Selon le site Middle East online, le président du conseil des Oulémas en Arabie saoudite, cheikh Saleh Lahidan a villipendé le roi Abdallah pour sa décision d’accorder aux Saoudiennes le droit de vote et d’éligibilité..
Dans son éditorial du Samedi, le quotidien britannique The Guardian s’est interrogé sur la capacité de l’Arabie saoudite à résister face au vent du Printemps arabe !
Evoquant le totalitarisme de la monarchie saoudienne dans son entêtement à vouloir tout contrôler dans le pays, The Guardian a estimé que « le retour étonnant du président yéménite Ali Abdallah Saleh à son pays, après un long séjour de rétablissement en Arabie Saoudite et l'assassinat d'Anwar al-Awlaki aura certainement des répercussions sur le Printemps arabe, en particulier l'Arabie saoudite ».
Le quotidien a souligné, selon des sources bien informées, que « les Saoudiens gèrent les régimes monarchiques de la région, en s’opposant à tout changement politique directement ou indirectement. Ils ont soutenu les dictateurs en Tunisie et en Egypte jusqu'à la dernière minute, ils ont offert à la Jordanie 1,4 milliards de dollars pour soutenir le régime monarchique, ils ont adhéré la Jordanie et le Maroc au Conseil de coopération du Golfe ».
Sans oublier « l’entrée des forces saoudiennes, sous couvert du CCG à Bahreïn pour réprimer le mouvement de protestation, dominé par les chiites ».
Le quotidien poursuit qu’ « il est insensé d'imaginer que l'Arabie saoudite puisse s’immuniser contre le Printemps arabe qui a déjà renversé trois dictateurs, mais c’est justement ce que ce pays s’acharne à réaliser »!
Ajoutant que « l'Arabie saoudite sera l'un des pays arabes qui sera certainement touché, à cause de ce qui se passe chez son voisin du sud : le Yémen… » !
Ainsi, «Le roi Abdallah bin Abdul Aziz, âgé de 87 ans, a pris deux décisions cette semaine dans une tentative pour montrer son ouverture à un certain libéralisme : il a annulé la peine de flagellation d’une femme à dix coups de fouets pour avoir enfreint la loi d’interdiction de conduire, aussi il a signé un ordre royal autorisant les femmes à participer aux élections du conseil de la Choura et aux municipales en 2015», écrit le quotidien.
Toutefois, souligne le journal, « aucune de ces résolutions n’aura l’impact désiré, car elles ne sont que des ondulations sur la surface, sachant que depuis toujours, la moitié du conseil de la Choura n’est pas élue ; pis encore, le conseil de la Choura ne jouit d’aucune véritable autorité, car tous les postes-clés sont entre les mains de la famille royale ».
Et de conclure : «Les Saoudiens, qu'il s’agisse de femmes conduisant des voitures, ou toute autre personne aspirant à plus de liberté, sont partie intégrante de la région et donc ils observent ce qui se passe autour d'eux , et attendent..».
Par ailleurs, selon le site Middle East online, le président du conseil des Oulémas en Arabie saoudite, cheikh Saleh Lahidan a critiqué le roi Abdallah pour sa décision d'accorder aux Saoudiennes le droit de vote et d'éligibilité aux conseils municipaux et au Conseil de la Choura.
«Cheikh Lahidan a nié dans une interview à la chaîne satellitaire alMajd, avoir été mis au courant de la décision du roi Abdallah avant sa publication, indiquant qu’il aurait souhaité que le monarque n’ait pas prétendu avoir consulter le conseil des oulémas ou certains d’entre eux , écrit le site » !
Cheikh Lahidan a ajouté « que le roi aurait dû déclarer que cette décision reflétait son opinion, et non l’attribuer au conseil des Oulémas ou à l’un de ses membres».
Et de rappeler qu’ « en tant le plus ancien membre du conseil de la Choura, j' aurait dû être consulté par le roi pour ses nouvelles orientations, et non prendre de telles décisions sans nous consulter » !
Le président du conseil de la Choura a déclaré qu’il s’opposait à l'élection des membres du Conseil de la Choura car cela « met en cause la compétence sacrée du roi à la wilayat », ajoutant que « la Choura est exclusivement une prérogative du roi, elle n’a pas à être soumis au peuple ».
Et de souligner que «par définition, le Wali ne consulte pas, car les consultants n’ont pas le droit d’imposer leur opinion, et donc si le Wali a besoin de consulter, cela signifie qu’il n’est pas qualifié pour diriger l'Etat ».
Cela dit, selon les observateurs, les déclarations du président du Conseil des Oulémas reflète le début d’une nouvelle phase dans les relations entre l'establishment religieux saoudien et l'autorité royale, placée sous le signe de la discorde.
Les observateurs s'attendent à ce que le palais royale réagisse aux critiques du cheikh Lahidan, par une série de décisions visant à renverser les symboles de l'establishment religieux et mettre fin à son influence dans l'ensemble de l'État et la société.
Toujours selon le site Middle East Online, « un ressentiment grandissant règne parmi les juges islamistes à l’égard des décisions du roi Abdallah concernant les femmes ».
Or, c’est surtout l’annulation de la peine de flagellation d’une femme qui a conduit une voiture accompagné de son frère, qui a fait trembler le clergé saoudien au point de provoquer la polémique en son sein malgré les tentatives du roi Abdallah à le rassurer.