Les doutes subsistent toutefois.
Les Syriens et les Turcs seraient sur le point de conclure un accord qui pourrait aboutir à une entente sécuritaire sans précédent depuis l’éclatement de la crise syrienne.
Un troc : Donnant donnant
Selon le chroniqueur du journal libanais assafir, les traits généraux de cet accord n’ont pas encore été mis au clair. Mais il semble qu’ils tournent autour d’un troc entre les deux protagonistes : les turcs renonceraient à Alep au pourvoir syrien, en échange de quoi il leur laissera le champ libre pour frapper le projet kurde en Syrie.
Cette proposition suggérée par les Russes et les Iraniens aurait été faite au niveau des responsables sécuritaires des deux pays qui se sont rencontrés à plusieurs occasions.
Il en a découlé que les Turcs ont informé Damas une semaine à l’avance de leur offensive Bouclier de l’Euphrate au nord-est de la Syrie.
Le sort de 7 officiers turcs
L’une de ces rencontres a déjà eu lieu à Bagdad, jeudi dernier. Mais il y en aura d’autres à Damas, à Moscou, et peut-être à Istanbul.
La rencontre en Irak a été tripartite, réunissant des représentants du ministère de la Défense et des renseignements irakiens, avec leurs homologues syriens, venus lors de la visite officielle du ministre syrien des AE Walid al-Mouallem en Irak.
S’est joint à eux une délégation sécuritaire turque dirigée par le chef des renseignements turcs en personne, Haqane Fidane.
L’une des revendications de cette dernière a été d’obtenir des informations sur 7 officiers turcs qui avaient fait pat aux combats avec les rebelles syriens et dont les traces ont été perdues depuis le mois de février 2015.
Les Turcs en Syrie
A savoir que des forces turques avaient directement participé aux combats contre l’armée syrienne à Lattaquié, Idleb et Alep et plus particulièrement dans les quartiers est de la ville. Certains militaires turcs ont péri, mais l’Etat-major turc s’est refusé à le reconnaitre officiellement.
Durant la dernière bataille d’Alep, destinée à briser le blocus de l’armée contre ses quartiers est, des officiers turcs étaient également présents aux cotés des miliciens. Ce sont les vagues des suicidaires du Parti islamique Turkestan, entrainés par les renseignements turcs qui ont été capables d’ouvrir la petite brèche piétonne à Ramousseh.
Les responsables syriens auraient présenté des informations sur quatre officiers encore vivants mais qui ont été faits prisonniers, niant savoir quoique ce soit sur les trois autres.
Accord sur la liste terroriste
Syriens et Turcs seraient parvenus à un accord préliminaire en fonction duquel Damas devrait classer dans sa liste terroriste toutes les factions kurdes armées œuvrant dans le nord syrien. Sachant qu’elle l’a déjà fait pour le parti des travailleurs kurde, après les accrochages qui ont eu lieu à Hassaké la semaine dernière avec les Unités de protection des Kurdes. Damas se serait aussi engagée à cesser de soutenir deux factions kurdes dans la région de Aafrine, et les factions qui collaborent avec eux.
En échange, les Turcs ont promis de suspendre leur soutien en armements aux groupuscules armés qui combattent l’armée syrienne à Alep et de s’entendre sur une liste de factions qui seront classées parmi les organisations terroristes, selon les critères russes. Une mesure destinée à séparer les factions modérées des groupes extrémistes.
Des milliers de miliciens convoqués
Quelques changements ont été opérés par les Turcs sur le terrain. Selon assafir, ils ont déjà convoqué des milliers de miliciens qui se trouvaient sur les fronts d’Alep et d’Idleb. Il en est de même pour de nombreuses ailes de la milice « Al-Jabhat al-Shamiyyat », après leur désaccord avec la coalition Jaïsh al-Fateh sur les opérations à Alep. Les renseignements turcs ont également retiré le bataillon-13 et les brigades turcomanes qui se trouvent à la frontière syro-turque, et surtout dans la province nord de Lattaquié et à Jarablos et sa province.
Il s’agit surtout des brigades Mourad-4, Sultan Selim, Istakim kama Oumirt et d’autres groupes combattant dans les rangs des Ahrar al-Sham et Faylak al-Sham et qui sont proches des renseignements turcs.
Initiatives suspectées
Il est certes difficile de croire que les Américains fermeront les yeux et laisseront les turcs aller loin dans leur entente avec les Russes, les Iraniens et les Syriens.
Il en de même pour le président turc, dont l’aptitude à prendre une telle décision de se rapprocher de l’axe de la Resistance dans la région est fortement suspectée, d’autant qu’il risque de mécontenter Américains.
Ces derniers sont d’ailleurs sur l’expectative et ont déjà sommé leurs services de ne plus fournir aux Turcs les informations sécuritaires et militaires sur la Syrie. De même, leurs avions ne participeront pas aux raids menés contre les Kurdes et leurs alliés à l’ouest de l’Euphrate, à Manbej et Jarablos.
Traduit par notre rédaction du journal assafir