Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption a appelé le nouveau gouvernement à éradiquer les "barons" désireux de créer un "Etat mafieux".
La corruption a atteint un stade "épidémique" en Tunisie, a souligné mardi le président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLC), appelant le nouveau gouvernement à éradiquer les "barons" désireux de créer un "Etat mafieux".
Le gouvernement d'union entré en fonctions lundi a dit vouloir faire du combat contre la corruption l'une de ses priorités.
Le Premier ministre Youssef Chahed a annoncé la suppression du ministère jusque-là dédié à cette lutte afin de concentrer tous les moyens de l'Etat en faveur de l'INLC, une instance indépendante spécialement chargée de combattre ce fléau.
Nommé à la présidence de cette Instance en début d'année, Chawki Tabib a profité de la présentation d'un rapport devant la presse pour exhorter le cabinet Chahed à l'action.
"Nous avons conclu qu'elle (la corruption) a atteint un stade épidémique. Mais un stade épidémique auquel on peut encore faire face si tous les efforts sont consacrés à la lutte contre la corruption, et notamment si on concrétise la déclaration de guerre du Premier ministre", a-t-il proclamé.
Il "faut éradiquer les barons de la corruption (...) qui ont percé les appareils de l'Etat ainsi que les médias et les partis au pouvoir", a renchéri M. Tabib.
Le fléau touche aussi des magistrats impliqués dans des dossiers examinés par la justice depuis des mois, a-t-il encore avancé, sans fournir de noms.
Dans une déclaration à l'AFP, le responsable a relevé que des experts évaluaient le coût de la corruption et de la mauvaise gouvernance en matière de contrats publics "à deux milliards de dinars", soit environ 800 millions d'euros. "C'est beaucoup trop pour notre économie", a-t-il noté.
En terme d'actions concrètes à mener, Chawki Tabib a appelé à renforcer l'arsenal juridique, notamment en matière de vérification des patrimoines et de lutte contre les conflits d'intérêt.
D'après des experts, la corruption d'Etat sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali a laissé place à une banalisation de la petite corruption dans tous les domaines du quotidien.
Afin de marquer son souci de transparence, Youssef Chahed a de son côté annoncé vendredi au Parlement que ses ministres publieraient tous sous 15 jours une déclaration de patrimoine.
Avec AFP