Youssef Fakhr, alias le cow-boy,avait des relations avec les services de renseignements israéliens et américains mais aussi avec l’opposition syrienne.
Youssef Fakhr, alias le cow-boy, ancien responsable militaire du PSP, installé depuis 1987 aux États-Unis, a été arrêté à Beyrouth le 1er août dernier pour implication dans l'affaire des menaces de mort dont a fait récemment l'objet le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt.
Une affaire qui fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours, en raison des informations révélées par Fakhr , ainsi que certains détails du complot qui visait l'avenir du Liban et que l’ensemble des médias libanais ont diffusé.
Selon le quotidien libanais asSafir, citant des sources proches de l'enquête menée par le juge d'instruction militaire Riad Abou Ghida, Youssef Fakhr avait des relations avec les services de renseignements israéliens et américains mais aussi avec l’opposition syrienne.
Un parcours diabolique
Au cours de son exil, Fakhr est directement entré en contact avec le Mossad israélien.
Sa relation avec l'ennemi ne s’effectuait pas via un officier subalterne, Fakhr a choisi d'ouvrir une ligne militaire, soit le conseiller du Premier ministre israélien chargé des dossiers de soutien à l'opposition syrienne: il s’agit de Munther al-Safadi, connu sous le nom «Mandi Safadi», un israélien d’origine syrienne.
Ce dernier a demandé à Fakhr de recruter des personnes au profit du Mossad , de soutenir les groupes terroristes en Syrie, et de prendre le contrôle des routes libanaises et internationales afin de les approvisionner en armes et munitions!
Bref, le Mossad a assigné de nombreuses missions au dénommé cow-boy , sauf que l'assassinat de Walid Joumblatt restait sa priorité . Il était clair que l'homme voulait se venger du chef de son ancien parti et de toutes les personnes proches de lui , notamment un membre du conseil de direction du parti Nashaat Abou Karroum.
Pour ce faire, Fakhr a repris contact avec Mohannad Moussa (ce dernier travaille avec l'opposition syrienne et réside actuellement en Turquie, Fakhr n'a pas révélé son appartenance politique au cours des enquêtes) . Une amitié s’était formée entre les deux hommes à l’époque où Moussa était un élément du renseignement syrien au cours de la tutelle syrienne au Liban et proche du chef de la sécurité et des renseignements, le général Ghazi Kanaan ( qui s'est suicidé en 2005).
Or, quand les deux hommes se sont rencontrés au début de 2016, Moussa a révélé à Fakhr qu’il entretenait de bonnes relations avec Moudhir Waribal et Rifaat Al-Assad, ajoutant que Waribal réside en dehors de la Syrie et a de bonnes relations avec les Américains, voire il risque de jouer un rôle en Syrie surtout que le président syrien Bachar al-Assad «ne restera pas au pouvoir».
Pour ce qui est de Moudhir, il est en Syrie et c’est un proche du président syrien, d’après les dires de Moussa . Or, ce dernier a conseillé Fakhr de rentrer en contact avec les deux hommes pour être toujours gagnant dans tout développement qui risque de surgir en Syrie (faisant allusion que Moudhir est un double agent).
Mais encore, Fakhr a révélé que Moussa lui a assuré que « Walid Joumblatt ne sera bientôt plus en vie, puisqu'il sera assassiné avant novembre 2016 ». À quoi Fakhr aurait répondu : « Vous voulez le liquider, faites-le donc.»
Une tentative du détenu de se décharger de toute responsabilité de complot contre Joumblatt.
Les mêmes sources indiquent que le prévenu a affirmé au juge d'instruction que Joumblatt « n'est pas dans les grâces des Syriens et (que) les Russes l'ont abandonné ».
Or, au cours, de son interrogatoire devant le juge Abou Ghida, le dénommé cow-boy s’est vu forcer d’avouer son intention d’assassiner Joumblatt, quand on lui a montré ses messages sur internet qu’il avait envoyé à Moussa . Dans l’un de ses messages , il écrit : « un jour, je me vengerai de ceux qui ont causé mon exil du Liban et qui m’ont forcé à rester 30 ans à l'étranger. »
Il a précisé qu'il entendait par vengeance, Walid Joumblatt.
Un complot à l’échelle régionale
Toujours selon asSafir, les sources indiquent que Fakhr aurait également fait la connaissance, en 1997, à Los Angeles, de Naji Najjar, un ancien responsable des Forces libanaises dans la région de Zahlé, avec lequel il se serait entretenu à travers Facebook sur la situation en Syrie et sur le sort qui y est réservé aux druzes.
Le détenu aurait révélé que le même Najjar l'a mis en contact avec le FBI et que des pourparlers ont eu lieu pour déboucher sur une entente sur la nécessité de créer des organisations armées formées d'éléments de la communauté druze qui échappent au giron de Walid Joumblatt .
En l'an 2012, Fakhr atterrit à l'aéroport de Beyrouth et commence à contacter certains éléments du parti socialiste afin de les convaincre d'adhérer à ses groupes.
Il avait divers objectifs :
Défendre les zones druzes contre toute attaque, en particulier contre le Hezbollah,
Contrôler la route de Damas- Beyrouth , la route de Rachaya -Ein Atta et les villages druzes bordant le mont Jabal Cheikh de la zone de Yanta jusquà Kafarqouq et Ein-Atta.
Protéger le dos des hommes armés syriens qui sont déployés dans la partie syrienne du Jabla Cheikh
Fournir à ces hommes armés syriens des combattants et des armes venant de l'intérieur du Liban, et leur assurer un passage sûr pour se déplacer du sud-ouest de la Syrie vers l'ouest avec toutes leurs armes et tous leurs équipements militaires.
Pour pouvoir réaliser ses objectifs, le cow-boy a contacté un officier syrien déserteur Riad al-Asaad et que Najjar lui avait conseillé.
Les deux hommes communiquaient via «Skype» et ont coordonné ensemble les étapes opérationnelles. Sauf que , compte tenu de l'accélération des événements en Syrie et le déploiement du Hezbollah à la frontière syrienne ont saboté toute l’opération .
Dernier point : le détenu a par ailleurs avoué que Najjar l'a mis en contact avec Mandi Safadi via Skype.
Les deux hommes auraient notamment discuté sur les moyens d'assurer aux druzes présents sur la frontière syro-israélienne les moyens militaires de les protéger contre les attaques du Front al-Nosra et de l'État islamique.