Le président Béji Caïd Essebsi a vivement dénoncé Hizb ut-Tahrir la semaine dernière devant le conseil de sécurité nationale.
Le gouvernement tunisien a saisi la justice militaire pour faire interdire le parti radical Hizb ut-Tahrir, régulièrement accusé de "troubles à l'ordre public" depuis sa légalisation dans le sillage de la révolution, a indiqué mercredi un responsable.
"Une demande d'interdiction a été déposée ces derniers jours. Nous sommes dans l'attente de la décision du juge d'instruction militaire", a dit à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, ce responsable à la présidence du gouvernement.
Selon lui, le jugement est imminent et concerne une interdiction pure et simple de Hizb ut-Tahrir. Ce parti, qui prône l'instauration d'un califat et de la charia, avait fait l'objet mi-août d'une suspension d'un mois par la justice civile, mais cette décision avait été annulée en appel pour "vice de forme".
Après avoir obtenu gain de cause, Hizb ut-Tahrir avait publié un communiqué dans lequel il fustigeait à nouveau un "harcèlement policier" à son encontre et proférait des menaces.
« Que ce gouvernement, ses criminels et ses maîtres anglais (anglo-saxons, ndlr) sachent que leur heure est arrivée et qu'il y aura des têtes et des mains qui seront coupées", avait-il notamment dit.
Même si le mouvement est revenu sur ses propos, le président Béji Caïd Essebsi a vivement dénoncé Hizb ut-Tahrir la semaine dernière devant le conseil de sécurité nationale.
"Désormais, ils menacent de couper vos têtes et vos mains. Qu'est-ce qu'on fait? (...) Il faut trouver une solution parce que leur outrecuidance envers l'Etat sape son autorité", a clamé Caïd Essebsi.
Créé au début des années 1980, Hizb ut-Tahrir n'a été légalisé qu'en 2012, après la révolution contre la dictature de Zine El Abidine Ben Ali.
Depuis, ce parti est fréquemment accusé de troubles à l'ordre public. En juin, son congrès annuel a été interdit pour "raisons de sécurité", en vertu de l'état d'urgence en vigueur dans le pays depuis une vague d'attaques terroristes sanglantes.
« Il s'agit d'un parti qui ne reconnaît pas le caractère civil de l'Etat", avait notamment fait valoir le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub.