21-11-2024 07:08 PM Jerusalem Timing

Nasrallah:Le chaos non en faveur d’Israël.Notre expertise en Syrie est offensive

Nasrallah:Le chaos non en faveur d’Israël.Notre expertise en Syrie est offensive

La guerre en Syrie est la suite de la guerre de juillet 2006 contre la résistance.

Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a réitéré une fois de plus que la victoire de 2006 était bel et bien "une victoire divine" qui a imposé des équations dépassant le cadre de la logique. D'autant que la conjoncture régionale et internationale était favorbale à l'entité sioniste.

Dans une interview accordée à la chaine de télévision AlManar, Sayed Nasrallah a rappelé que certains Libanais réclamaient la poursuite de la guerre au moment où l'ennemi voulait y mettre fin.

Selon lui, "si la résistance avait réclamé la direction du pays après la victoire de 2006, il y aurait eu une guerre civile au Liban".

Dans ce qui suit l'essentiel de l'interview diffusée sur AlManar et animée par la journaliste Kawthar Bechraoui:

 

Q: Pourquoi cette victoire est-elle selon vous divine?

R: Quand on cherche logiquement à démontrer quelque chose, nous devons trouver des preuves tangibles et logiques. En mathématique, 3+3 font 6 et non pas 600.

Israël qui possédait l'armée la plus puissante dans la région, le plus grand arsenal militaire, cette Entité essentiellement militaire, et qui était soutenue lors de la guerre par les Etats-Unis, la communauté internationale, des pays arabes. Des ponts aériens ont été établis pour acheminer des armes, des raids innombrables ont été menés… alors que dans le camp opposé, il y avait une simple résistance soutenue par une partie du peuple. L'Etat libanais était divisé sur sa position envers la résistance. Le Premier ministre Fouad Siniora et certains ministres y étaient opposés. Donc, sur le plan de l'action politique, diplomatique, militaire.. tout était en faveur de l'ennemi.

Si l'on prend en compte le nombre des effectifs de la résistance et ses capacités militaires, comparés à l'ampleur des raids et des missiles lancés sur ce groupe de combattants, et à la décision internationale de liquider la résistance. Face à cette équation, on déduit que 1+1= 1 million!

Partant de ce qui précède, ce résultat ne peut être atteint que grâce à Dieu. Cette victoire représente à mes yeux la promesse de Dieu à ses combattants, c'est une victoire divine. Je ne fais que décrire la réalité.

 

Q: pourquoi on ne célèbre pas cette victoire dans le monde arabe en son 10ème anniversaire?

R: La situation est bien plus minable. En 2000, lorsque les Israéliens s'étaient retirés du Sud Liban, sans qu'aucun incident sécuritaire n'ait été enregistrée sur le sol libanais, certains Libanais et arabes étaient malencontreux de cette victoire. Ils s'étaient sentis embarrassés. Sachez que d'aucuns dans le monde arabe avaient misé sur la victoire israélienne et la défaite de la résistance.

 

Q: J'ai lu une information il y a quelques jours, selon laquelle on comptait vous mettre en prison à la fin de la guerre?

R: C'est un détail parmi d'autres. Dans les derniers jours de la guerre, une ambassade européenne a contacté Sayed Nawwaf Moussaoui, qui était alors responsable des relations internationales au Hezbollah. Ce diplomate avait demandé que le Hezbollah trouve une issue au Liban, parce que les Israéliens, les Américains, les Français voulaient stopper la guerre, mais seul le gouvernement libanais refuse toujours son arrêt!

Certains au Liban refusaient que la guerre prenne fin tant que la résistance demeurait au sud du Litani.

Malgré tout, nous avons affirmé à la fin de la guerre que nous voulons mettre ces points de litige de côté et de veiller à la reconstruction du pays.

Depuis 1960, les régimes arabes sont des régimes qui ne cherchent pas de victoire sur Israël. Pour nous, c'est normal que l'on ne fête pas la victoire de 2006, tout comme la libération de l'an 2000 que nous avons offerte pourtant à tous les Arabes.

Aujourd'hui, tous les dirigeants israéliens se sont attelés à parler de la défaite sioniste en 2006 et de ses causes, mais au Liban et dans certains médias des pays du Golfe, on ne cesse de dire qu'Israël a triomphé en 2006!

