Boston, Chicago, Baltimore, Los Angeles, Philadelphie, Tampa ou encore Saint Louis se ralliés au mouvement de la contestation. "Mettez fin aux guerres, taxez les riches", scandaient les manifestants.
Des milliers d'"indignés" de Wall Street, protestant contre les inégalités économiques, ont rallié mercredi le coeur de la capitale financière des Etats-Unis, alors que des infirmiers, des travailleurs intérimaires et des syndicalistes ont gonflé leurs rangs.
"Occupons Wall Street tous les jours, toute la semaine", scandaient les manifestants qui étaient 5000 selon des sources policières, et jusqu'à 12.000 selon des sources syndicales.
"Mettez fin aux guerres, taxez les riches", ajoutaient les protestataires massés sur Foley square, siège de plusieurs tribunaux new-yorkais. Ils n'avaient jamais été aussi nombreux depuis le début de la mobilisation le mois dernier par le collectif "Occupons Wall Street".
Des dizaines de protestataires ont toutefois été arrêtés à New York, principalement après des échauffourées avec la police.
Le réalisateur Michael Moore était au milieu de la foule à New York. "Partout où vous allez dans ce pays, vous voyez le mouvement Occupy Wall Street", explique-t-il.
"Lors des premiers jours, les gens critiquaient (le mouvement), disant que ce n'était qu'une bande de hippies. Mais l'Américain moyen qui a perdu sa protection médicale, qui est sur le point de perdre son boulot, dont la maison est en forclusion, peut être tenté de joindre le mouvement", a estimé Michael Moore.
Les contestataires protestent notamment contre le plan de sauvetage dont a bénéficié Wall Street en 2008, qui a permis aux banques américaines d'enregistrer des profits considérables, alors que l’Américain moyen affrontait le chômage, recevant peu de soutiens de Washington.
Depuis le rassemblement initial du 17 septembre, les "indignés" de Wall Street continuent de convaincre des Américains et leur mouvement a trouvé des partisans à Baltimore, Los Angeles, Philadelphie, Tampa ou encore Saint Louis.
"Je suis une mère. Je veux un meilleur monde pour mes enfants", indique Lisa Clapier, âgée de 46 ans et productrice en Californie, qui a rejoint les protestataires à Los Angeles.
A Seattle, où les protestataires ont monté des tentes dans un parc de la ville, une vingtaine de personnes ont été arrêtées pour avoir empêché les policiers de défaire leur camp.
"Les flics font leur boulot, et nous allons les laisser faire leur boulot. Mais nous reviendrons et nous occuperons à nouveau le parc", promet Michael Trimarco, charpentier de 39 ans actuellement au chômage.
A San Francisco, une foule estimée à plusieurs centaines de personnes a défilé dans le quartier financier, scandant "Join our ranks, stop the banks" (rejoignez nos rangs, arrêtez les banques).
"Ce n'est que le début du mouvement" promet Sidney Gillette, infirmière à Oakland.
Jeudi, un rassemblement est prévu dans la capitale fédérale, Washington.
Les syndicats rallient le mouvement de contestation
Pour la première fois, des organisations syndicales s'étaient jointes au mouvement, groupes d'infirmières, d'enseignants, ou de personnels du transport notamment.
"Nous sommes les indignés de New York, les indignés de l'Amérique, les indignés du monde", a lancé Hector Figueroa, du Syndicat des employés des services (SEU), en écho au mouvement de protestation qui s'est emparé ces derniers mois de plusieurs pays européens.
Sarah, une secrétaire qui refuse de donner son nom, a pris deux jours de congé pour être là. Et ce soir, elle dormira par solidarité au square Zuccotti, où campent depuis trois semaines les indignés d'"Occupons Wall Street".
"J'ai 34 ans, dit-elle. Je travaille et je n'ai rien. Pas d'économies. Pas de maison. Et pourtant j'ai fait des études. Pour notre génération, plus rien ne semble possible", ajoute-t-elle en dénonçant les profits des grandes entreprises et en montrant sa modeste pancarte "Quelque chose ne va pas". Elle se dit déçue par le président Obama, qui "a fait trop de compromis". Il faut qu'il "reconnaisse ce qui se passe ici" ajoute-t-elle.
Le soutien des syndicats la ravit. "Je suis reconnaissante, ils renforcent le mouvement", dit-elle.
Plus loin dans la foule, Jose Martin, 29 ans, qui se dit "militant anticapitaliste", "chômeur ou sous-employé selon les mois", se réjouit aussi du succès de la manifestation. Il a dormi plusieurs fois au square Zuccotti. "Au début j'étais très sceptique", dit-il. "Ils n'avaient pas d'idéologie, pas d'agenda, ils étaient désorganisés et ne demandaient rien. Mais il y a une vraie énergie", ajoute-t-il, en voulant croire que ce n'est qu'un début.
"Ils parlent pour la vaste majorité des Américains frustrés par les banquiers et les courtiers qui en ont profité, sur le dos de ceux qui travaillent dur", a déclaré mercredi Larry Hanley, président du syndicat des transports "Amalgamated Transit Union", qui compte quelque 20.000 membres dans la région de New York.