Les États-Unis persistent à tenter d’appliquer leur propre recette de fédéralisation
L’accord de «cessation des hostilités » concernant toutes les parties du conflit, à l’exception des groupes terroristes Daech [EI] et Front al-Nosra, négocié par John Kerry et Sergueï Lavrov, début 2016, avec pour objectif déclaré d’aboutir à une entente sur une solution globale en Syrie, s’est soldé par une succession de tergiversations et d’impostures de la part des États-Unis ; lesquels, face à la détermination de l’Armée arabe syrienne et de ses alliés russe, iranien et du Hezbollah, de mettre à exécution les termes de cet accord, ont mobilisé les gouvernements de leurs alliés afin de rameuter des dizaines de factions terroristes et de leur fournir d’énormes quantités d’armes, dont des armes qualitatives achetées par l’Arabie Saoudite et le Qatar et acheminées à travers la frontière turque.
C’est ainsi que les gangs terroristes ont pu mener leurs attaques sur la plupart des fronts syriens du fait d’un soutien américano-turco-saoudo-qatari, les États-Unis prétextant être incapables de séparer ceux qu’ils désignent par « groupes armés modérés » des groupes armés inféodés à Al-Qaïda ; un mensonge scandaleux auquel ils continuent de s’accrocher.
Il est désormais évident que l’accord américano-russe est caduc et que les États-Unis, qui n’ont cessé d’empêcher depuis des mois tout travail sérieux pour le concrétiser, continuent à lui faire obstacle en préférant s’en remettre aux forces takfiristes. Comme il est désormais très clair que leur manœuvre, ratée, de changement de nom du Front al-Nosra [en Front Fatah al-Cham] avait pour but de le contourner en faisant passer cette organisation terroriste, et ses sœurs, pour des « opposants modérés » et non pour ce qu’ils sont en réalité : des groupes terroristes liés à Washington !
Il est tout aussi clair que la Russie a refusé d’obtempérer aux concessions exigées par les États-Unis en rapport avec une « nouvelle trêve » pour de prétendues raisons humanitaires ; slogan de couverture porté par Obama, le commandant en chef de la guerre « sur » la Syrie et le véritable responsable des tragédies vécues par le peuple syrien depuis qu’il a consenti à la mise en œuvre du plan de « guerre par procuration » concocté par le Directeur de la CIA, David Petraeus, en association avec Bandar bin Sultan le Saoudien, la Turquie et le Qatar.
De nombreux observateurs pensent que ces concessions refusées par la Russie se retrouvent dans le message de Michael Ratney [1], le vrai responsable de la gestion des bandes de terroristes en Syrie [Il s’agit de l’ambassadeur virtuel des États-Unis en Syrie, lequel a remplacé Daniel Rubinstein, lui-même « successeur exceptionnel » du dernier ambassadeur réel Robert Ford selon les termes de John Kerry [2], et dont nous rappelons le message vidéo sur You Tube et Facebook [3] adressé, dès sa nomination, à son public de prétendus révolutionnaires syriens, à l’occasion du troisième anniversaire de leur soi-disant révolution pour la liberté et la dignité ; NdT].
Ce message de Michael Ratney [à l’opposition syrienne] concerne les dispositions opérationnelles afin d’aboutir à un « gel militaire de la géographie des combats », exigé par les États-Unis, pour protéger les bastions des groupes terroristes et se soustraire à leur engagement de trier entre les factions terroristes extrémistes et les groupes armés prétendument modérés.
Un message qui a été suivi par les assauts terroristes, inspirés et organisés par les États-Unis et l’Arabie Saoudite, au nord de Hama pour sortir du pétrin les factions terroristes assiégées par l’Armée arabe syrienne au sud-est d’Alep [mais en vain, aux dernières nouvelles ; NdT] et ainsi compenser les pertes subies par les factions terroristes dans la Ghouta de Damas [notamment à Daraya ; NdT].
Par conséquent et alors que le secret entoure toujours les négociations entre les Russes et les États-Unis sur le déroulement du processus politique en Syrie, nombre de signes indiquent que la Russie a refusé de plier devant les conditions américaines, considérant qu’elles revenaient à une ingérence dans les affaires intérieures d’un État souverain et à une violation flagrante des « Accords de Vienne » ; des conditions toujours adoptées par l’Administration américaine, bien qu’elle ait été obligée, du fait des défaites subies et de l’équilibre des forces sur le terrain, de renoncer à réclamer la démission immédiate du Président Bachar al-Assad en acceptant que son mandat se prolonge le temps de ladite « période transitoire » telle qu’elle la conçoit.
En effet, depuis les accords de Vienne, il n’est plus question de refuser les négociations à l’ombre du Président syrien, mais malgré cette résignation de Washington et de l’ensemble des capitales coalisées dans la guerre « sur » la Syrie :
Les États-Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie, continuent d’exiger que le Président syrien ne soit pas candidat pour un nouveau mandat, ce que la Russie aurait refusé de cautionner pour les raisons évoquées plus haut, les « Accords de Vienne » affirmant que c’est au peuple syrien de décider de l’avenir de son pays et de choisir ses dirigeants par la voie des urnes ; des sources diplomatiques ayant affirmé que ce refus russe était ferme et une ligne rouge qui ne tolérait ni compromis, ni discussion.
Les États-Unis et l’Arabie Saoudite ne ménagent aucun effort pour aboutir à un règlement qui disloquerait l’unité nationale et torpillerait le principe d’un État syrien laïc, consacré par ces mêmes « Accords de Vienne » ; là aussi, des sources diplomatiques ont révélé que les États-Unis proposent des formules copiées sur les systèmes politiques du Liban avec les « Accords de Taëf » et de l’Irak [système sectaire mis en place sous la houlette de l’administrateur civil américain Paul Bremer ; NdT] pour y installer un système confessionnel dans le but de prolonger l’agitation interne et les ingérences étrangères, internationales et régionales; ce qui est, avant tout, l’objectif d’Israël.
Et parallèlement à leur plan de « gel militaire de la géographie des combats » par la trêve, les États-Unis travaillent à transformer les lignes de démarcation qui en résulteraient en frontières géographiques séparant des zones contrôlées par les terroristes, ou leurs agents, et des zones contrôlées par l’Armée syrienne, dans le but de saper la souveraineté de l’État syrien et de contrôler les ressources et le mouvement du marché et des marchandises ; ce qui correspond à une formule US de prédilection consistant en la fabrication de cantons pour ébranler les structures de l’État central. Ainsi, les États-Unis persistent à tenter d’appliquer leur propre recette de fédéralisation, en dépit des réserves de leur allié turc quant au soutien du projet fédéral des Kurdes de l’YPG [Unités de protection du peuple].
Restent beaucoup d’autres questions sur ce que préparent les planificateurs US pour les zones contrôlées par Daech, afin d’empêcher l’Armée arabe syrienne et l’État syrien de les récupérer, lorsque l’heure de les frapper aura sonné…
Par Ghaleb Kandil: Homme politique libanais
Source: New orient news