L’attaque contre le convoi humanitaire est survenue au moment du lancement de l’attaque contre Alep, dans la province sud.Voire vidéo
Pour le ministère russe de la Défense, le présumé raid qui a visé un convoi humanitaire en provenance de l’ONU et du Croissant-rouge syrien dans la province septentrionale d'Alep, n’a rien d’une frappe aérienne.
Selon lui, c’est un incendie qui aurait ravagé les 18 des 31 camions du convoi, ainsi que l'entrepôt du Croissant-Rouge syrien dans Orum al-Koubra. L’origine de ce feu qui a fait 21 morts, dont le directeur de la branche locale du Croissant-Rouge syrien, Omar Barakat, et environ vingt civils, n’a toutefois pas été précisé.
Pas de cratères de l'explosion
Pour avancer de telles conclusions, indique le media russe RT, le ministre russe s’est basé sur l’étude des vidéos tournées par les militants de l’ONG Casques blancs. Les militaires russes y ont constaté que tous les dommages causés aux véhicules du convoi ont été provoqués par «l’incendie de la cargaison» qui s’est déclaré au moment de l’offensive lancée à grande échelle par le Front al-Nosra et la Coalition Jaïsh al-Fateh, dans le sud-est d’Alep et contre des quartiers résidentiels à grand renfort de chars, missiles et mortiers.
Seuls les «représentants de l’organisation Casques blancs, proches du Front Al-Nosra, qui se sont comme d’habitude retrouvés par hasard sur place avec des caméras» sont en mesure de dire qui est à l’origine de cet incendie et quel en est le but, estime le ministère russe de la Défense. Non sans suspicion.
Toujours selon RT, le centre russe pour la réconciliation a utilisé des drones pour suivre le convoi parce que la route passait pas des lieux contrôlés par les rebelles, mais seulement jusqu’à un point déterminé. Au-delà de cet endroit, «la partie russe n’a pas surveillé le convoi et seuls les combattants qui contrôlent la région étaient au courant de ses mouvements», précise la Défense russe.
« Nous avons attentivement examiné les enregistrements livrés par des soi-disant "militants" depuis les lieux de l'incident et nous n'avons détecté aucun signe de frappe de quelconque munitions contre le convoi. Il n'y avait pas de cratères d'explosion, les véhicules ne présentaient pas de traces d'endommagement causé par une onde explosive. Tout ce que nous voyons dans cette vidéo est une conséquence directe d'un incendie qui a étrangement coïncidé avec le début de l'offensive des djihadistes sur Alep », a en outre fait savoir M. Konachenkov.
Dans la soirée de ce mardi, le ministère de la Défense russe a diffusé les images d'un drone qui démontrent que des miliciens takfiristes s'étaient joints du convoi humanitaire, au volant d'un pick-up, transportant aussi un mortier.
Selon RT, à l'appui de son analyse, le ministère a mis en ligne les images tournées par un drone russe. On peut constater sur la vidéo la présence d'un véhicule tractant une arme lourde qui remonte la colonne des poids lourds, ces derniers étant identifiés en rouge.
La thèse du raid, sans aucune suspicion
Mais c’est la thèse du raid aérien qui a été relayée par les médias occidentaux, sans soulever aucune interrogation. Alors que les Américains et lés medias de l’opposition syrienne ont sauté sur l’occasion pour accuser la Russie et Damas.
Ce que cette dernière a totalement nié : "Il n'existe aucune vérité dans les informations de presse selon lesquelles l'armée syrienne a pris pour cible un convoi d'aide humanitaire dans la province d'Alep", affirme une source militaire citée par l'agence.
Les autorités syriennes étaient réticentes quant à la livraison de l’aide en provenance de la Turquie, de crainte qu’elle ne comporte des armements destinés aux miliciens, et non celle de l’ONU et encore moins du Croissant-rouge syrien, toujours accrédité par Damas.
Ni l'aviation russe, ni l'aviation syrienne n'ont mené le raid aérien ayant frappé le convoi humanitaire, a affirmé mardi le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense cité par les agences russes.
«Les Etats-Unis soulèveront cette question directement avec la Russie. Compte tenu de la violation flagrante du cessez-le-feu, nous réévaluerons les perspectives de la coopération avec la Russie», a indiqué John Kirby.
L'attaque, après avoir déchargé les camion
Selon le porte-parole de l’ONU, cité par l’AFP, toutes les parties au conflit avaient été informées de ce convoi et toutes les autorisations et garanties nécessaires avaient été obtenues par l'ONU
Des photos du convoi publiées avant le raid sur Twitter par le Croissant-Rouge syrien montrent que de grands drapeaux bleus de l'Unicef étaient fixés sur certains des camions.
L’attaque a eu lieu vers 20h15 (17h15GMT), après que le personnel humanitaire et les bénévoles de la branche d'Alep du Croissant-Rouge arabe syrien ont déchargé l'aide des camions, selon la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
L'ONU a suspendu mardi tous ses convois humanitaires en Syrie en attendant une nouvelle évaluation de la situation sécuritaire.
Contrairement aux Nations unies, la Croix-Rouge assure qu'elle ne va pas geler ses activités de distribution d'aide en Syrie.