Tout ceci est lié à des calculs bien précis.

 

Q: Vous étiez dès le début de la guerre sûr de la victoire? Sur quoi avez-vous compté?

R: Nous comptions sur Dieu et sur sa promesse. Nous étions sûrs que les facteurs en notre disposition favorisaient la victoire. Quand on défend une cause juste Dieu va nous soutenir jusqu'à la réalisation de la victoire. Notre bataille avec Israël était dès le premier jour une bataille pour le Vrai.

De plus, nous avons la foi et la confiance en Dieu, et nous nous sommes procurés des armes comme les roquettes et les missiles pour frapper Haïfa et les chars israéliens. Dieu sait que c'était le summum de nos efforts. Depuis mai 2000, les combattants se préparaient pour la prochaine guerre israélienne. Nous avons tout sacrifié et nous avons toujours formé un groupe uni, obéissant et harmonisé.

Nous avons déployé tous nos potentiels intellectuels pour assurer le progrès de la résistance.

Et certes le facteur de la fidélité à Dieu est essentiel. Nous cherchions à plaire à Dieu pour mériter sa satisfaction. La victoire de juillet 2006 a commencé au premier jour de la guerre. Notre population était tranquille alors que l'ennemi était paniqué. C'était l'une des grâces divines.

Tant que la résistance est prête, confiante en Dieu, et se prépare pour la prochaine bataille, elle sera victorieuse.

 

Q: Pourquoi avez-vous refusé de prendre les rênes du pouvoir après la victoire? Pourquoi semblez-vous si indifférent sur cette question? Est-ce par ascétisme?

R: Ce n'est pas une question d'ascétisme, car dans des questions pareilles, c'est le sens de la responsabilité qui doit dicter notre action. Diriger le pays et résoudre les problèmes de la société sont une grande responsabilité que nous assumons d'ailleurs.

Mais le Liban est formé de plusieurs communautés, et chacune d'elle soutient des représentants politiques malheureusement corrompus.

Si la résistance avait réclamé de diriger le pays après la victoire de 2006, il y aurait eu une guerre civile au Liban.

Là où nous pouvons agir et être actifs, nous sommes présents.

 

Q: Est-ce que cette résistance agirait-elle de la sorte si elle était dans un autre pays?

R: Partout la résistance prend le pouvoir quand elle triomphe. Je viens de dire que certains Libanais étaient contrariés de notre victoire. Pour combattre la corruption, on ne peut recourir à des moyens plus corrompus encore.

 

Q: Un jour l'Histoire sera-t-elle équitable envers la résistance à votre avis? Est-ce qu'elle vous rendra justice?


R: Je n'en sais rien. On doute fort de ce qui a été écrit dans les livres d'histoire. On est encore vivant et on fait face à toutes sortes de campagnes de désinformation.

Par exemple, un certain Adham Khanjar qui a combattu l'occupation française le siècle dernier, certains l'accusent d'avoir été un bandit!


Aujourd'hui, des gens nous accusent de blanchiment d'argent, de trafic de drogues, nous traitent de voleurs. Donc, on n'a pas besoin d'attendre des années pour savoir ce qu'on dira de nous.

Ce à quoi nous aspirons est notre salut le Jour de Jugement dernier. Là-bas, il n'y aura ni médias du Golfe, ni argent américain… seule la vérité éclatera en ce Jour. Nous cherchons le salut et la satisfaction de Dieu au Jour du Jugement.

Je n'attends pas que l'Histoire nous rende justice.


Q: Lors de la guerre de juillet, certains Libanais festoyaient et applaudissaient les frappes sionistes? Pourquoi avez-vous conseillé d'omettre ces faits dans les médias?

R: Parce que nous ne voulions pas compliquer encore plus les choses. La plupart des gens déplacés du Sud étaient de la communauté chiite qui regardait la télévision jour et nuit à la recherche d'une nouvelle rassurante. Si nous avions diffusé les célébrations et les festivités, nous aurions approfondi et aiguisé la haine et la rancune entre Libanais. Nous cherchions par contre à protéger le pays.



Q: Vous êtes toujours calme. Quel en est le secret?

