Les rebelles n’ont pu ouvrir qu’une petite brèche en direction des quartiers est d’Alep.
La bataille d’Alep continue. Ces deux derniers jours ont été d’une violence inouïe. Et le bilan actuel semble loin d’être définitif.
Dans les milieux proches des 27 milices qui ont participé à l’attaque lancée depuis le début du mois-ci, dont des jihadistes takfiristes et des insurgés de l’Armée syrienne libre, tous crient à la victoire. Leurs medias ne cessent d'affirmer qu’ils ont brisé le siège des quartiers est de cette ville, imposé par l’armée syrienne depuis qu’elle s’est emparé des régions importantes de la province nord d’Alep depuis trois semaines.
Pour l’AFP « cette victoire est l'une des rares remportées ces dernières années par les rebelles face au régime ». Celle-ci avance que les miliciens ont à leur tour assiégé les quartiers loyalistes d’Alep. Tout en ajoutant que des ravitaillements leur ont toutefois été acheminés ce lundi.
Selon la télévision d’Etat, les vivres sont passés par la rue Castello que les forces gouvernementales ont dernièrement libérée.
Des Oïghours kamikazes
Concernant la levée du siège des quartiers est d’Alep, quoique les faits présentent un avantage pour les insurgés, ils ne sont pas si éclatants pour autant. Ils ont perdu 700 miliciens durant ces deux derniers jours.
Pourtant, indique le journal libanais assafir, citant des informations d’origine syrienne, les Turcs ont dépêché l’une de leurs meilleures unités lors de la deuxième vague de l’attaque pour briser le blocus d’Alep.
Elle comptait dans ses rangs des forces du Hizb al-turkestani al-islami et des Ouïghours, des musulmans chinois. Ses éléments ont formé le gros lot des kamikazes qui ont lancé une attaque simultanée en provenance de l’ouest, au moment où les blindés avançaient en provenance de l’est.
Selon le correspondant d’al-Akhbar, la tactique militaire utilisée s’apparente à celle de l’attaque-éclair. Une spécialité attribuée aux milices tchétchènes qui combattent dans les rangs de Daesh. Elle consiste à attaquer les points ciblés à travers des vagues successives d’assaillants-suicides distribués en plusieurs petits groupes, dans le but de neutraliser l’efficacité de la force aérienne dont les raids risqueraient dans ce cas de faucher la vie des alliés.
Une brèche sous-contrôle
Ayant au bout de ces attaques, occupé les bâtiments des académies militaires d’armement et d’artillerie à Ramousseh, après que les soldats réguliers et leurs alliés les ont évacués, ils n’ont pu les garder.
L’instance médiatique de la Resistance, Media de guerre assure qu’ils ont été totalement rasés sous les raids de l’aviation syrienne. Et c’est bien sous les décombres que les miliciens ont essuyé leurs plus grosses pertes : 500 selon des sources officielles de l’opposition.
Certaines sources évoquent plus d’un millier de miliciens tués ces deux derniers jours
En fin de compte, les miliciens se sont contentés d’ouvrir une minuscule brèche en direction des quartiers est d’Alep: une voie pédestre de 900 mètres de longueur, et qui de surcroit est sous la couverture de feu de l’armée syrienne et de ses alliés.
L'enjeu de la guerre
Dernière évolution ce lundi : aussi bien les forces régulières que les milices se préparent à la manche suivante de la bataille.
Evoquant l’enjeu qu’Alep présente dans la guerre syrienne, un expert interrogé par l’AFP, Thomas Pierret affirme :
"Si les rebelles l'emportent, on ira vers une partition du pays, avec un régime arcbouté sur le Golan, Damas, Homs et la côte", explique ce maître de conférence français à l'Université d'Edimbourg. "Si les loyalistes gagnent, l'insurrection se repliera dans la province d'Idleb dominée par Ahrar al-Cham et Fateh al-Cham".
Cette dernière n’est autre que le front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie et dont le changement d’appellation est intervenu à la veille du lancement de la bataille pour briser le siège d’Alep. « Un coup de théâtre », selon des experts bien avisés.
Contre les Alaouites
Autre évolution : Ces deux milices en coalition avec d’autres groupes dans le cadre de l’Armée de la conquête (Jaïsh al-Fateh) ont annoncé "le début de la nouvelle phase pour la libération de l'ensemble d'Alep".
Et pour terminer, un signe révélateur de l’identité de ces assaillants : ils ont accordé à la récente manche de la bataille l’appellation de « la razzia d’Ibrahim Youssef ».
Etant l’officier de service dans l’académie de l’artillerie à Ramousseh en juin 1979, Ibrahim Youssef avait commis un massacre contre de jeunes militaires alaouites, après les avoir séparés des militaires sunnites.
Il s’est avéré qu’il avait rejoint les rangs de la branche armée des Frères Musulmans en Syrie, «Moudjahidines al-Taliaat al-Moukatilat» (Les moudjahidines de l’avant-garde combattante), laquelle menait une guerre confessionnelle contre « le régime des alaouites de Hafez al-Assad », le père du président actuel.