Le maire d’Ankara, qui est suivi par plus de 3,4 millions de personnes sur Twitter, a juré qu’il s’en fiche si l’UE ferme ses portes à la Turquie.
Les Etats-Unis doivent extrader le prédicateur Fethullah Gülen accusé par la Turquie d'avoir ourdi le putsch manqué du 15 juillet, pour prouver leur innocence, a déclaré à l'AFP le maire d'Ankara, une des figures du parti au pouvoir.
Des responsables turcs ont accusé Washington d'avoir été impliqué dans la tentative de coup d'Etat qui a fait vaciller le pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, ce que les Américains démentent vigoureusement.
"Comment saurons-nous si l'Amérique a été ou pas impliquée dans cette affaire? S'ils nous livrent Gülen, il n'y aura pas de problème. Mais s'ils ne le font pas, ils n'échapperont pas au banc des accusés", a déclaré le maire d'Ankara, Melih Gokcek, dans une interview à l'AFP.
"Il n'y a qu'une manière pour l'Amérique de prouver qu'elle n'est pas derrière le putsch: livrer Gülen à la Turquie", insiste celui qui dirige la capitale turque depuis 22 ans tout en étant un des plus hauts responsables du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir.
Le président Erdogan et l'AKP ont très rapidement accusé Fethullah Gülen d'être le cerveau du coup, ce que ce dernier dément. Le mouvement du prédicateur, qui vit en exil depuis 1999 aux Etats-Unis, a pour objectif affiché de transformer la société par l'éducation, l'action civique et les médias. Il gérait notamment des écoles et des médias.
Dès le lendemain du coup, le pouvoir du président Erdogan a lancé une véritable chasse aux partisans supposés du prédicateur, limogeant des milliers de personnes dans la justice et l'éducation, fermant des médias et arrêtant journalistes, militaires, juges...
Plus de 18.000 personnes ont été placées en garde à vue à un moment à un autre.
Le maire d'Ankara a reconnu que l'AKP avait commis une erreur en s'alliant avec les gülenistes en arrivant au pouvoir en 2002. "Mais ils voulaient nous utiliser pour placer les gens de leur réseau dans l'armée", dit-il.
La rupture entre MM. Gülen et Erdogan remonte à 2013 quand a éclaté un scandale de corruption éclaboussant des proches du président turc.
M. Erdogan avait alors accusé Fethullah Gülen d'avoir orchestré cette affaire.
L'UE, 'je m'en fiche'
Le maire d'Ankara qui est suivi par plus de 3,4 millions de personnes sur Twitter soutient avoir été sixième sur une liste de personnes à assassiner par les putschistes.
Il a raconté à la presse turque s'être caché dans un bidonville pour gérer la situation. Selon lui, les risques d'assassinat d'hommes politiques existent en Turquie.
Il s'est dit totalement en faveur de la peine capitale pour les putschistes.
Le rétablissement de la peine de mort, qui plus est de manière rétroactive --une violation des droits fondamentaux, selon les normes du droit en Europe-- pourrait mettre fin aux espoirs turcs d'intégration européenne, a averti Bruxelles.
Si l'UE fermait à sa porte, "je le jure, je m'en fiche, n'entrons pas", lance le maire qui rappelle pourtant avoir été pro-européen. "L'Europe n'est pas le seul endroit au monde, nous trouverons d'autres partenaires".