Critiquer la politique de l’Arabie saoudite dans le domaine des libertés est acte de haute-trahison, méritant la peine de mort politique pour les membres du Futur: Moustafa Allouch l’a osé et il risque de le payer cher..
Certes, critiquer un pays comme l’Arabie saoudite pour sa politique de répression dans le domaine des libertés, n’est pas en soi une prouesse ou un scoop. Car, tout le monde s’accorde et sait que ce pays est à l’antipode des libertés publiques et privées, et que sans ses pétrodollars investis dans le financement des conflits régionaux, il y a longtemps que les puissances occidentales l’auraient lâché !
Mais, quand on appartient à un parti politique, entièrement financé par l’Arabie-saoudite, et dont la ligne politique se veut une copie conforme de la vision du roi Abdallah Ben Abdel Aziz de la région, critiquer la politique du monarque saoudien devient un acte de haute-trahison, méritant la peine de mort politique !
C’est en effet ce qui s’est passé avec Moustafa Allouch, membre du conseil politique du courant du Futur, ex-député à Tripoli en 2005, et surtout le coordinateur exécutif du Futur à Tripoli, a rapporté le quotidien libanais alAkhbar.
Coup de folie ou coup de conscience ou tout simplement un ras-le-bol, ce médecin de formation (Spécialiste des greffes d’organes de l’Université de Miami, USA) a semble-t-il mis fin à sa carrière politique en critiquant l’attitude du régime monarchique saoudien à l’égard des libertés .
Selon le journal libanais alAkhbar, Allouch a reçu un appel Mercredi, du président du courant du Futur, Saed Hariri et un autre du secrétaire général du Futur Ahmed Hariri, le sommant de revoir ses positions, lui rappelant le rôle de l’Arabie saoudite et son statut.
Or, ces deux appels n’ont pas réussi à convaincre Allouch "de revenir à l’obéissance, au contraire il s’est muré dans sa position nous rappelant ces positions des années 80, voire avant" écrit le journal.
Selon des sources de Tripoli et de Beyrouth, citées par alAkhbar, l’ex-député du Futur n’aurait jamais agi ainsi s’il n’était pas "scandalisé par ce qui se qui se passe autour de lui. En effet, Allouch ne voit plus aucune harmonie entre les principes du Futur et sa politique exercée sur le terrain".
Selon ses proches, Allouch a décidé "de revenir à l'engagement de son choix de base : la démocratie et la liberté au sens total".
Toujours selon alAkhbar, "l’ambiance qui prévaut actuellement au sein du Futur ressemble à celle d’un procès intenté contre Allouch, où il est question d’exiger de ce dernier de démissionner de ses fonctions, sinon il risque d'être destitué" !
Or, le journal a fait remarquer que "ce que Allouch a exprimé contre l’AS, se limite à sa politique à l’égard des femmes, la qualifiant de crime intolérable, et que si le régime monarchique saoudien n’adopte pas des réformes sérieuses au niveau de l’égalité entre les citoyens, il ne peut pas durer»".
Le représentant du Futur à Tripoli a affirmé à alAkhbar qu’ "on attend à Tripoli une décision de la direction du Futur concernant Allouch", ajoutant qu’il est plutôt "pessimiste sur l’avenir politique de Allouch au Nord ".
Mais encore…
Selon des sources du Futur, citées par alAkhbar, "Allouch a porté atteinte aux constantes du parti du Futur, violant sa charte, car toute personne s'étant engagée à respecter les choix politiques du courant, ne peut pas et ne doit pas s’exprimer ainsi. Voire, malgré l’animosité réputée d’Allouch contre le Hezbollah, l’Iran et le bloc du 8 mars, il n’empêche que ces propos ont transgressé les lignes rouges de son courant ".
Pis encore..
Le hasard a voulu que les propos d’Allouch, malgré leur spontanéité, coïncident avec la célébration de la Journée nationale de l'Arabie Saoudite, enfonçant ainsi plus Allouch dans l’embarras !
Des membres du bureau politique du Futur de premier rang ont affirmé à alAkhbar qu’ "aucune décision n’a encore été prise à l’égard de Allouch, car cela dépend du Secrétariat Général du courant ".
Ces même sources ont rapporté qu’ "un état d’écœurement règne au sein du 14 Mars, surtout parmi ceux qui se considèrent comme les« résidus de la gauche", ou du moins les défenseurs des libertés, et donc toute action contre Allouch aura un impact significatif sur ce groupe de l'opposition, qui estime aujourd’hui que le projet auquel il a adhéré en automne 2005, est en train de s’écrouler. "
Selon le journal, cette tranche de l’opposition juge que "le fait d’avoir modifié les slogans du Futur a porté atteinte aux constantes du courant: ainsi l'appel en faveur d’un Etat civil est focalisé exclusivement pour s'opposer au Hezbollah et ses armes, l’appel à la Liberté , censée être une constante absolue, ne devant pas être soumis à des considérations politiques ou à des limites géographiques, ne peut aller de paire avec la défense d'un régime répressif, quel qu’il soit "?
Et de conclure que cette tranche de ce qui reste du bloc du 14 Mars est désormais consciente de la vérité suivante : "Nous sommes devenus un rassemblement d’extrémistes, musulmans et chrétiens, et ce sont les circonstances qui ont poussé notre extrémisme à se croiser dans notre animosité contre le Hezbollah et la Syrie".