R: Dans le Saint Coran, Dieu raconte l'histoire du prophète Moïse (Moussa) pour lequel Il a divisé la mer en deux parties afin de lui permettre de fuir. Regardez cette intervention divine combien elle est tangible. C'est pour cette raison qu'on dit que notre victoire est divine. Le prophète et ses compagnons ont vu la manifestation de Dieu qui vient de les sauver.

Malgré ceci, certains de ses compagnons ont demandé à Moïse de faire une statue pour l'adorer!

Q: Quel était le premier facteur de force qui a favorisé la victoire?

R: Les gens avaient une très grande compréhension des événements et étaient très conscients du déroulement de la guerre. Ils étaient très confiants en Dieu et en la résistance. C'est Dieu qui nous a donné cette sérénité et a semé la panique dans les cœurs de l'ennemi.

Qui avait demandé à la population de rentrer chez elle? Personne. C'était la confiance et la grande décision du peuple qui voulait rentrer à ses terres malgré les menaces potentielles qui persistaient encore.

Au lendemain de la cessation des hostilités, dès 8h00 du matin, les déplacés avaient rangé leur affaires et pris le chemin de retour.

Pour moi, c'est Dieu qui les a poussés à rentrer chez eux. Certains politiciens voulaient que les gens restent loin de leurs terres pour qu'ilse ces derniers fassent pression sur la résistance et obtenir en contrepartie le désarmement du Hezbollah.

La population a fait avorter ce nouveau complot qui complète celui des frappes israéliennes. Personne n'a accepté de s'installer dans des tentes, ni dans des campements. Cette conscience et cette force proviennent de Dieu.

Je rappelle à ce propos ce Feltman qui a reconnu avoir versé 500 millions de dollars pour distancier les gens du Hezbollah. Mais en vain. Ses efforts sont tombés à l'eau.

Pourquoi procède-t-il ainsi? Pour leur part, des médias du Golfe m'accusent de diriger un groupe de trafiquants de drogue, pourquoi? Tout simplement parce qu'ils veulent semer le doute dans les cœurs de nos partisans. Mais de telles tentatives peuvent leurrer des individus dans les pays du Golfe, et certainement pas des Libanais!

Q: Avez-vous visité le Sud Liban après la guerre?

R: Certainement, je me suis rendu dans toutes les régions du pays. Sachez que les allégations sionistes selon lesquelles je vis dans les abris ne sont pas vraies.

Les visites des délégations et des responsables politiques et diplomatiques permanentes en sont la preuve.

Q: Avez-vous rencontré votre famille lors de la guerre?

R: Non, je ne l'ai rencontrée qu'une seule fois au cours de la guerre. Les autres responsables du Hezbollah ne pouvaient voir leurs familles. Ils demandaient seulement de leurs nouvelles.

Sachez que l'un des facteurs essentiels de la victoire étaient la patience et la confiance de nos familles, des familles des combattants et de nos partisans.


Q: Ce qui se passe en Syrie est-il une suite de la guerre de juillet 2006?

R: Evidemment. Les Israéliens le disent ouvertement. Après la guerre, la commission Vinograd a étudié et vérifié toute sorte de lacunes pour tirer les leçons de cette défaite sioniste.

Parmi les constats, les Israéliens ont conclu qu'une nouvelle guerre contre le Hezbollah doit être décisive, rapide et qui assure une victoire certaine.

Ils ont dit alors: "Si nous voulons vaincre la résistance et l'axe de la résistance, nous devons frapper la Syrie". Les Israéliens ont compris qu'une guerre directe contre le Hezbollah ne pourra être remportée. De plus, une guerre contre l'Iran est plus difficile encore. Pour cette raison, ils ont opté pour le choix ultime: extirper la Syrie de l'axe de la résistance.

Ceux-ci réalisent que la Syrie fait partie de l'axe de la résistance et n'est pas un simple pont entre le Hezbollah et l'Iran. Ils savent qu'en frappant la Syrie, ils brisent le dos de la résistance.

Depuis 2006, ils ont tenté de se rapprocher de la Syrie par la politique. Je rappelle alors la visite surprise du roi saoudien en Syrie. En fait, les dirigeants arabes avaient reçu les ordres américains et israéliens pour éloigner la Syrie du camp de la résistance.

S'en sont suivies les révolutions du printemps arabe. Quand ils ont échoué en politique, ils ont transposé le modèle de la révolution en Syrie, une révolution qui a rapidement dégénéré en guerre.

