Plusieurs experts israéliens analysent cette évolution -aux conséquences graves selon l’entité-dans la coppération militaire irano-russe.
De nombreux observateurs israéliens ont exprimé leur profonde préoccupation au sujet des bombardiers russes qui ont décollé depuis la base aérienne iranienne militaire Hamedan, à l'ouest de l'Iran, afin de «frapper les positions rebelles en Syrie, en particulier Daesh et le Front al-Nosra » a rapporté la chaine satellitaire iranienne alAlam.
L’expert en affaires arabes au quotidien Haaretz, Tzivi Barel, a estimé que « l’autorisation accordée par l'Iran à la Russie d'utiliser son territoire est un signe évident d’une évolution radicale positive dans leur relation. Mais surtout, l'Iran et la Russie peuvent désormais attaquer différents objectifs voire exécuter divers agendas sous la couverture de la lutte commune contre le groupe terroristes Daech."
Il a souligné : « le fait que l'Iran permette à la Russie d'utiliser son territoire, offre à Moscou une supériorité militaire extrêmement importante. Ainsi, Moscou diminue le trajet de ses chasseurs pour atteindre les objectifs qui doivent être détruits en Syrie » , ajoutant que « Moscou jouissait déjà d’un certain avantage militaire puisqu’elle exploitait le territoire syrien en toute liberté et sans surveillance ou contrôle ».
Et de poursuivre : « ce développement a une autre dimension : celle de porter un message iranien fort, adressé à l’Arabie Saoudite, à travers lequel Téhéran informe Riyad qu’elle ne peut pas lui permettre, en aucune façon, de décider de l'ordre du jour du Moyen-Orient à elle-seule ».
Pour sa part, l’analyste en affaires arabes de la chaîne israélienne Canal 2, Ehud Yaari, qui est également chercheur à l'Institut de Washington pour les études au Proche-Orient, a affirmé que « le décollage de chasseurs russes à partir du territoire iranien est un développement très grave, le premier en son genre depuis 37 ans, soit depuis la victoire de la révolution iranienne en 1979 ».
Réputé pour ses liens avec l’institution sécuritaire de Tel Aviv, Yaari a indiqué qu’"Israël estime que le président russe Vladimir Poutine dirige un Etat qui n’est pas une superpuissance pour l’instant, du moins en termes économiques et dans d’autres aspects, sauf que c’est une puissance militaire, capable de construire, petit à petit, un nouvel ordre au Moyen-Orient », selon ses termes.
Par ailleurs, l'analyste israélien insiste sur le fait que « l'Iran a autorisé pour la première fois depuis 37 ans, la présence d'une force étrangère sur son territoire. Voire, il a permis à des bombardiers et des chasseurs russes de type Sukhoi de décoller depuis la base de Hamedan, pour frapper des rebelles en Syrie ».
Et de poursuivre : « les Russes ont demandé l’autorisation des Iraniens d’utiliser leur espace aérien pour lancer des missiles à partir de la mer Caspienne, cela constitue en soi une nouvelle coopération dont l’objectif est d'empêcher les insurgés de réaliser des exploits à Alep ».
Un autre analyste en affaires arabes à la chaine israélienne Canal 10, Hizi Simantov a mis en garde contre la coopération russo-iranienne en Syrie. En effet, il a estimé que « le grand gagnant dans cette coopération est le président syrien Bachar al-Assad. Et pour cause, la Russie travaille actuellement en faveur du président Assad contre Daesh et contre tous les rebelles ».
« Cette coopération doit inquiéter Tel-Aviv, parce que les Iraniens risquent de demander en échange que la Russie leur fournisse plus d'armes modernes et sophistiquées » a-t-il souligné.
Le bombardement russe à partir de l’Iran, étape stratégique inquiétante pour "Israël"
L’ expert militaire israélien Yossi Melman a écrit à ce sujet : « Malgré le fait que les services israéliens et américains étaient au courant des intentions de la Russie de stationner ses chasseurs et ses bombardiers sur une base militaire en Iran, on ne peut pas s’empêcher de penser que cette étape porte en elle des significations stratégiques, qui auront un impact à long terme sur le plan international. Et donc, Israël a de quoi s’inquiéter ».
Et de rappeler : « Il y a quelques jours, les forces aériennes russes ont envoyé à la base militaire Hamedan , située à l'ouest de l'Iran, leurs bombardiers stratégiques de type Tu-22 et leurs avions de combat Sukhoi 34. Une information qui a été confirmée, hier par les portes-paroles de l'Iran et de la Russie . Voire, leurs médias ont diffusé des images de chasseurs russes, qui ont décollé hier pour frapper des cibles dans différentes régions de la Syrie, notamment celles de Daech et celles du Front alNosra. Cet acte surprenant est en fait le résultat de contacts secrets entre les officiers supérieurs des deux pays qui ont duré plusieurs mois. C’est la première fois que les avions de l'armée russe opèrent en Syrie à partir d'une base d’un pays tiers ».
Il a précisé : « Les raisons tactiques pour cette étape est que Hmeimim, une base avoisinante, qui abrite des chasseurs russes, n’est pas assez grande pour accueillir des bombardiers Tu-22. Or, il ne faut pas omettre que cette action traduit la profondeur de la coopération militaire entre Moscou et Téhéran ».
Et de conclure: « Ce ne fut pas une simple décision pour Téhéran, car les Iraniens sont très attachés à leur dignité et à leur souveraineté. En effet, les réseaux sociaux ont témoigné d’un débat houleux entre « les contre » et «les pour » la présence sur le sol iranien de chasseurs d’une superpuissance voisine. Mais il semble que le désir de l'Iran de soutenir le régime d'Assad a dépassé toute autre considération ».