Clinton a demandé à Mikati que le Liban prenne ses distances de ce qui se passe en Syrie
Le Premier ministre libanais Nagib Mikati a une fois de plus vaincu les tentatives politiques internationales d’isoler son gouvernement en accueillant lundi la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Celle-ci a repris au début de son entretien le même refrain sur les engagements pris par le Liban de respecter les résolutions internationales, notamment celles portant les fameux numéros 1757,1559 et 1701 sans oublier bien entendu le financement du tribunal spécial pour le Liban.
Tout en saluant le gouvernement de Mikati pour ses « priorités correctes », et la position libanaise « intelligente » au Conseil de Sécurité ainsi que « la revendication exacte » du gouvernement d’équiper l’armée libanaise en armes, Clinton a tenu durant sa rencontre à inciter Mikati contre la Syrie, l’Iran mais aussi le Hezbollah. Elle a par ailleurs essayé d’éloigner le Liban du camp politique en faveur de l’établissement d’un Etat palestinien.
S’exprimant sur la Syrie, la chef de la diplomatie américaine a souhaité que le Liban prenne ses distances par rapport à ce qui se passe dans ce pays. « C’est le meilleur choix pour le Liban en cette période », a-t-elle dit. Mais Hillary Clinton n’a pas pu s’empêcher d’inviter le Liban à se tenir à côté de la Communauté internationale lors du vote sur l’adoption de sanctions contre Damas ! Selon elle, « le Liban doit connaitre ses propres intérêts et de ne pas s’opposer à n’importe quelle résolution internationale contre le régime syrien ».
Sur ce point, Mikati a indiqué que les relations libano-syriennes sont très étroites, et que par la suite, la situation en Syrie affecte nécessairement le Liban qui ne peut prendre de position négative.
Clinton a mis en garde contre des transferts de fonds syriens via la Banque centrale libanaise et des dépôts des institutions et des personnes figurant sur la liste des sanctions américaines. Clinton n’a pas ménagé de s’ingérer dans les décisions internes du gouvernement libanais. Elle a appelé Mikati à revoir la décision du Liban d’exempter les Iraniens venus au Liban de visas. Ce dernier lui a fait savoir que ladite décision fut prise lors du mandat de Saad Hariri.
Le Premier ministre libanais a assuré que « les priorités du gouvernement libanais est d’œuvrer pour assurer la stabilité au Liban et d’épargner au Liban les répercussions de la situation étrangère.
Il a réitéré le respect du Liban des engagements internationaux, parce qu’on ne peut pas être sélectifs dans l’application des résolutions internationales. Mais il a en contrepartie répété ses appels aux Etats-Unis de soutenir l’armée libanaise pour pouvoir assumer ses responsabilités stipulées par la 1701. Et d’appeler à retourner à adopter de nouveau l’initiative de paix arabe.
Lors de cet entretien, le secrétaire adjoint au département d’Etat américain Jeffrey Feltman a demandé la tenue d’une réunion privée avec le Premier ministre Mikati. Après 90 minutes, Feltman a pu s’entretenir pendant sept minutes avec Mikati dans l’un des bureaux secondaires du sérail. Des sources arabes ont indiqué que cette rencontre s’inscrit dans le cadre des pressions américaines pour sommer le Liban à changer sa position sur l’Etat palestinien au Conseil de sécurité.
Avant de s’entretenir avec la secrétaire d’État américaine, Mikati avait rencontré le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, qui l’a informé de la teneur de sa dernière visite en Syrie.
À l’issue de son entrevue avec Hillary Clinton, il a eu des discussions avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a assuré à son interlocuteur la poursuite du soutien de la Russie à l’armée libanaise.