Pour eux, le problème avec le président Assad réside dans le fait qu'il ne veut pas faire partie du projet du nouveau Moyen-Orient.

Ils veulent des présidents vassaux, alors qu'Assad est quelqu'un d'indépendant.

Face à l'échec de leur projet, ils ont mis en place Daech, al-Nosra et Cie. Aujourd'hui, les Américains admettent publiquement leur responsabilité dans le financement des terroristes, qui sont déployés en Syrie pour combattre le Hezbollah. Donc, quand on combat Daech, on est dans la continuation de la guerre de juillet 2006.

C'est vrai que nous avons triomphé en juillet 2006, mais les ennemis tentent de nous arracher cette victoire.

Obama tente une chance de dernière minute pour réaliser un exploit quelconque contre Daech pour dire à l'opinion publique US qu'il a éradiqué Daech et les terroristes en Syrie ou à Mossoul, d'où le rapprochement russo-américain.

Pourtant, les frappes américaines contre Daech agacent les Israéliens qui y trouvent un grand service rendu avant tout au Hezbollah!  


Q: Le Liban a-t-il connu une stabilité après la guerre de juillet?

R: Sur le plan sécuritaire, le Liban jouit d'une sécurité inouïe. Grâce aux sacrifices de l'armée et des combattants de la résistance, nous avons avorté un projet extrêmement dangereux qui se tramait contre le Liban. 

Depuis toujours, la population du Sud souffrait des exactions et des crimes sionistes. Les gens étaient horrifiés et apeurés.

Allons maintenant aux frontières du sud. Depuis 2000 à 2006, il y a eu un essor démographique important. Les gens veillent au matin à la frontière. Ils vivent tranquillement parce que la résistance a imposé une équation de l'équilibre de la terreur.

De l'autre côté de la frontière, les Israéliens arrachent les arbres, creusent des terrains, changent les aspects géographiques de la terre, parce qu'ils se préparent à la bataille de la Galilée.

Q: Etes-vous prêts à dialoguer avec vos adversaires?

R: Pour le bien du Liban et la sécurité de la population, nous sommes prêts à nous assoir sur la même table avec nos adversaires. 

Après la guerre de juillet, nous avons dialogué avec ceux qui ont comploté contre nous. Le tout, pour l'intérêt du Liban.

Q: Qui sont les personnalités qui ont adopté une position honorable en faveur de la résistance lors de la guerre de juillet?

R: elles sont nombreuses. Je ne saurai les citer. Mais dans les pays arabes, européens, en Amérique Latine, des groupes, des présidents, des militants et de nombreuses personnes ont manifesté leur soutien au Hezbollah et ont fourni un soutien politique. J'en passe des noms pour ne pas oublier qui que ce soit.


Q: L'armée libanaise assistait-elle passivement aux combats?

R: Malgré les tentatives de menotter les mains de l'armée, celle-ci a suivi sa  doctrine militaire nationale et patriotique. Certains ont cherché à provoquer une division entre le Hezbollah et l'armée même durant la guerre.

Sachez que le Premier ministre avait ordonné à l'armée de saisir les camions transportant des armes au Hezbollah de la Békaa au sud. Nous avons contacté le commandement de l'armée qui a admis qu'une décision politique est derrière cet acte.

C'est ainsi que le président Lahoud est intervenu en force. Nos adversaires politiques libanais ont même conditionné le déploiement de l'armée au sud du Litani par le désarmement de la résistance. Bref, des politiciens libanais ont cherché à réaliser en politique ce qu'Israël n'a pas pu le faire dans les 33 jours.
Nous n'avions jamais de problème avec l'armée.


Q: L'armée combat aujourd'hui les takfiristes. S'est-elle libérée de la décision politique contraignante?

R: Certains pays arabes assurent une couverture pour défendre la politique israélienne. Nous nous attendrons même dans l'avenir à des fatwas qui donnent une légitimité pour Israël. Nous avons combattu les Israéliens, c'était la bataille directe contre l'ennemi. Aujourd'hui, nous combattons les Israéliens par procuration, à travers les takfiristes.

D'aucuns tentent de minimiser  les potentiels de l'armée. On nous demande de déposer les armes pour reléguer la place à l'armée et en même temps, ils avancent que l'armée est faible et manque d'équipements militaires.

