La Maison blanche fera sans doute tout son possible pour conserver son emprise sur l’Europe via l’Otan — ce qui ne sera pas du goût de tous les pays membres de l’UE qui veulent une armée européenne.
Le Brexit a relancé les discussions sur la politique de défense proprement européenne.
Des discussions sont en cours à Bruxelles sur la création d'une armée européenne qui assurerait la sécurité extérieure et intérieure de l'UE.
C'est la Grande-Bretagne qui était jusqu'à récemment le principal opposant au développement de la politique européenne de défense, Londres appréhendant une éventuelle concurrence avec l'Otan.
Les résultats du référendum sur le Brexit ont permis aux pays membres de l'UE de coopérer plus étroitement en matière de défense.
La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a déclaré fin mai que l'UE n'envisageait pas de créer de forces armées régionales.
Il faut dire, que pratiquement tous les petits pays d'Europe voudraient optimiser leurs dépenses militaires en unissant leurs forces sous l'égide de l'UE. Mais que faire avec la souveraineté nationale?
Et qui dirigerait cette nouvelle armée européenne, surtout quand on connaît le manque de compréhension entre les Européens ces dernières années?
Ce scénario a tout de même beaucoup de partisans, notamment le premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka. Lors de la dernière réunion des ambassadeurs et des chefs des missions diplomatiques du pays à Prague, ce dernier a ainsi déclaré: "La formation de forces armées européennes est nécessaire pour garantir efficacement la sécurité des frontières extérieures de l'UE".
Et d'ajouter: "Nous ne pourrons tout simplement pas nous passer d'une armée européenne commune à long terme". Il s'attend à des progrès considérables dans la mise en œuvre de ces projets en automne, y compris à des décisions de la part des pays membres. Dans son discours, il a aussi critiqué l'initiative de la Commission européenne visant à instaurer de manière permanente un mécanisme de répartition des réfugiés entre les pays membres: "Il est nécessaire que l'UE renonce à sa politique inefficace et inutile de quotas".
Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, avait également souligné qu'il comptait sur la formation d'une armée européenne qui ne serait pas offensive mais permettrait à l'UE d'accomplir sa mission mondiale.
Il avait pour la première fois évoqué la création de forces européennes au printemps 2015. Quant à Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan, il a déjà souligné que l'Alliance était contre ce doublon des structures de défense de l'UE et de l'Otan.
Cette position est tout à fait compréhensible car la création d'une armée européenne remettrait immédiatement en question la présence de l'Alliance en Europe.
Ainsi, toute nouvelle déclaration à ce sujet joue sur les nerfs de Jens Stoltenberg. Et de Washington. La Maison blanche fera sans doute tout son possible pour conserver son emprise sur l'Europe via l'Otan — ce qui ne sera pas du goût de tous les pays membres de l'UE.
Avec Sputnik