative de briser ses habitants, qu'ils soient civils ou combattants", a-t-il prétendu.
Sources : Sana ; Sputnik ; AFP