Je vous dis clairement: l'armée est capable de trancher la bataille contre les takfiristes. Mais elle a besoin de décision politique.

Les Israéliens misent sur Daech et réalisent bien que le projet takfiriste est sans avenir. Ce projet n'est pas viable. Personne ne peut vivre dans le giron de Daech, ni même les sunnites. Ce groupe qui décapite arbitrairement les gens. Toute personne dotée de bon sens et d'un esprit de liberté n'accepte pas de vivre dans l'Etat de Daech, cet Etat de meurtre.

Q: Le Hezbollah s'est-il embourbé dans le bourbier de Daech? Israël vous a-t-il entrainé dans cette guerre?

R: L'arroseur sera arrosé. la situation finira par se retourner contre les Israéliens. Les Israéliens exagèrent quand ils avancent des chiffres sur les morts de nos combattants.

Ils admettent tout de même que le Hezbollah a acquis une grande expertise dans la bataille contre Daech. Le Hezbollah a pris part à des combats sans précédent. Il a acquis une expérience dans la guerre offensive. Pour cette raison, ils sont terrifiés quant à la possibilité de l'éclatement d'une guerre dans la Galilée. Sachez qu'un Israélien sensé devrait constater que le Hezbollah a pu amplifier ses forces et ses capacités après la création de Daech.

Aucune manœuvre militaire ne peut profiter au Hezbollah comme l'a fait la bataille contre Daech.

Q: Le rapprochement russo-turc contribuera-t-il à résoudre la crise syrienne?

R: Probablement. La guerre en Syrie n'est pas une guerre interne. Des rapports occidentaux font état des millions de dollars et des centaines de milliers de miliciens convoqués du monde entier pour combattre en Syrie. Les miliciens étrangers, saoudiens, ouzbeks, et turkmènes sont le fer de lance dans la bataille contre le pouvoir en Syrie.

Si la Turquie accepte de résoudre la crise, elle devra admettre que le projet a échoué et que la bataille militaire ne mènera nulle part. Si la Turquie prend la décision de fermer ses frontières, la guerre prendra fin. Toutes les facilités sont présentées aux terroristes de Daech et aux autres groupes via les frontières turques. Dans ce cas, l'Arabie Saoudite ne pourra plus larguer ses armes et ses fonds par avions!

Il y a cinq ans, j'avais dit que les grandes puissances ont convoqué les terroristes des quatre coins du monde pour combattre en Syrie, et j'ai bien averti qu'en fin de compte, ils seront tués par ces mêmes pays.

Lors de sa rencontre avec Poutine, Bandar ben Sultan avait réclamé des miliciens du Daguestan et de la Tchétchénie pour les utiliser dans la guerre en Syrie. Il lui a assuré qu'à la fin de la guerre aucun d'entre eux ne rentrera vivant! Regardez combien ils manquent d'honneur et d'humanité avec des gens qui appartiennent à la même école religieuse.

Vraiment, j'ai le cœur brisé pour les morts de l'autre camp, manipulés et puis sacrifiés pour les intérêts des pays arabes et occidentaux. Mais savez-vous pour le compte de qui combattez-vous? C'est une chose lamentable.
 

Q: La normalisation avec Israël est-elle nouvelle ou bien date-t-elle depuis longtemps?

R: Sans les complots avec les régimes arabes en 1948, Israël n'aurait pas pu triompher. La propagande sioniste à l'époque promettait une vie paisible dans la terre "de miel" aux juifs voulant se rendre en Palestine. Comment les Israéliens étaient-ils aussi certains d'une vie paisible? Simplement, parce qu'ils avaient reçu des assurances de la part des régimes politiques vassaux.

Sachez que depuis 1948, les armées arabes étaient capables de combattre et  de vaincre Israël, elles avaient besoin d'une décision politique pour entreprendre cette action, ce qui n'a jamais eu lieu.

Le chaos destructif dont parlent les Américains, s'il règne dans la région, et que les régimes arabes sont renversés, le premier qui paiera le prix sera Israël, pour cela je vous dis que l'arroseur sera arrosé.

Il y aura toujours des gens qui combattront Israël dans la région, l'ennemi ne saura éteindre la flamme de la résistance dans nos coeurs.

Q: La normalisation saoudienne avec Israël est un sujet de controverse en Palestine. Comment commentez-vous ce fait?

