Malgré le désespoir américain, les dirigeants US ont continué à répondre aux revendications du Premier ministre Ehud Olmert de prolonger la durée de la guerre.
L'offensive aérienne israélienne contre le Liban en juillet 2006 n'a pas réussi à réaliser ses objectifs militaires prédéfinis, au cours de la première semaine de la guerre. Ceci a imposé à Tel Aviv et Washington de chercher une alternative: soit une offensive terrestre d'envergure, soit l'arrêt de la guerre.
Le premier scénario suscitait des craintes politiques et militaires quant au grand nombre de pertes dans les rangs des soldats israéliens. En effet, l'Entité sioniste avait bu la coupe amère à l'époque des opérations militaires de la résistance effectuée dans la zone dite de la "ceinture de sécurité" à la frontière avec la Palestine occupée. Ce sont les grandes pertes subies dans les rangs de l'armée qui ont poussé l'ennemi sioniste à se retirer du sud Liban en l'an 2000.
De plus, Israël possédait des renseignements militaires sur les préparatifs à la prochaine guerre entrepris par le Hezbollah après le retrait de 2000. Les affrontements à Bint Jbeil, Maroun el-Rass, Ayta Chaab, Taybeh, Khiyam et autres ont renforcé ce constat.
Partant de là, les décideurs politiques et militaires sionistes veillaient à ne pas s'embourber dans une opération terrestre d'envergure. Ce que le confirme le rapport de la commission d'enquête de Winograd, et d'autres études faites sur la guerre de juillet.
En contrepartie, l'arrêt de la guerre signifiait pour Israël une reconnaissance de sa défaite, comme l'assure le conseiller à la sécurité nationale dans son approche, dans une étude de l'institut de recherches de la sécurité nationale: "L'administration américaine s'est opposé à un cessez-le-feu, puisqu'elle escomptait une frappe cuisante contre le Hezbollah, par le biais de l'armée israélienne. Donc, tout arrêt de la guerre signifiait l'impossibilité d'opérer un changement réel dans la situation. Ce qui a poussé la secrétaire d'Etat américaine Condolezza Rice le 19 juillet 2006 à rejeter publiquement l'appel à un cessez-le-feu.
Il s'est avéré, selon des documents publiés après la guerre, que cette position était celle du commandement israélien aussi. Les deux parties considéraient qu'un arrêt de la guerre équivalait une reconnaissance de la victoire du Hezbollah.
Echec précoce de l'offensive terrestre
Dans ce contexte, Tel Aviv a adopté un choix différent: frapper des cibles qui touchent à la mémoire collective du Hezbollah et de ses partisans. L'objectif des raids contre des cibles de grande importance était de fléchir le Hezbollah pour l'obliger ensuite à accepter la formule israélo-américaine pour la cessation des hostilités.
Mais en réalité, cette option à laquelle Israël a eu recours n'a fait pas que renforcer la ténacité politique du Hezbollah et le public de la résistance qui avait une grande confiance en son commandement.
Pendant ce temps, les combattants du Hezbollah enregistraient de multiples exploits sur le champ de bataille. Ces facteurs réunis ont conduit à un statu-quo durant deux ou trois semaines, selon le rapport Winograd.
Pour Israël, la situation était apocalyptique puisque le Hezbollah a continué à bombarder aux roquettes les territoires occupés, d'une façon proportionnelle aux raids sionistes. De plus, les combattants ont réalisé des exploits héroïques dans plusieurs affrontements à Bint Jbeil, Maroun Rass, et autres. De véritables épopées ont eu lieu dans les villages libanais frontaliers, affectant à grande échelle la conscience collective.
Désespoir américain d'une possible victoire sioniste
A ce moment, l'administration US a enfin compris que ses rêves ne seront pas réalisés, comme l'affirme Eliot Abrams. Malgré ce désespoir, les dirigeants US ont continué à répondre aux revendications du Premier ministre Ehud Olmert de prolonger la durée de la guerre, dans l'espoir de réaliser une percée quelconque dans le cours des batailles, pour en faire un exploit politique.
Mais, compte tenu de l'échec de l'armée israélienne et de la poursuite des tirs de roquettes du Hezbollah sur les régions occupées, les craintes israéliennes d'une défaite flagrante ont grandi considérablement.
Les Merkavas "déchiquetés"
C'est ainsi qu'Israël s'est retrouvé à nouveau devant deux options: le cessez-le-feu ou le recours à une offensive terrestre d'envergure. Craignant les répercussions d'un appel à un cessez-le-feu, le commandement de l'ennemi a opté pour le choix d'une incursion terrestre.
Dans cette troisième étape de la guerre, Israël a misé sur une percée des lignes de défense de la résistance. L'objectif de l'offensive terrestre était d'occuper la zone située au sud du fleuve Litani, en la contournant de plusieurs directions.
Certes, la réussite d'incursion terrestre aurait assuré un tournant dans le cours de la guerre et aurait poussé l'ennemi à étendre le champ de son incursion. Mais le résultat effectif a porté un coup fatal aux ambitions sionistes et américaines.
Les chars israéliens ont subi de lourdes pertes, mettant ainsi fin à la légende des chars Mirkava, qui sont devenus de simples pièces métalliques, déchiquetés par les roquettes du Hezbollah.
Les affrontements terrestres ont mis en exergue l'ampleur de la défaite israélienne, surtout suite aux "massacres" commis contre les Merkava pulvérisés et les dizaines de soldats tués ou blessés.
Face à cet échec dans la bataille terrestre, Israël a mis fin à ses choix dans la confrontation terrestre et ses dirigeants ont pris conscience de leur incapacité de réaliser les objectifs américains de la guerre et les aspirations de certains pays du Golfe. C'est ainsi que l'Entité sioniste a décidé de stopper la guerre.
Voilà donc comment l'ennemi a ancré de plus en plus sa défaite alors que le Hezbollah a multiplié les exploits héroïques inouïs.
La victoire stratégique historique est alors apparue plus brillante et plus influente dans la conscience collective israélienne et arabe, voire dans les équations régionales.
Traduit du site Al-Akhbar