Le journal francophone Le Soir, évoquant une "minute infernale".
Un député libéral flamand était au coeur d'une vive polémique en Belgique après avoir été accusé d'avoir lancé "Retourne au Maroc" à une parlementaire socialiste en pleine séance plénière de la Chambre des représentants jeudi.
"La phrase qui enflamme la Chambre", titre vendredi le journal francophone Le Soir, évoquant une "minute infernale" lors du débat sur le sort des quelque 2.000 salariés bientôt licenciés de l'usine Caterpillar de Charleroi.
Luk Van Biesen, 56 ans, membre du parti libéral flamand Open VLD, député depuis 12 ans et jusqu'ici inconnu du grand public, est au coeur de la polémique.
L'incident s'est produit alors que la députée socialiste flamande Meryame Kitir, 36 ans, ancienne syndicaliste et ouvrière de l'usine Ford de Genk, fermée en 2014, venait d'interroger à la tribune le Premier ministre, le libéral francophone Charles Michel, sur sa politique vis-à-vis des salariés de Caterpillar.
Mme Kitir, née en Belgique de parents marocains, explique que Luk Van Biesen lui a lancé "Si vous n'êtes pas contente, retournez au Maroc" alors qu'elle rejoignait sa place.
L'écologiste Kristof Calvo a dénoncé immédiatement les mots du député libéral dans une intervention qui a suscité un vif émoi.
Problème: le président de la Chambre et d'autres députés n'ont rien entendu et les enregistrements de la séance ne permettent pas de trancher.
Luk Van Biesen a expliqué plus tard qu'il avait été mal compris. "J'ai dit que les gens de Caterpillar sont très productifs, et que quelle que soit leur nationalité, ils retrouveront un emploi", a-t-il plaidé, en reconnaissant avoir dit "une grosse bêtise" en prononçant le mot "Maroc".
"Si j'entends bien son raisonnement, il ne parlait pas de moi, mais des gens de Caterpillar. C'est encore plus grave. Que des gens qui travaillent ici depuis 30 ans, qui perdent leur emploi, doivent entendre de la part d'un parlementaire: +Retournez dans votre pays+, c'est inapproprié", a répliqué vendredi Mme Kitir sur une radio.
La présidente des libéraux flamands, Gwendolyn Rutten, n'est pas plus tendre. "Ce qui a précisément été dit demeure flou. Ses explications ne correspondent pas à ce que l'on peut attendre d'un député libéral. Des déclarations sur les travailleurs de Caterpillar et une association incompréhensible avec le Maroc (...) sont de toute façon inacceptables", a déclaré Mme Rutten, sans toutefois annoncer de sanctions à l'encontre de M. Van Biesen.