R: Je ne pense pas qu'un mouvement de résistance palestinien puisse admettre la normalisation saoudienne avec Israël. Nous sommes en contact avec toutes les factions palestiniennes. Chacun s'exprime à sa façon sur cette affaire.

Quant à nous, nous allons continuer à soutenir tous les mouvements de résistance qui combattent Israël.

Q: Les adversités entre la résistance et les régimes favorisent-elles désormais une unité islamique?

R: Je pense que la situation est compliquée mais on exagère beaucoup les faits. Des centaines de milliers de musulmans en Indonésie et en Malaisie ne sont pas impliqués dans la guerre sectaire. Même en Syrie, ce sont des sunnites qui combattent les terroristes. A Falloujah, la victoire a eu lieu grâce entre autre aux forces de tribus sunnites qui ont combattu à côté des chiites et des kurdes.

Donc, les sunnites combattent Daech en Irak. Les Kurdes, dont la majorité est sunnite, combattent aussi Daech. Les médias pro-saoudiens prétendent le contraire. Mais en effet les sunnites ont le plus pâti de la criminalité de Daech.
Inchallah, la discorde sera avortée, et je suis certain que le projet takfiriste ne survivra pas. Dieu accorde la victoire à celui qui le mérite. Peut-être, cette épreuve qui frappe l'axe de la résistance  et les peuples de la région permettrait de discerner entre le sincère et le menteur. Pour moi, la victoire finale n'est pas loin à venir.

La faiblesse des sionistes était depuis toujours camouflée par les régimes comploteurs arabes. La libération de l'an 2000 a mis en échec le projet du Grand-Israël. En 2006, la victoire a frappé l'essence du projet israélien, et tout ceci de l'aveu des dirigeants sionistes.

Les Israéliens plieront bagage dans l'avenir et quitteront la Palestine, grâce à des développements divers, qui ne comprennent pas nécessairement une guerre globale.

De nombreux problèmes déchirent la société israélienne. Le chef de l'opposition israélienne a longuement parlé ces derniers jours du racisme grandissant qui déchire la société israélienne.
Par ailleurs, les Israéliens ont compris que tous leurs efforts ne sauront anéantir la résistance dans les cœurs de nos peuples.
Tant que la résistance existe, Israël ne pourra survivre.
C'est une question de temps.

Q: Que signifie à vos yeux le fait que vous soyez le maitre de la victoire?

R: C'est une question difficile. Les gens affichent leur désir d'avoir une icône pour une guerre quelconque ou pour tout autre évènement.  Mais l'exploit de la victoire est l'exploit de tous ceux qui se sont préparés et qui se sont sacrifiés.

J'avais remercié les combattants pour m'avoir accepté dans leurs rangs lors de la guerre de juillet 2006.
En vérité, les combattants sont les véritables maitres de la victoire.


Q: La rue tunisienne est la seule à avoir manifesté son soutien à la résistance cette année. Qu'en dites-vous?

R: Oui, et c'est un indice de la lueur d'espoir dont je parle. Le tableau n'est pas si sombre comme je l'ai déjà dit.

Q: L'amour passion que certains vous affichent, vous donne plus d'humilité?

R: C'est un amour réciproque. J'aime les gens, et je partage leurs moments de bonheur et de souffrance. C'est une loi qui gouverne le monde. Les gens, quand ils aiment, ils aiment pour des raisons déterminées. C'est Dieu qui décide de tout, c'est Dieu qui nous donne la grâce d'être aimé.

En échange, nous sommes conscients que cet amour est une grâce  offerte de Dieu. Nous sommes humbles devant Lui et devant ses adorateurs.

Q: Comme vous devez endurer comme épreuves et souffrances. Comment faites-vous pour supporter?

 R: Tout le monde souffre et endure. Même les prophètes souffrent. La patience provient du mal et de l'endurance. Nous souffrons mais nous patientons, parce que la patience est un ordre divin.

Quiconque patiente sur le chemin du Vrai, endure les traitrises, les complots, les blocus, les menaces sécuritaires, est la personne qui combat sur le sentier de Dieu, et Dieu le récompensera.

Q: Vous êtes un religieux et grâce à Dieu vous avez la capacité de convaincre les gens beaucoup plus que tous les religieux. Vous avez parlé un jour de la belle patience qui m'a beaucoup touchée.

