Un mineur de 17 ans qui avait cherché à partir en Syrie avec l’un des tueurs en 2015 a été arrêté récemment à Genève.
De nouveaux rassemblements unissant chrétiens et musulmans étaient prévus ce samedi dans toute la France en hommage au prêtre égorgé mardi par deux terroristes dans une église à Saint-Etienne-du-Rouvray (nord-ouest), alors que l'enquête progresse sur l'entourage des deux tueurs.
Deux personnes, le cousin de l'un des deux tueurs et un réfugié syrien,
étaient toujours en garde à vue samedi, quatre jours après cet assassinat
commis par deux jeunes Français de 19 ans qui ont été abattus par la police et
revendiqué par le groupe wahhabite Daech, le premier en Europe visant un
religieux catholique.
Par ailleurs un mineur de 17 ans qui avait cherché à partir en Syrie avec
l'un des tueurs en 2015 a été arrêté récemment à Genève lors d'une seconde
tentative et remis à la France où il a été emprisonné, a indiqué une source
proche de l'enquête. A ce stade, "rien ne montre qu'il ait une quelconque
implication" dans l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, a cependant averti
cette source.
"Marche de la fraternité" à l'appel des représentants musulmans dans le
centre de Lyon (est), la deuxième ville de France, ou cérémonie oecuménique
dans une église de Bordeaux (sud-ouest), les manifestations d'émotion après
l'assassinat en pleine messe du père Jacques Hamel, 85 ans, prendront des
formes diverses ce samedi.
A Saint-Etienne du Rouvray, doit avoir lieu une veillée de prières dans
l'autre église de la ville voisine de la mosquée. Vendredi les fidèles
musulmans et chrétiens ont partagé un moment de fraternité en se rendant
successivement dans l'église et la mosquée Yahia.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a invité les fidèles à se
rendre dimanche dans les églises au moment de la messe. La Conférence des
évêques de France (CEF) a demandé aux paroisses de leur réserver un "accueil
fraternel".
En Italie, des organisations musulmanes italiennes ont également invité
leurs représentants à se rendre dans les églises dimanche avant la messe, afin
de d'apporter un témoignage de "solidarité spirituelle".
L'enquête sur cet attentat s'attache à mettre au jour le réseau dans lequel
évoluaient les deux terroristes, Abdel Malik Petitjean et Adel Kermiche, qui
avaient été repérés chacun de leur côté par les services de renseignement sans
que leur passage à l'acte imminent n'ait été détecté.
Outre les deux personnes toujours en garde à vue, un autre homme fiché pour
radicalisation et arrêté le 25 juillet dans une enquête distincte des services
de renseignement, a été mis en examen (inculpé) vendredi. Une vidéo d'Abdel
Malik Petitjean, dans laquelle celui-ci prêtait allégeance à l'EI et évoquait
"une action violente", avait été retrouvée dans un téléphone à son domicile.
Témoignage des religieuses
Une autre enquête est en cours, dans laquelle un Français de 20 ans a été
interpellé. Il s'était rendu en Turquie début juin avec Petitjean avant d'être
refoulé comme lui.
Le témoignage de deux religieuses retenues en otage dans l'église a apporté
un éclairage saisissant sur le déroulement des faits.
Dans un entretien à l'hebdomadaire catholique La Vie, elles ont raconté que
le dialogue s'était engagé avec les deux assaillants après l'assassinat du
prêtre. "Tant qu'il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les
attentats", leur a dit l'un des deux hommes.
Le Premier ministre Manuel Valls a évoqué vendredi un "échec" dans le suivi
judiciaire d'Adel Kermiche, qui était placé sous surveillance électronique dans
l'attente d'un procès.
Adel Kermiche avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dès
mars 2015 pour avoir tenté de rejoindre la Syrie. Après une seconde tentative
en mai 2015, il avait été incarcéré, avant d'être libéré en mars 2016, contre
l'avis du parquet, et assigné à résidence sous surveillance électronique.
Abdel Malik Petitjean, 19 ans, était fiché "S" depuis le 29 juin, selon une
source proche de l'enquête.
Par ailleurs deux hommes, un Algérien et un Pakistanais, soupçonnés d'avoir
voulu participer aux attentats du 13 novembre à Paris et remis vendredi par
l'Autriche à la France, ont été inculpés vendredi soir à Paris et emprisonnés.