La majorité des groupes insurgés syriens armés, qui combattent le pouvoir syrien, n’affichent aucune résistance à normaliser avec Israël.
Une situation qui ne devrait pas surprendre pas ceux qui étaient persuadés que la guerre menée contre la Syrie est due à sa position de soutien à la résistance, et d’animosité à l’entité sioniste: la majorité des groupes insurgés syriens armés, qui combattent le pouvoir syrien, n’affichent aucune résistance à normaliser avec Israël.
A l’exemple des pays qui les soutiennent d’ailleurs : à commencer par la Turquie, et en passant par les monarchies du Golfe, à leur tête l’Arabie saoudite et le Qatar.
C’est le cas de l’Armée syrienne libre qui occupe une partie de la province de Quneitra, jouxtant le Golan occupé, et dont les miliciens se font soigner régulièrement dans les dispensaires et les centres hospitaliers israéliens. C’est le cas aussi des miliciens du front al-Nosra, qui se trouvent également dans cette région. Tous
Et ça l’est aussi pour le groupuscule soutenu et financé par l’Arabie saoudite, Jaïsh al-Islam, lequel occupe la Ghouta orientale, à l’est de la capitale syrienne. A la différence avec les autres, sa position est certes plus affichée.
Selon le journal libanais al-AKhbar, son porte-parole Islam Allouche, proche de son fondateur tué Zahrane Allouche a consenti d’accorder une interview journalistique à une chercheuse israélienne, Elisabeth Tsorkov. Il savait très bien à qui il avait affaire, a-t-elle tenu à préciser sur son compte Facebook
Celle-ci travaille pour le Forum de la pensée régionale, une tribune qui regroupe des orientalistes et des experts dans le Moyen-Orient et dont le but est de « fournir au public israélien des informations inconnues et une analyse exceptionnelle… pour l’aider à se forger une image différente de la réalité qui puisse aider Israël à s’intégrer au Moyen-Orient, grâce à la force de la sagesse et non à celle du bras armé ».
Dans son interview, elle n’a pas manqué de lui poser la question qui tourmente Israël : « quelle est la position de votre organisation sur un accord de paix entre la Syrie et Israël ? ».
Ce à quoi il a dit les mots qui ne devraient pas fâcher Israël : « C’est un sujet de politique étrangère qui sera tranché par les institutions de l‘Etat qui sera fondé après la victoire de la révolution et lorsque le peuple syrien élira ses représentants en toute liberté. Nous ne confisquerons pas la volonté du peuple syrien ».
Et puis la chercheuse israélienne est passée à une question liée à l’Iran et au Hezbollah, principale source de préoccupation pour Israël : « l’Iran qui est le parrain d’Assad n’acceptera aucun accord qui ne préserve pas son influence et celle du Hezbollah en Syrie. Est-ce que Jaïsh al-Islam est disposée à un accord qui puisse satisfaire l’Iran, et permettre par exemple le transfert des armes au Hezbollah en provenance de l’Iran, en passant par le territoire syrien? »
Et de nouveau, la réponse d’Islam Allouche qui devrait réjouir les Israéliens : « Cette clique qui se fait appeler le Hezbollah est une clique qui s’oppose à la liberté à laquelle aspirent les peuples, dont le peuple syrien. Le secrétaire général du Hezbollah a déclaré avec franchise son animosité. Et nous ne sommes pas disposés à permettre que les armes soient acheminées a son organisation, d’autant qu’il les utilise contre les peuples qui aspirent à la liberté tôt ou tard ».
Côté syrien, ces propos ne semblent toujours pas avoir la côte. Raison pour laquelle ils sont exprimés en catimini. Selon Assafir, certaines réactions syriennes ont été très critiques, jusqu’à le qualifier de « traitre ». Quoique certains ont sympathisé avec lui, saluant la journaliste israélienne « car elle défend la révolution syrienne ».
Touours est-il que quelques jours après l’entretien, Allouche a présenté sa démission de son poste de porte-parole de Jaïsh al-Islam.
Pour expliquer sa décision, Allouche avance des raisons « d’intérêt général », sans jamais s'excuser en reconnaissant avoir commis une erreur.
Sa démission ne signifie pas non plus qu’il a été révoqué de ce mouvement, d'autant que sa direction n’a exprimé aucune réaction de désapprobation à son interview. Signe d'approbation sans aucun doute.