R: C'est un concept coranique. Dieu insiste qu'il fera triompher celui qui patiente et qui endure. Sans la patience, on ne peut affronter des mauvaises actions.  Dieu loue ceux qui pardonnent aux gens, qui retiennent leur colère...

Quant au beau malheur: dans les études gnostiques on dit que celui qui emprunte la voie vers Dieu, aime toute sorte de souffrances et accepte toutes les endurances.

Sayeda Zeinab avait dit n'avoir vu que du beau dans toute la bataille de Kerbala. Pourquoi? Parce qu'elle a offert tous ses sacrifices pour la satisfaction de Dieu.  


Q: Quel prix paie le leader?

R: Je ne me présente pas comme tel. Je ne fais qu'appliquer mon devoir. Notre souci majeur est la préparation pour l'Au-delà. On consacre nos jours et nos heures pour nous préparer au Jour dernier. Ceux qui iront en enfer pleureront. Même ceux qui iront au paradis pleureront parce qu'ils verront d'autres mieux placés.

Nous avons été éduqués de sorte que le Jour du Jugement occupe la Une de nos préoccupations. L'acte de résistance est un devoir pour lequel nous serons interrogés dans l'Au-delà.

Disons que le Hezbollah va déposer ses armes et les remettre à l'armée, et qu'Israël agresse le Liban, il n'y aura plus de facteur de dissuasion face à cet ennemi qui convoite nos richesses. Faute de quoi, le Liban qui aspire à explorer ses ressources pétrolières n'aura plus la capacité de le faire.

Qu'allons-nous dire à Dieu quand Il va nous interroger sur les raisons de notre désistement à  assumer nos responsabilités? Notre devoir est de repousser Israël, de protéger notre population, d'aller en Syrie pour combattre les takfiristes.

Bref, le Hezbollah ne renoncera point ses devoirs. Etre le sujet de Dieu signifie "obéir à Dieu" et "assumer les responsabilités religieuses" qui en incombent.

Nous devons assumer le devoir moral et humain tant que nous sommes vivants.


Q: Quelle sorte de livres lisez-vous le plus?

R: L'imam martyr Sayed Mohammad Baqer Sader, un grand penseur, nous a donné un conseil pour savoir comment lire les livres: on lit comme on adore Dieu.

Autrement dit, l'adoration de Dieu renferme plusieurs aspects: la prière, les invocations, les contemplations, le jeun, le Hajj... Ceci s'applique à la lecture. Si on a envie de lire des livres historiques, on doit choisir un livre d'histoire. Tout dépend de notre humeur.

Q: Quelle est la situation actuelle de la chaine al-Manar au vu de la campagne hostile qui tente de la museler?

R: La guerre contre alManar fait partie de la guerre contre l'axe de la résistance. Elle est le fer de lance dans la bataille. Elle joue un rôle de mobilisation sur le plan populaire. Nous connaissons bien les plans des ennemis et le résultat de la guerre contre AlManar dépend des résultats de la guerre contre nous. alManar doit continuer son combat par tous les moyens technologiques pour atteindre une plus grande audience.

On nous propose de créer une autre chaine et de changer son nom, comme l'a fait d'ailleurs le front al-Nosra dernièrement.

Pour moi, toute l'histoire d'al-Manar doit rester vivante dans les esprits. AlManar a sacrifié des martyrs dans la voie du combat. Nous trouverons les moyens pour briser ce blocus.

Q: Comment arriverons-nous un jour à remercier Dieu même pour ce qu'Il ne nous a pas accordé?

R: Ceci dépend de notre croyance en Dieu. L'individu est appelé à être conscient que tout ce qui a lieu dans cette vie dépend de la volonté de Dieu. Nous devons enrichir notre culture pour réaliser que Dieu décide de tout. Dieu sait par exemple que certains gens ne méritent pas d'être riches parce qu'ils dévieront du bon chemin. Ainsi, ils perdront la vie et l'au-delà. S'ils demeurent pauvres, ils resteront humbles.

D'autres gens demeurent riches même s'ils réclament l'inverse de Dieu. Tout dépend de la volonté divine.

La confiance en Dieu, la croyance en Dieu, l'obéissance à Dieu. Tout ceci aide les gens à découvrir le chemin de Dieu.