22-11-2024 12:07 PM Jerusalem Timing

Les femmes paient le prix fort de l’islamophobie en Europe

Les femmes paient le prix fort de l’islamophobie en Europe

Le port du voile est un obstacle additionnel dans la recherche et la rétention d’un emploi.

Les femmes musulmanes font face aux mêmes inégalités que d’autres femmes dans l’emploi et par rapport aux violences physiques et verbales, mais celles-ci sont renforcées par des facteurs tels que la religion (perçue) et/ou l’origine ethnique.

Néanmoins, peu de mesures sont prises pour collecter des données sur ce phénomène et mettre fin à cette forme intersectionnelle de racisme. Telle est la conclusion du nouveau rapport du Réseau européen contre le racisme (ENAR) « Femmes oubliées: l’impact de l’Islamophobie sur les femmes musulmanes », qui couvre huit pays européens: Allemagne, Belgique, Danemark, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède.

« Triple peine » pour les femmes musulmanes

Les femmes musulmanes font souvent l’objet d’une triple « peine » dans l’emploi : sur base du genre, de l’origine ethnique et de la religion. Les discriminations à l’emploi sont souvent liées aux perceptions d’ « Islamité », et surtout aux vêtements des femmes musulmanes. Par exemple, au Royaume-Uni, 12,5% de femmes pakistanaises doivent répondre à des questions sur le mariage et les aspirations familiales lors d’entretiens d’embauche, alors que 3,3% de femmes blanches reçoivent de telles questions, c’est-à-dire presque quatre fois plus.

Le port du voile est un obstacle additionnel dans la recherche et la rétention d’un emploi. En Allemagne, 18% des sociétés ont invité des candidats ayant un nom à consonance allemande, et seuls 13% des candidats ayant un nom à consonance turque. Seuls 3% des sociétés ont invité des candidates portant le voile dans la photo de CV. En Belgique, 44% des employeurs pensent que le port du voile peut influencer négativement la sélection des candidats.
Les femmes musulmanes sont les premières victimes des agressions islamophobes

Dans la plupart des pays, les femmes musulmanes sont plus susceptibles d’être victimes de crimes et discours de haine que les hommes musulmans, surtout si elles portent le voile. Les femmes musulmanes font face aux menaces, insultes, violences et attaques physiques. Par exemple, aux Pays-Bas, plus de 90% des victimes d’incidents islamophobes signalés à l’association Meld Islamophobie en 2015 étaient des femmes musulmanes.

En France, 81,5% des violences islamophobes enregistrées par le Collectif Contre l’Islamophobie en France en 2014 ciblaient des femmes, la plupart portant un signe religieux visible. L’organisation Tell MAMA au Royaume-Uni signale que 54% des victimes d’insultes et attaques verbales étaient des femmes. Les violences physiques et verbales se côtoient souvent, ainsi que les insultes sexistes et racistes ; et les incidents se déroulent principalement dans les espaces publics.

Un racisme institutionnalisé ?

Le rapport montre que les préjugés et représentations stéréotypées de femmes musulmanes sont diffusées dans les médias et discours publics, y compris par certains politiques. Cette attention négative crée un terrain propice aux pratiques discriminatoires et aux violences au quotidien.

« Les femmes musulmanes font l’objet de discriminations et de violences parce qu’elles sont femmes et musulmanes, mais rien n’est fait pour répondre aux discriminations multiples qu’elles subissent », a déclaré Sarha Isal, Présidente d’ENAR. « L’Union européenne ne peut pas se permettre d’exclure et oublier les femmes musulmanes si elle veut prôner l’égalité des sexes et la lutte contre le racisme. Les lois européennes contre les discriminations dans l’emploi et les crimes de haine doivent également les protéger de manière efficace. »
 

Source: Etatdexception.net